Clefs de la guerre non-conventionnelle contre le Venezuela

Le Vene­zue­la est vic­time d’un scé­na­rio qui com­bine tous les élé­ments des nou­velles guerres. Les moda­li­tés d’a­gres­sion aug­mentent l’af­fai­blis­se­ment et le chaos inté­rieur de dif­fé­rentes façons.

Confé­rence don­né par Gus­ta­vo Borges Revil­la & Die­go Seque­ra : clefs de la guerre non conven­tion­nelle contre le Venezuela. 

Res­pec­ti­ve­ment jour­na­liste, des­si­na­teur et agi­ta­teur cultu­rel, Gus­ta­vo Borges Revil­la est le fon­da­teur du mou­ve­ment Hip-Hop Revo­lu­cion. Conseiller auprès de dif­fé­rents minis­tères du pou­voir popu­laire (culture, infor­ma­tion, pré­si­dence). Il est le direc­teur de la misionverdad.com

Die­go Saque­ra, écri­vain, jour­na­liste poli­tique, membre de la mai­son d’édition El per­ro y la rana, édi­ta la pre­mière col­lec­tion de poé­sie véné­zué­lienne. Scé­na­riste pour le ciné­ma il col­la­bore avec la Vil­la del Cine et intégre les diverses équipes de com­mu­ni­ca­tion de Hugo Cha­vez. Il est le chef de rédac­tion de la misionverdad.com

De pas­sage à Bruxelles, le 6 juin 2016, ZIN TV les a accueilli cha­leu­reu­se­ment autour d’une mati­née trai­tant des stra­té­gies de contre-information

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Le Vene­zue­la est un pays qui en ce moment même est assié­gé. Sur ce pays sont appli­quées de nou­velles méthodes de Guerre Non Conven­tion­nelle conçues dans les labo­ra­toires des ser­vices de ren­sei­gne­ment des Etats-Unis et d’autres pays puis­sants. Dans l’im­mé­diat, l’ob­jec­tif est de chas­ser le cha­visme du pou­voir. Par la suite, effa­cer tout exemple de par­ti­ci­pa­tion mas­sive du peuple à la poli­tique. Faire dis­pa­raître le cha­visme en tant que pro­po­si­tion de civi­li­sa­tion et l’en­ter­rer en tant que pré­cé­dent dans la région et ancrage éthique d’autres mou­ve­ments mondiaux.

Les dif­fé­rentes méthodes uti­li­sées pour détruire tout signe de sta­bi­li­té et de force du cha­visme au Vene­zue­la passent par les agres­sions finan­cières, cultu­relles, éner­gé­tiques, éco­no­miques, ali­men­taires, poli­tiques, mili­taires et morales.

Comme je ter­mi­nais ce docu­ment (20 mai), en une semaine se sont suc­cé­dées 2 petites marches de l’opposition carac­té­ri­sées par une faible par­ti­ci­pa­tion et aus­si par la mise en scène pré­mé­di­tée de foyers de « confron­ta­tion » face à une armée de camé­ras et de télé­phones en liai­son directe avec tous les médias des cor­po­ra­tions mon­diales (The New York Times, The Washing­ton Post, The Wall Street Jour­nal, Bloom­berg, The Eco­no­mist, CNN, Fox News, NBC, etc).

La der­nière de ces marches, mer­cre­di 18 mai, s’est ache­vée par une ten­ta­tive de lyn­chage par la tech­nique du « swar­ming » contre une femme offi­cier de la Police Natio­nale Boli­va­rienne par des pro­vo­ca­teurs pro­fes­sion­nels de gué­rilla urbaine, des étu­diants abru­tis et lum­pen acti­vo.

La même semaine, les grands médias les plus puis­sants de la pla­nète (et 2 médias espa­gnols) ont aug­men­té leur har­cè­le­ment. Le regrou­pe­ment des médias en car­tels a uni­fié tous les argu­ments contre le Vene­zue­la, ce qui indique indis­cu­ta­ble­ment l’en­trée dans une nou­velle phase du pro­ces­sus de guerre non conven­tion­nelle, de tenailles géo­po­li­tiques et de recherche de l’ef­fon­dre­ment inté­rieur. Il y a eu 1 135 infor­ma­tions agres­sives de plus. Comme l’a dénon­cé le Pré­sident, on met en évi­dence un saut qua­li­ta­tif par rap­port au modèle d’a­gres­sion pré-exis­tant. L’u­nique pré­cé­dent d’un sem­blable har­cè­le­ment a été la Libye en 2011 et nous savons com­ment ça a fini.

