Le Chili : luttes sociales et processus constituant

Le mou­ve­ment étu­diant chi­lien reven­dique la gra­tui­té en tant que droit social uni­ver­sel garan­ti par l’État et consa­cré par la Consti­tu­tion. La mobi­li­sa­tion des étu­diants est donc liée à la reven­di­ca­tion pour le chan­ge­ment de Constitution.

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Ser­gio Grez, pro­fes­seur d’histoire à l’Université du Chi­li (San­tia­go)

Pour le jour­nal soli­da­ri­téS, Giu­lia Willig s’est entre­te­nu avec Ser­gio Grez, pro­fes­seur d’histoire à l’Université du Chi­li (San­tia­go) et Franck Gau­di­chaud, maître de confé­rences en civi­li­sa­tion lati­no-amé­ri­caine à l’Université de Gre­noble (et actuel­le­ment cher­cheur invi­té à l’Université du Chi­li), sur la situa­tion poli­tique et sociale de ce pays, dans la fou­lée du grand mou­ve­ment étu­diant de 2011.

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Où en est le mou­ve­ment étu­diant chi­lien aujourd’hui ?

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Cami­la Val­le­jo (PC) élue au parlement

Franck Gau­di­chaud : his­to­ri­que­ment, le mou­ve­ment étu­diant et des élèves du secon­daire a tou­jours été un acteur social très impor­tant au Chi­li, y com­pris contre la dic­ta­ture. En démo­cra­tie « néo­li­bé­rale », il y a eu une recom­po­si­tion des luttes étu­diantes, le point culmi­nant étant l’année 2011 avec une mobi­li­sa­tion mas­sive autour des reven­di­ca­tions pour une édu­ca­tion gra­tuite, publique et de qua­li­té. Aujourd’hui, le mou­ve­ment est de nou­veau en lutte, très actif, avec des occu­pa­tions de lycées et d’universités, après avoir ‑un temps- eu peu de mal à affron­ter le nou­veau scé­na­rio poli­tique avec l’élection de Bache­let, qui a récu­pé­ré en par­tie cer­taines grandes reven­di­ca­tions, par exemple sur la réforme de l’éducation, mais en les inté­grant, de mon point de vue, dans une pers­pec­tive sociale-libé­rale qui ne rompt abso­lu­ment pas avec la démo­cra­tie néo­li­bé­rale construite en 1990. Après les luttes de 2011 – 2012, très mas­sives et radi­cales, qui ont fait trem­bler tout le sys­tème poli­tique, l’année der­nière a été une phase d’ajustement, puisque la CONFECH (confé­dé­ra­tion des syn­di­cats étu­diants) a dû affron­ter un scé­na­rio dans lequel le gou­ver­ne­ment pro­po­sait « par en haut » des réformes et non plus le mou­ve­ment. La direc­tion du mou­ve­ment étu­diant est en par­tie tom­bée dans le piège du « dia­logue » ten­du par le minis­tère de l’éducation. D’autre part, cer­tains lea­ders du mou­ve­ment étu­diant de 2011, comme Cami­la Val­le­jo (PC) par exemple, sont au par­le­ment et/ou dans la coa­li­tion gou­ver­ne­men­tale. Cette année, on voit que les syn­di­cats étu­diants ont repris du tonus, avec une dyna­mique de lutte et des orien­ta­tions plus claires, et depuis le mois de mai des mani­fes­ta­tions mas­sives de plus de cent mille personnes…

Un autre élé­ment inté­res­sant, c’est que depuis que cer­tains lea­ders de 2011 ont été inté­grés au par­le­ment et/ou à l’exécutif, ce sont des forces poli­tiques à la gauche du Par­ti com­mu­niste qui dominent la CONFECH, donc indé­pen­dantes de la coa­li­tion gou­ver­ne­men­tale. Par­mi elle, la Gauche auto­nome (Izquier­da auto­no­ma), le Front des étu­diants liber­taires (FEL), l’Union natio­nale étu­diante (UNE) ou encore de petites orga­ni­sa­tions révo­lu­tion­naires. C’est donc la gauche de la gauche qui a du poids au sein de la CONFECH, ce qui peut annon­cer une année d’affrontements plus directs avec Bache­let et ses réformes. Cela dit, il y a des limites à cette appa­rente « radi­ca­li­té » : en termes poli­tiques tout d’abord, mais aus­si en termes de repré­sen­ta­ti­vi­té puisque le taux d’abstention lors des vota­tions étu­diantes est très éle­vé, autour de 60 %.

