Séminaire autour de Dziga Vertov

3 jours de 9h à 18h

Trois jours de for­ma­tion avec Thier­ry Odeyn, Cinéaste et Pro­fes­seur à l’INSAS.

Jour 1, jeu­di 17 mars 2011 : ini­tia­tion au ciné­ma des Soviets

Jour 2, jeu­di 24 mars 2011 : l’œuvre de Vertov

Jour 3, ven­dre­di 25 mars 2011 : les héri­tiers de la ligne Vertov

Le sémi­naire se déroule de 9h à 18h à l’Auditoire de Sint-Lukas
_Rue verte 156 à 1030 Bruxelles

Ins­crip­tion pour les trois jours : 25€ pour les asso­cia­tions, 5€ chô­meurs, étu­diants, citoyens enga­gés (atten­tion, les places sont limitées)

Pour s’ins­crire, envoyer nous un mail avec vos coor­don­nées à contact@zintv.org

Le grand mérite de Dzi­ga Ver­tov c’est d’avoir posé, de façon intui­tive, dès 1920, cer­tains prin­cipes qui allaient révo­lu­tion­ner la pra­tique du ciné­ma à par­tir des années 1960. Cepen­dant, l’œuvre de ce cinéaste vision­naire demeure rela­ti­ve­ment mécon­nue, il tom­ba plus ou moins en dis­grâce, relé­gué dans l’ombre sous le régime stalinien…

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Dzi­ga Ver­tov vise la créa­tion d’un nou­veau lan­gage ciné­ma­to­gra­phique, auto­nome, déga­gé de la lit­té­ra­ture comme du théâtre. Il refuse ain­si le modèle facile du film repo­sant sur une intrigue car « le ciné­ma dra­ma­tique est l’o­pium du peuple » et il récuse « les scé­na­rios-his­toires de la bour­geoi­sie » ; le géné­rique du film L’homme à la camé­ra (1929) atteste clai­re­ment de ces par­tis pris par les aver­tis­se­ments limi­naires adres­sés aux spec­ta­teurs. Pour Ver­tov, la fonc­tion de la camé­ra n’est pas de res­ti­tuer la véri­té brute, objec­tive, mais de construire une nou­velle véri­té que l’oeil humain, ins­tru­ment impar­fait, ne peut percevoir. 

Les cinéastes sovié­tiques des années 1920 vont éga­le­ment faire du mon­tage le centre de leurs pré­oc­cu­pa­tions. Lev Kou­le­chov démontre que le spec­ta­teur pro­duit lui-même les liai­sons entre les images et les sen­ti­ments qui en découlent. Vse­vo­lod Pou­dov­kine en déduit que le mon­tage ne consiste pas à struc­tu­rer des mor­ceaux de réa­li­té, que les images pré­le­vées sur cette réa­li­té perdent toute rela­tion avec celle-là : une explo­sion fil­mée ne donne pas le sen­ti­ment d’explosion. Mais c’est sur­tout Dzi­ga Ver­tov et Ser­geï Mikhaï­lo­vitch Eisen­stein qui donnent au mon­tage, sous l’égide de la pen­sée mar­xiste, une fonc­tion entiè­re­ment nou­velle : c’est une méthode (scien­ti­fique pour Eisen­stein) d’analyse de la réa­li­té et un ins­tru­ment de péda­go­gie. Ver­tov croit à l’authenticité du « ciné-œil », « œil plus par­fait que l’œil humain », mais le mon­tage explique scien­ti­fi­que­ment le fonc­tion­ne­ment de ce réel pris sur le vif (« fixa­tion du pro­ces­sus his­to­rique »), et opère un « ciné-déchif­fre­ment com­mu­niste du monde ».

Pour Zin TV l’intérêt d’un tel sémi­naire est de nous mon­trer l’expérience d’émancipation à quelques années de la nais­sance du Ciné­ma par un des piliers du Ciné­ma Révo­lu­tion­naire. Dans un sou­cis de pro­gres­sion et de réflexion sur sa propre démarche et ses pra­tiques, Zin TV sou­haite don­ner à entendre l’analyse per­ti­nente de Thier­ry Odeyn sur cette question.

Le ciné-œil. Dzi­ga Ver­tov, Mani­feste de kinoks, 1923 : « Je suis un œil. Un œil méca­nique. Moi, c’est-à-dire la machine, je suis la machine qui vous montre le monde comme elle seule peut le voir. Désor­mais je serai libé­ré de l’im­mo­bi­li­té humaine. Je suis en per­pé­tuel mou­ve­ment. Je m’ap­proche des choses, je m’en éloigne. Je me glisse sous elles, j’entre en elles. Je me déplace vers le mufle du che­val de course. Je tra­verse les foules à toute vitesse, je pré­cède les sol­dats à l’as­saut, je décolle avec les aéro­planes, je me ren­verse sur le dos, je tombe et me relève en même temps que les corps tombent et se relèvent.­ Voi­là ce que je suis, une machine tour­nant avec des manœuvres chao­tiques, enre­gis­trant les mou­ve­ments les uns der­rière les autres les assem­blant en fatras. Libé­rée des fron­tières du temps et de l’es­pace, j’or­ga­nise comme je le sou­haite chaque point de l’u­ni­vers. Ma voie, est celle d’une nou­velle concep­tion du monde. Je vous fais décou­vrir le monde que vous ne connais­sez pas. »

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Une inter­view de Thier­ry Odeyn : http://www.zintv.org/spip.php?article147