Ali ARRASS en audience

Compte rendu de l'audience en appel du lundi 21 mai 2012.

Ali-Aarrass-et-sa-fille.jpgAprès une longue attente de 3 heures, Ali est enfin ame­né dans le box des accusés !

La délé­ga­tion belge for­mée de Luk Ver­vaet, maître Nico­las Cohen, ma mère, Smain Sma­hane et moi même. Un ami venu de Nor­man­die, qui depuis pas mal de temps suit l’af­faire de près. La famille et les amis venus de Melil­la et Nos avo­cats maro­cains maître Dad­si et maître Jallal.

Comme d’ha­bi­tude dans les ran­gées tout devant, juste der­rière celles réser­vées aux avocats.

Ali arrive et nos regards sont tous diri­gés vers lui, je l’ob­serve très atten­ti­ve­ment pour m’as­su­rer qu’il va bien. Il a, Dieu mer­ci, je le remarque très vite, récupéré ! 🙂

Il s’as­sied tout près du mur en vitre du box de façon à pou­voir nous voir et qu’on puisse échan­ger nos signes habi­tuels. Pour nous prou­ver qu’il va mieux, un sou­rire aux lèvres et un regard des­ti­né a cha­cun accom­pa­gné de salutations !

A un moment don­né, sa femme lui fait signe que leur petite fille a bien gran­di, j’ai fait signe qu’elle a aus­si bien gros­si, nous rions tous, d’un rire silen­cieux pour évi­ter de nous faire remar­quer. Ali dont les sou­rires s’ef­facent aus­si­tôt tant la tris­tesse de ne pas la voir le gagne.

Luk inter­vient à son tour pour lui faire signe que lui par contre devient de plus en plus petit, mais Ali lui fait signe en levant la main très haut, pour lui faire com­prendre qu’il est bien grand pour lui ! Ali aime énor­mé­ment Luk Vervaet !

Ali est appe­lé à la barre, se tient debout devant les 5 juges, aux cotés de son inter­prète et de maître Cohen, maître Dad­si et maître Jallal.

Pen­dant une demi heure nous assis­tons à un échange entre le Pro­cu­reur et le juge d’un coté et les avo­cats de l’autre. Des docu­ments pas­saient des mains du pro­cu­reur au juge dans une ambiance très spéciale.

C’est maître Cohen qui a ouvert le débat en citant : Cela fait un an et demi que nous avons deman­dé une enquête sur la tor­ture. A la der­nière audience, le pro­cu­reur géné­ral avait dit qu’il n’y avait aucune enquête en cours. Par le dos­sier dépo­sé aujourd’­hui au tri­bu­nal par le pro­cu­reur géné­ral de Rabat, nous avons la preuve du contraire.

La défense n’a­vait jamais vu ce dos­sier, ni les pièces dépo­sées aujourd’­hui, c’est pour­quoi la défense a deman­dé le temps néces­saire pour exa­mi­ner minu­tieu­se­ment ce dossier.

Sur ce, le pro­cu­reur géné­ral se met debout et va com­mu­ni­quer le conte­nu de ce dos­sier, à haute voix à toute la cour en citant chaque mot len­te­ment, on pou­vait même comp­ter les syl­labes ! Il com­mence à citer ce qu’A­li avait décla­ré depuis le début, tout comme si c’é­tait ce qu’il en dédui­sait de cette affaire, au point que nous croyions qu’il le défen­dait ! Il a même ajou­té que cette cour allait trai­ter cette affaire comme exi­gé, dans une totale équitabilité !

Mais tout est deve­nu plus clair quand il est arri­vé à sa conclu­sion en disant que Ali a été exa­mi­né par trois méde­cins légistes et par la police qui ont tous consta­té, qu’il n’y a pas eu de tor­ture ! Qu’il n’y a pas de séquelles d’une quel­conque mal­trai­tance ! Qu’il n’y a pas de traces visibles sur la pho­to prise lors­qu’il avait été reçu en pri­son juste après la garde à vue de 12 jours après son extra­di­tion qui date du 14 décembre 2010 ! Et tout cela se trouve dans un rap­port fait par ces légistes datant de décembre 2011 !

Le juge dit tout haut en langue arabe : “Com­men­çons par entendre nos arabes,!” en fai­sant allu­sion aux avo­cats maro­cains. Je trouve ça hon­teux l’at­ti­tude de ce juge qui s’est mon­tré plus d’une fois fort déran­gé par la pré­sence de maître Cohen et envers qui il semble ne pas avoir de respect !

Maître Dad­si, Jal­lal et Cohen ont insis­té sur le fait qu’il leur fau­dra du temps pour exa­mi­ner toutes ces nou­velles pièces. Ils ont aus­si avan­cé immé­dia­te­ment quelques questions :

- Est ce que pen­dant ces audi­tions par ces méde­cins légistes et par la police, Ali a eu droit à un interprète ?

- Le pro­cu­reur pré­ten­dait qu’A­li avait refu­sé de se désha­biller car soi disant il n’a­vait plus aucune trace visible. Les avo­cats ont donc à ce pro­pos deman­dé immé­dia­te­ment à Ali si cétait vrai, ce qu’A­li a démenti !

- Est ce que le tout pre­mier PV fait par la BNPJ figu­rait dans ce dos­sier et dans la néga­tive qu’il le leur fau­dra absolument !

- Qu’en est il des pho­tos que la direc­tion de la pri­son avait fait, lorsque Ali avait été récep­tion­né dans l’é­tat cri­tique suite aux tor­tures. (Les pri­sons prennent le soin de se pro­té­ger, afin qu’ils ne soient pas pour­sui­vis pour mal­trai­tance sur les déte­nus, à la date à la quelle on les ramène en pri­son, afin de prou­ver qu’il était déjà dans cet état là)

Après déli­bé­ra­tion, l’au­dience fut repor­tée au lun­di 18 juin 2012 !

Luk Ver­vaet et Fari­da Aarrass.

Source : frea­li