Ser­gio Grez : le mou­ve­ment étu­diant chi­lien pour une édu­ca­tion publique, gra­tuite et de qua­li­té pour toutes et tous connaît, comme tous les mou­ve­ments sociaux, des avan­cées et des reculs. Après la fin 2011, il a vécu un cer­tain reflux, dû aux résul­tats des mobi­li­sa­tions de cette année. Il a eu la sen­sa­tion de ne rien avoir obte­nu comme résul­tat concret. Néan­moins, le mou­ve­ment a conti­nué avec pas mal de force en 2012. L’année 2013 a été calme, en bonne par­tie parce que c’était une année élec­to­rale, ce qui est géné­ra­le­ment peu pro­pice aux mou­ve­ments sociaux. Puis en 2014, Bache­let est arri­vée au gou­ver­ne­ment pour la deuxième fois avec, il faut le sou­li­gner, seule­ment 25 % des voix poten­tielles, puisque le taux d’abstention a atteint 60 %. La nou­velle coa­li­tion au pou­voir, l’ancienne Concer­ta­ción tra­ves­tie en « Nou­velle Majo­ri­té » (Nue­va Mayoría) à laquelle s’est inté­grée le Par­ti com­mu­niste (PC), a repris, avec pas mal de four­be­ries, cer­tains mots d’ordre du mou­ve­ment étu­diant, ce qui a nour­ri des espoirs au sein du mou­ve­ment social, a for­tio­ri depuis l’intégration du PC.

L’année 2014 a été mar­quée par des mobi­li­sa­tions assez faibles et par le dia­logue avec le ministre de l’éducation de l’époque, Nico­las Eyza­guirre. Ancien mili­tant du PC, membre du PPD (Par­ti pour la démo­cra­tie), c’est un éco­no­miste assez renom­mé de ten­dance néo­li­bé­rale, ancien haut fonc­tion­naire du FMI ; il a éga­le­ment occu­pé un poste impor­tant à Canal 13, l’une des prin­ci­pales chaînes de télé­vi­sion qui appar­tient au groupe Luk­sic (pre­mière for­tune chilienne).

Si l’arrivée au pou­voir de Bache­let, et d’Eyzaguirre à l’éducation, a sans doute don­né un souffle au mou­ve­ment étu­diant, il s’est à mon avis retrou­vé pris au piège d’un dia­logue de sourds. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de mobi­li­sa­tions, mais qu’elles ont été peu nom­breuses et rela­ti­ve­ment faibles. Le mou­ve­ment étu­diant n’a pra­ti­que­ment rien obte­nu en 2014, sauf une déro­ga­tion à un décret qui ren­dait l’organisation des étu­diants plus dif­fi­cile. C’est la seule conquête de l’année pré­cé­dente. L’année 2015 s’annonce meilleure : plu­sieurs grandes mobi­li­sa­tions ont déjà eu lieu depuis le mois d’avril, mani­fes­ta­tions aux­quelles se sont joints d’autres citoyens, pro­fi­tant de cette conjonc­ture pour mani­fes­ter leur désac­cord fon­da­men­tal avec la poli­tique du gou­ver­ne­ment. Le 21 mai der­nier, Bache­let tenait un dis­cours pré­si­den­tiel devant le Congrès à Val­pa­rai­so, alors qu’une mobi­li­sa­tion mas­sive se dérou­lait dans les rues, confron­tée à une répres­sion par­ti­cu­liè­re­ment forte. Une jeune fille a été griè­ve­ment bles­sée, tan­dis qu’un autre mani­fes­tant se trouve aujourd’hui encore dans le coma. Cela n’est pas sans rap­pe­ler la répres­sion poli­cière du gou­ver­ne­ment de droite de Piñe­ra, mais aus­si celle du pre­mier gou­ver­ne­ment Bache­let contre le mou­ve­ment des « pin­gouins » de 2011 (mou­ve­ment des étu­diants du secon­daire). Le mou­ve­ment étu­diant com­mence donc à se réveiller, plu­sieurs facul­tés sont en grève et les mobi­li­sa­tions se suc­cèdent. Je pense que le mou­ve­ment étu­diant va don­ner le ton cette année, puisqu’il refuse la réforme de l’éducation pro­po­sée par le gou­ver­ne­ment. Il refuse que la gra­tui­té soit obte­nue par le biais des bourses, comme le veut le gou­ver­ne­ment. Il reven­dique la gra­tui­té en tant que droit social uni­ver­sel garan­ti par l’État et consa­cré par la Consti­tu­tion. La mobi­li­sa­tion des étudiant·e·s est donc intrin­sè­que­ment liée à la reven­di­ca­tion pour le chan­ge­ment de Constitution.

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La mobi­li­sa­tion des étudiant·e·s est donc intrin­sè­que­ment liée à la reven­di­ca­tion pour le chan­ge­ment de Constitution.

Aujourd’hui, le mou­ve­ment étu­diant porte des reven­di­ca­tions plus larges que celles qui touchent à l’éducation…

FG : il n’y a pas vrai­ment de rup­ture entre 2011 et aujourd’hui : les étu­diants conti­nuent de reven­di­quer une édu­ca­tion publique gra­tuite et de qua­li­té, ce qui revient aus­si à ques­tion­ner la réforme Bache­let qui ne remet pas en cause le mar­ché de l’éducation, mais seule­ment compte intro­duire de la gra­tui­té pour les étu­diants (dans un pre­mier pour 70% d’entre eux) en le sub­ven­tion­nant encore plus largement.

Les reven­di­ca­tions actuelles appro­fon­dissent aus­si ce qui a été ten­té en 2011 : lier leurs demandes concrètes à l’ensemble de la socié­té, en défen­dant par exemple la natio­na­li­sa­tion des res­sources natu­relles et du cuivre, ou encore une réforme fis­cale redis­tri­bu­trice, bien loin de celle pré­co­ni­sée par Michelle Bache­let, qui épargne la plu­part des grands patrons. C’est pour cette rai­son qu’ils appellent à une uni­fi­ca­tion les luttes sociales et popu­laires. Il y a une ten­ta­tive encore timide en ce sens au sein de la Pla­te­forme pour l’éducation (Mesa por la edu­ca­ción), afin d’essayer d’obtenir le sou­tien des tra­vailleurs ou des pobla­dores (mou­ve­ment des pauvres des villes). C’est un pro­ces­sus inté­res­sant, même si l’on voit que c’est encore dif­fi­cile à mettre en place. Il est impor­tant de voir aus­si la pré­sence des pro­fes­seurs et leurs reven­di­ca­tions dans les mani­fes­ta­tions : ces der­nières semaines, ce sont d’ailleurs — les profs — qui mènent une bataille exem­plaire contre les pro­jets de réforme de la car­rière et du sta­tut des ensei­gnants, avec grèves et mani­fes­ta­tions. Il faut rap­pe­ler que nous sommes dans un contexte où la CUT, la prin­ci­pale cen­trale syn­di­cale, est domi­née par la démo­cra­tie chré­tienne (DC) et le PC, tout comme la direc­tion du col­lège des Pro­fes­seurs, qui n’ont aucun inté­rêt à créer des dif­fi­cul­tés à « leur » gou­ver­ne­ment. Les fai­blesses ou la dis­per­sion du mou­ve­ment syn­di­cal des tra­vailleurs se réper­cutent aus­si sur les pos­si­bi­li­tés de créer un arc de forces plus large, de « classe ». Néan­moins, il y a dans le mou­ve­ment syn­di­cal des sec­teurs de rup­ture, « lutte de classe », qui se déve­loppent, notam­ment récem­ment les Unions por­tuaires, et qui appellent clai­re­ment à dyna­mi­ser les conflits tra­vail-capi­tal, tout en sou­te­nant un chan­ge­ment du modèle d’éducation, les appels à la natio­na­li­sa­tion des res­sources natu­relles, la fin des retraites domi­nées par les fonds de pen­sion, le droit à l’autodétermination du peuple Mapuche, etc. La demande qui pour­rait fédé­rer en par­tie tous ces sec­teurs est la reven­di­ca­tion d’une Assem­blée consti­tuante, popu­laire et démo­cra­tique… mais la route est encore longue.

SG : depuis 2011, le mou­ve­ment étu­diant est par­ve­nu à por­ter en avant le thème de l’éducation, ce qui est déjà une grande avan­cée. Jusqu’au début de l’année 2011, per­sonne au Chi­li n’osait trai­ter de l’éducation comme d’un sujet poli­tique essen­tiel. Grâce à la mobi­li­sa­tion, en quelques mois, cette situa­tion s’est pro­fon­dé­ment modi­fiée. Aujourd’hui, tout le monde, de l’extrême gauche à l’extrême droite, est d’accord pour dire qu’il s’agit d’un thème fon­da­men­tal. En même temps, le mou­ve­ment étu­diant est par­ve­nu à faire émer­ger d’autres ques­tions à pro­pos de la ques­tion du finan­ce­ment de l’éducation. Ils ont avan­cé des pro­po­si­tions très concrètes et éla­bo­rées de manière sérieuse, en par­ti­cu­lier le pro­jet de réforme fis­cale et de natio­na­li­sa­tion du cuivre. Cer­tains sec­teurs en sont arri­vés aujourd’hui à reven­di­quer une Assem­blée consti­tuante. Cela dit, d’un point de vue pra­tique, il faut recon­naître que depuis 2011 il n’y a pas eu d’avancées notoires dans la construc­tion de liens entre mou­ve­ments sociaux. Il y a eu des ten­ta­tives faites par le mou­ve­ment étu­diant pour aller vers d’autres mou­ve­ments sociaux, par exemple les Mapuches, le mou­ve­ment des ensei­gnants, évi­dem­ment, et par­fois avec cer­taines luttes de tra­vailleurs, par exemple avec ceux des ports. Mais à mon avis, ces rela­tions sont encore faibles, il n’y a pas de liens stables, orga­niques et per­ma­nents entre ces mou­ve­ments sociaux : c’est quelque chose qui doit encore être développé.

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Les Mapuches (lit­té­ra­le­ment « Peuple de la terre » en mapu­dun­gun) peuple autoch­tone du Chi­li et d’Argentine

Quels sont les autres mou­ve­ments sociaux ?

SG : Par­mi les mou­ve­ments les plus impor­tants actuel­le­ment, il y a d’abord celui des Mapuches, qui n’est pas stric­te­ment social puisqu’il com­porte une reven­di­ca­tion poli­tique natio­nale, pour l’autonomie et la recon­quête de cer­tains droits qui leur ont été niés, en par­ti­cu­lier le droit à la terre et les droits poli­tiques. Il y a aus­si un mou­ve­ment assez fort contre le cen­tra­lisme de l’Etat. Le mou­ve­ment des tra­vailleurs des ports est très inté­res­sant. Au Chi­li, la mer a été pri­va­ti­sée, elle appar­tient à sept grands groupes éco­no­miques, tan­dis qu’on n’a lais­sé que des petites por­tions du lit­to­ral aux pêcheurs arti­sa­naux. Le mou­ve­ment s’est orga­ni­sé depuis quelques années autour des Unions por­tuaires, qui n’ont pas de sta­tut légal mais regroupent des syn­di­cats qui en ont un. Elles ont mené des grèves et mobi­li­sa­tions très impor­tantes en 2014. C’est un mou­ve­ment remar­quable, car d’un point de vue poli­tique, il est par­ve­nu à mena­cer les inté­rêts des grands expor­ta­teurs (fruits, bois). Mais aus­si parce qu’il est par­ve­nu à mobi­li­ser les tra­vailleurs tout au long des côtes, en soli­da­ri­té avec tra­vailleurs du port de Mejillones, qui deman­daient à dis­po­ser d’une heure pour leur repas de midi au lieu des 30 minutes actuelles. La qua­si-tota­li­té des tra­vailleurs des ports s’est mobi­li­sée pour les sou­te­nir. C’est un mou­ve­ment qui a su ravi­ver les tra­di­tions de soli­da­ri­té par­mi les tra­vailleurs, bri­sée par la dic­ta­ture, et de manière géné­rale par le modèle néo­li­bé­ral de la démo­cra­tie actuelle.

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Les gou­ver­ne­ments démo­cra­tiques ont pour­sui­vi les pri­va­ti­sa­tions et ont appro­fon­di le néo­li­bé­ra­lisme ins­tal­lé par la dic­ta­ture de Pinochet

Quel est l’état actuel des forces de la gauche radicale ?

FG : tout d’abord, il faut dire que l’état actuel –encore fra­gile- des luttes de classes est une pre­mière limite pour favo­ri­ser la recons­ti­tu­tion de forces poli­tiques de la gauche anti­ca­pi­ta­liste, qui res­tent très dis­per­sées et divi­sées. Dans ce contexte, il est dif­fi­cile d’envisager une uni­fi­ca­tion « à froid » de gauches radi­cales ou révo­lu­tion­naires, dont les contours res­tent à défi­nir. Par exemple, si l’on parle du mou­ve­ment étu­diant, il y a eu des ten­ta­tives, comme le Bloc de conduc­ción qui regrou­pait jusqu’à peu la Gauche auto­nome (Izquier­da Auto­no­ma), l’Union natio­nale étu­diante (UNE) et le Front des étu­diants liber­taires (FEL). Ensemble, ils dis­po­saient d’une hégé­mo­nie rela­tive sur la direc­tion du mou­ve­ment étu­diant. Mais ce front ‑qu’on peut qua­li­fier « d’antinéolibéral large »- s’est dis­lo­qué il y a quelques mois, faute de cohé­rence interne. Plus géné­ra­le­ment, l’unification est aus­si dif­fi­cile entre de nom­breux petits groupes ou col­lec­tifs révo­lu­tion­naires, issus de diverses cultures poli­tiques qui ont une influence sou­vent limi­tée à tel ou tel sec­teur. Ces forces sont encore très mino­ri­taires, mais cer­taines ont gran­di depuis 2011, ali­men­tées par le renou­veau des luttes sociales.

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La gauche liber­taire au Chili

La ques­tion est de savoir com­ment déve­lop­per, aujourd’hui au Chi­li, une gauche anti­ca­pi­ta­liste et auto­ges­tion­naire, ni dog­ma­tique ou sec­taire ni élec­to­ra­liste ou oppor­tu­niste, capable de mettre en débat un pro­gramme poli­tique de rup­ture clair, de tran­si­tion, mais aus­si d’aider à court terme à déve­lop­per des actions uni­taires, de front social et poli­tique, utiles aux ren­for­ce­ment des mou­ve­ments popu­laires. Ceci afin de dépas­ser les reven­di­ca­tions sec­to­rielles, mais aus­si l’entre soi mili­tant et l’esprit d’appareil. Cela reste dif­fi­cile alors que des ques­tions stra­té­giques essen­tielles sont sujettes à contro­verse : com­ment faire face au nou­veau cycle poli­tique mar­qué par le « trans­for­misme » du gou­ver­ne­ment Bache­let, dans une pers­pec­tive anti­ca­pi­ta­liste ? Mais aus­si, qui sont les « sujets » de la trans­for­ma­tion sociale pour laquelle nous nous bat­tons dans le Chi­li actuel ? Quelle place pour la forme-par­ti ? Les gauches radi­cales ou révo­lu­tion­naires chi­liennes ont aus­si par­fois de la peine à inté­grer des thèmes comme l’écologie ou l’écosocialisme, le fémi­nisme, ou à mener un tra­vail inter­na­tio­na­liste concret, ce qui freine son éla­bo­ra­tion stra­té­gique. Si l’on veut résu­mer à grands traits, le pay­sage de ces gauches poli­tiques encore très mor­ce­lées, on trouve des orga­ni­sa­tions qui viennent de ce qu’on peut appe­ler le « nou­veau mirisme » du nom du [MIR, prin­ci­pale orga­ni­sa­tion révo­lu­tion­naire de l’ère Allende, ndr] et qui va des anti­li­bé­raux aux forces gué­va­ristes ; un cou­rant liber­taire très ample, allant des anar­chistes « pur jus » aux mili­tants liber­taires prô­nant une « rup­ture démo­cra­tique » et y com­pris élec­to­rale ; il y aus­si toutes les forces qui viennent de diverses rup­tures du mou­ve­ment com­mu­niste et du « rodri­guisme » [du nom du Front Patrio­tique Manuel Rodri­guez, ndr] ; et enfin un cou­rant trots­kiste (plus ou moins issu du « moré­nisme ») bien présent.

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Front Patrio­tique Manuel Rodriguez

SG : il y a, à mon avis, un mor­cel­le­ment exces­sif. Au Chi­li, nous avons une gauche plus sociale que poli­tique. Bien sûr, der­rière la gauche sociale, il y a des for­ma­tions poli­tiques plus ou moins grandes, mais elles sont très épar­pillées et n’ont pas la capa­ci­té de se mettre d’accord, même dans le cas où il y a des conver­gences de fond sur bon nombre de ques­tions. Les élec­tions de 2013 sont un bon exemple de cela : lorsqu’il y a eu quatre can­di­da­tures pré­si­den­tielles « de gauche » ou pro­gres­sistes sur 9 au total, qui toutes ont défen­du l’Assemblée consti­tuante, mais n’ont pas été capables de s’unir. Chaque groupe pousse en avant ses inté­rêts de cha­pelle. La gauche radi­cale n’est pas capable de regar­der les choses avec un peu plus de hau­teur, de pers­pi­ca­ci­té et de générosité.

Quelle ana­lyse peut-on faire du gou­ver­ne­ment Bachelet ?

FG : le gou­ver­ne­ment de Bache­let est un gou­ver­ne­ment social-libé­ral de coa­li­tion qui va du centre-droit (avec la DC) au PC et qui s’inscrit dans le cadre du modèle capi­ta­liste néo­li­bé­ral semi-auto­ri­taire ins­tau­ré à la fin de la dic­ta­ture. J’ai par­lé à ce titre d’un « trans­for­misme social-libé­ral »[Cf. (en espa­gnol) : F. Gau­di­chaud, « [Las fisu­ras del neo­li­be­ra­lis­mo. Tra­ba­jo, “Demo­cra­cia pro­te­gi­da” y conflic­tos de clases”, CLACSO, abril 2015]]. D’une cer­taine manière, l’exécutif répond aux luttes et à 2011 en essayant de sta­bi­li­ser ce modèle par des réformes par­tielles. C’est là un point de polé­mique direct avec les ana­lyses que fait le PC. Aujourd’hui, le gou­ver­ne­ment doit affron­ter une crise de légi­ti­mi­té sans pré­cé­dent depuis 1990, avec d’immenses affaires de cor­rup­tion à répé­ti­tion qui ont écla­bous­sé tout le monde poli­tique au cours des der­niers mois. Cela a révé­lé le niveau d’intégration entre les grandes entre­prises, le capi­tal et l’ensemble du per­son­nel poli­tique. Tous ont reçu de l’argent des grands groupes comme Penta, Soqui­mich, entre­prises pri­va­ti­sées ou crées durant la dic­ta­ture. Or, la réponse de Bache­let a essen­tiel­le­ment consis­té à chan­ger de cabi­net, en lui don­nant une conno­ta­tion encore plus conser­va­trice qu’avant : on assiste au retour des vieux cadres de la Concer­ta­ción (coa­li­tion de centre née à la fin de la dic­ta­ture, ancêtre de l’actuelle Nue­va Mayo­ria) aux postes clés du pou­voir gou­ver­ne­men­tal. Beau­coup de socio­logues ont consi­dé­ré le gou­ver­ne­ment de Bache­let comme le signe d’une ouver­ture, d’un cer­tain renou­veau. Si un nou­veau cycle poli­tique a été géné­ré ‑par en bas- par les luttes sociales, c’est la conti­nui­té au som­met. D’ailleurs, les milieux patro­naux et le Mer­cu­rio (prin­ci­pal quo­ti­dien, mar­qué à droite, ancien sou­tien de Pino­chet) ne s’y trompent pas, ils ne cessent de louer le Pre­mier ministre, celui de l’Économie ou encore de l’Intérieur.

Cela explique pour­quoi Bache­let n’a fait presque aucune annonce lors de son dis­cours pré­si­den­tiel du 21 mai der­nier. Tout le monde a noté qu’elle n’a pas évo­qué d’Assemblée consti­tuante, ce qui confirme ce qu’on savait déjà, à savoir qu’il y aura bien une « nou­velle Consti­tu­tion » qui, pour mémoire, est tou­jours celle intro­duite par Pino­chet en 1981, mais sans Assem­blée consti­tuante. Il y aura pro­ba­ble­ment des « consul­ta­tions citoyennes », mais le gros du tra­vail sera fait dans l’enceinte fer­mée du par­le­ment, avant d’être éven­tuel­le­ment sou­mis à plé­bis­cite . Pour le reste, les points les plus noirs se confirment, sur la réforme du tra­vail par exemple, qui est dénon­cée, y com­pris désor­mais aus­si en par­tie par la CUT. Dans le domaine de l’éducation, l’objectif est d’arriver à 60 % d’éducation gra­tuite en 2018, mais tou­jours dans le cadre du mar­ché. C’est donc l’Etat qui va sub­ven­tion­ner ce ser­vice pri­vé qui, dans un pre­mier temps, exclu­ra les étu­diants des uni­ver­si­tés pri­vées, ce qui est pro­blé­ma­tique puisque c’est là qu’on trouve para­doxa­le­ment le plus d’étudiants, et sou­vent les plus pauvres.

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Le gou­ver­ne­ment Bachelet…

SG : C’est un gou­ver­ne­ment réfor­miste qui a pour but de cor­ri­ger cer­tains aspects du sys­tème néo­li­bé­ral pour lui don­ner une assise sociale et poli­tique plus large et plus stable. Si on ana­lyse cha­cune des réformes, que ce soit au sujet de l’éducation, de la fis­ca­li­té, du tra­vail, du sys­tème de pen­sions ou encore de la san­té, il s’agit de petits chan­ge­ments, mais qui ne visent pas à rompre fon­da­men­ta­le­ment avec le modèle actuel. Bien sûr, on assiste à une aug­men­ta­tion des dépenses sociales depuis fin de la dic­ta­ture, mais ce sont des dépenses qui pro­fitent fina­le­ment bien sou­vent aux capi­ta­listes. Dans le cas de l’éducation, par exemple, le gou­ver­ne­ment pro­pose d’augmenter les bourses, avec les­quelles les étu­diants peuvent ensuite faire leur choix sur le mar­ché de l’éducation. Il s’agit là de sub­sides à la demande. Aujourd’hui, l’Etat ne four­nit que 10 à 15 % de leurs besoins aux uni­ver­si­tés publiques, alors que sous Allende, la part publique se mon­tait à 80 % ! C’est la même chose pour la san­té : comme les hôpi­taux publics ne peuvent sub­ve­nir à tous les besoins, on donne des sub­sides aux patients pour se faire soi­gner dans les cli­niques pri­vées. Fina­le­ment, cela accroît les pro­fits des ins­ti­tu­tions pri­vées et affai­blit le sec­teur public. C’est ça le modèle néo­li­bé­ral, et en ce sens, le gou­ver­ne­ment de Bache­let ne dif­fère pas de la droite. Concer­nant le sys­tème de pen­sions héri­té de la dic­ta­ture, ce n’est pas un sys­tème de sécu­ri­té sociale, mais des assu­rances pri­vées basées sur la capi­ta­li­sa­tion indi­vi­duelle. Il n’y a pas de répar­ti­tion soli­daire. Or, ce que pro­pose Bache­let, c’est que l’Etat encadre ce sys­tème afin de garan­tir de meilleures prestations !

Mais cela ne chan­ge­ra rien sur le fond. Il faut au contraire rendre l’argent aux tra­vailleurs, et créer pour cela un sys­tème de pen­sion par répar­ti­tion, juste et soli­daire. La droite a d’ailleurs bien com­pris qu’elle n’avait pas grand-chose à craindre du gou­ver­ne­ment Bache­let. Ses repré­sen­tants s’opposent à cer­taines choses, mais dans le fond, ils sou­tiennent la poli­tique qu’elle mène. En réa­li­té, la droite clas­sique connaît une crise pro­fonde, non seule­ment à cause des affaires de cor­rup­tion répé­tées, mais aus­si et sur­tout parce que la Nue­va Mayo­ria est en train de lui voler son rôle de repré­sen­ta­tion des classes dirigeantes.

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Le par­ti com­mu­niste au Chili

Frank, quelle est la posi­tion du Par­ti com­mu­niste, inté­gré au gou­ver­ne­ment, mais qui conti­nue d’avoir une forte implan­ta­tion dans les mou­ve­ments sociaux ?

FG : Sa posi­tion est assez com­plexe. C’est le par­ti le plus dis­ci­pli­né de la coa­li­tion gou­ver­ne­men­tale, qui applique les déci­sions et appuie Bache­let quoi qu’il arrive, plus clai­re­ment que la DC ou le Par­ti socia­liste (PS), qui ont expri­mé publi­que­ment leurs cri­tiques. D’ailleurs, le PC a été récom­pen­sé pour cela dans le nou­veau cabi­net, puisqu’il a obte­nu deux minis­tères. Pour­tant, il n’y a pas de dis­si­dence orga­ni­sée – ce que le par­ti ne tolère pas – mais des cri­tiques mez­zo voce à la base, y com­pris de cadres com­mu­naux, par rap­port aux orien­ta­tions néo­li­bé­rales de la coa­li­tion . Par exemple, sur la réforme du tra­vail, jugée très pro­blé­ma­tique, ou sur l’Assemblée consti­tuante, dont la convo­ca­tion est repous­sée aux calendes grecques, etc. . Des figures comme Cami­la Val­le­jo, qui avait une cer­taine auto­no­mie de parole , ont approu­vé le dis­cours pré­si­den­tiel sans sour­ciller, hor­mis le regret qu’il n’y ait pas d’Assemblée consti­tuante. Le pari du PC est de conti­nuer ce retour au gou­ver­ne­ment, avec l’idée que les réformes en cours sont un pre­mier pas. D’où le débat de fond : est-ce un pre­mier pas vers une pre­mière démo­cra­ti­sa­tion du néo­li­bé­ra­lisme, comme le PC le défend, ou au contraire une ten­ta­tive de sta­bi­li­ser le sys­tème héri­té de Pino­chet mena­cé par la recom­po­si­tion des luttes sociales, comme le voit la gauche radi­cale ? Enfin, l’intégration bureau­cra­tique du PC est très impor­tante, puisqu’il détient de nom­breux postes de cadres supé­rieurs dans l’appareil d’Etat, mais aus­si la vice-pré­si­dence de l’Assemblée nationale.

De plus, il tire pro­fit, notam­ment finan­ciè­re­ment, de sa par­ti­ci­pa­tion au pou­voir, ce qui l’a conso­li­dé comme par­ti ins­ti­tu­tion­nel. Donc, toute rup­ture, si rup­ture il devait y avoir, serait d’autant plus dif­fi­cile. D’un autre côté, le PC reste un acteur du mou­ve­ment social, avec une vraie capa­ci­té d’organisation dans cer­tains sec­teurs popu­laires. Les Jeu­nesses com­mu­nistes ont une solide pré­sence dans le mou­ve­ment étu­diant et dans le secon­daire ; une par­tie du mou­ve­ment syn­di­cal est sous influence de diri­geants com­mu­nistes (le sec­teur minier du cuivre par ex.), le par­ti détient la pré­si­dence de la CUT et du Col­lège des pro­fes­seurs. On dit d’ailleurs que le PC est la prin­ci­pale force sociale du gou­ver­ne­ment, le seul capable d’essayer de cana­li­ser le mou­ve­ment popu­laire. Cela ne l’empêche pas d’appeler à des mobi­li­sa­tions, mais elles le sont en faveur du gou­ver­ne­ment et de ses réformes… .

La répres­sion des mobi­li­sa­tions, en par­ti­cu­lier étu­diantes, semble s’être accen­tuée ces der­niers temps. Deux jeunes ont notam­ment été bru­ta­le­ment agres­sés par les forces de l’ordre au cours d’une manifestation.

FG : le cli­mat se tend effec­ti­ve­ment, les pra­tiques répres­sives se mul­ti­plient. Ceci n’est pas appa­ru avec Bache­let bien sûr, c’est un pro­blème his­to­rique récur­rent et une pra­tique d’Etat. Mais en ce qui concerne les récentes vio­lences contre les étu­diants, avec un jeune mili­tant tou­jours entre la vie et la mort, il y a bien une res­pon­sa­bi­li­té directe du gou­ver­ne­ment, des Cara­bi­niers et du ministre de l’intérieur. C’est d’ailleurs aus­si le cas dans le sud du pays contre les Mapuches. A ce pro­pos, récem­ment un Cara­bi­nier infil­tré a recon­nu devant un tri­bu­nal avoir été à l’origine d’incendies cri­mi­nels, dans le cadre d’activités dic­tées par les ser­vices secrets. Un jeune Mapuche, accu­sé à tort, a pas­sé 11 mois en pri­son… Et ce n’est que la par­tie immer­gée de l’iceberg : les pra­tiques d’infiltration poli­cières, de pro­vo­ca­tion et de répres­sion vio­lente sont presque quo­ti­diennes dans tout l’espace des luttes sociales et consti­tuent là encore un lourd héri­tage auto­ri­taire recon­duit par les gou­ver­ne­ment civils.

SG : le pou­voir, quel qu’il soit, celui de Piñe­ra ou de Bache­let, joue le jeu de la carotte et du bâton. D’un côté il réprime, et de l’autre, il lance des appels au dia­logue. Le gou­ver­ne­ment actuel est un spé­cia­liste des « pla­te­formes de dia­logue » sur de nom­breux sujets. Sa stra­té­gie consiste à dia­lo­guer lon­gue­ment, sans réel­le­ment abou­tir à des choses concrètes. Et par­fois il accorde de petites conces­sions, en par­ti­cu­lier main­te­nant, avec le mou­ve­ment étu­diant, où il dis­pose d’ailleurs d’une cin­quième colonne for­mée par les mili­tants com­mu­nistes. Cela n’existait pas à l’époque de Piñe­ra, où le PC fai­sait clai­re­ment par­tie de l’opposition. Cami­la Val­le­jo, ancienne lea­der du mou­ve­ment étu­diant, aujourd’hui dépu­tée com­mu­niste, l’avait d’ailleurs dit clai­re­ment : « nous aurons un pied dans la rue, l’autre dans le gou­ver­ne­ment ». Or, on voit bien les contra­dic­tions que cela sus­cite aujourd’hui : on ne peut pas à la fois être du côté des étu­diants et du gou­ver­ne­ment qui les réprime. Qui est le ministre de l’Intérieur que Bache­let vient de nom­mer dans son nou­veau cabi­net ? Il s’agit de Bur­gos, un démo­crate-chré­tien, qui était l’une des têtes de l’Oficina dans les années 1990. Il s’agissait des ser­vices secrets créés par la Concer­ta­ción pour déman­te­ler l’opposition de gauche qui avait pris les armes durant la dic­ta­ture, et qui avait refu­sé de les dépo­ser au moment de la tran­si­tion, ne fai­sant pas confiance à la nou­velle démo­cra­tie. Ces groupes ont été infil­trés par leurs anciens cama­rades, notam­ment sous les ordres de Burgos.

Que peut-on dire de plus sur la réforme de la Constitution ?

SG : Le Chi­li a déjà amor­cé un pro­ces­sus consti­tuant, mais l’enjeu porte actuel­le­ment sur la manière de mener cette réforme. Il y a deux façons de le faire : l’une qui consiste à éla­bo­rer une consti­tu­tion par le biais d’une com­mis­sion nom­mée par le pou­voir, de la faire approu­ver par le par­le­ment, et enfin seule­ment de la faire voter, en bloc, à l’occasion d’un plé­bis­cite popu­laire. L’autre façon consiste à élire une Assem­blée consti­tuante. Il s’agirait là d’un corps libre et sou­ve­rain, dont les tra­vaux seraient limi­tés dans le temps, et qui repré­sen­te­rait de manière bien plus démo­cra­tique la popu­la­tion. Selon de récentes enquêtes d’opinion, 60 % des Chilien·nes seraient favo­rable à un tel pro­ces­sus. Le pro­blème c’est qu’il n’existe pas aujourd’hui de cadre ins­ti­tu­tion­nel légal qui per­mette d’instaurer une Assem­blée consti­tuante. Il fau­drait pour cela trou­ver un sub­ter­fuge, et cela ne pour­ra se faire qu’avec une forte pres­sion sociale et poli­tique de la base. Depuis 2011, le mot d’ordre en faveur d’une Assem­blée consti­tuante ren­contre un sou­tien gran­dis­sant dans la popu­la­tion. Actuel­le­ment, nous orga­ni­sons une « école des consti­tuants », des­ti­née à for­mer des cadres pour expli­quer aux gens l’intérêt de défendre cette idée, pour mon­trer que c’est le lieu où leurs inté­rêts pour­raient être défen­dus. La réflexion se mène aus­si sur le moyen de mener un tel pro­ces­sus. L’idée serait par exemple d’introduire un quo­rum des deux tiers pour voter un chan­ge­ment consti­tu­tion­nel, et si ce quo­rum n’est pas atteint, de pro­cé­der à des votes sur des sujets pré­cis, au lieu de ne se pro­non­cer que sur un paquet fice­lé final. Cela per­met­trait d’assurer une véri­table par­ti­ci­pa­tion démo­cra­tique la plus large pos­sible, selon l’ancien slo­gan de l’époque de l’Unité popu­laire : « crear poder popu­lar » (lit­té­ra­le­ment « créer du pou­voir populaire »).

Franck Gau­di­chaud, Giu­lia Willig, Ser­gio Grez 19 juin 2015

Source de l’ar­ticle : CETRI

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