Paral­lè­le­ment, Álva­ro Uribe demande une inter­ven­tion mili­taire étran­gère “qui pro­tège l’op­po­si­tion”, José María Aznar parle de la néces­si­té urgente d’un « chan­ge­ment de régime », Joe Biden, déclare que le Vene­zue­la conti­nue de com­mettre de « graves vio­la­tions des droits de l’homme », Fede­ri­ca Moghe­ri­ni parle de « res­tric­tions des liber­tés civiles » et John Ker­ry, en totale coor­di­na­tion, avoue depuis Washing­ton « sou­te­nir la Charte Démo­cra­tique de l’OEA contre le Vene­zue­la ». Tout cela en moins de 30 jours. L’es­ca­lade dans la guerre contre le Vene­zue­la a atteint son accé­lé­ra­tion maximale.

Le Vene­zue­la est vic­time d’un scé­na­rio qui com­bine tous les élé­ments des nou­velles guerres. Les moda­li­tés d’a­gres­sion aug­mentent l’af­fai­blis­se­ment et le chaos inté­rieur de dif­fé­rentes façons.

 

La guerre éco­no­mique, les agres­sions finan­cières et la crise induite.

Ces 3 der­nières années, le Vene­zue­la a subi une fal­si­fi­ca­tion sys­té­ma­tique de la vie éco­no­mique, concer­tée entre dif­fé­rents agents et dif­fé­rents acteurs de l’en­vi­ron­ne­ment éco­no­mique natio­nal et inter­na­tio­nal. Les attaques de plus grande enver­gure ont bri­sé la dyna­mique éco­no­mique inté­rieure en pro­vo­quant une dété­rio­ra­tion mas­sive de la qua­li­té de la vie de la population.

Les pro­cé­dures uti­li­sées pour per­tur­ber l’ac­ti­vi­té éco­no­mique au Vene­zue­la partent d’une concep­tion inédite à fac­teurs mul­tiples, uti­lise des agents puis­sants et de petits com­mer­çants pour for­mer une chaîne puis­sante qui agit sur plu­sieurs fronts :

- Détour­ne­ment de mar­chan­dises et spé­cu­la­tion : De grands dis­tri­bu­teurs détournent des pro­duits de base vers le com­merce illé­gal, de gros, de détail, vers des mar­chés de rues iti­né­rants ou muni­ci­paux, des res­tau­rants de luxe où les contrôles des prix ne sont pas effec­tués et la spé­cu­la­tion est supé­rieure à 2000%.

- Sim­pli­fi­ca­tion de la pro­duc­tion de biens : Uti­li­sa­tion des matières pre­mières sub­ven­tion­nées par les dol­lars de l’E­tat véné­zué­lien pour pro­duire des mar­chan­dises de plus grande taille, ce qui pro­vo­que­ra la pénu­rie et fera qu’il y aura moins d’u­ni­tés pro­duites qui pour­ront être achetées.

- Acca­pa­re­ment : Gar­der des tonnes d’a­li­ments et d’autres pro­duits dans de grands han­gars pour les vendre par des voies illé­gales à des prix exor­bi­tants. Le but de la guerre éco­no­mique contre le Vene­zue­la est que les gens ne puissent pas ache­ter d’aliments.

- Jeter et brû­ler des ali­ments : 4000 kg de pou­let en état de décom­po­si­tion ont été jetés par l’une des plus impor­tantes chaînes de com­merce au Vene­zue­la, Hiper­mer­ca­dos Occi­dente. Dans d’autres zones du pays, la même chose se répète : des chefs d’en­tre­prises et des dis­tri­bu­teurs laissent pour­rir la nourriture.

- Bacha­queo : Mafias com­plices avec des dis­tri­bu­teurs pour sor­tir de grandes quan­ti­tés d’a­li­ments des com­merces pour ensuite les vendre à un prix 5 000 fois supé­rieur dans la rue, ce qui ali­mente l’in­fla­tion et empêche la popu­la­tion d’ac­cé­der à ces produits.

- Fuite des capi­taux et dimi­nu­tion des impor­ta­tions : Le patro­nat véné­zué­lien (regrou­pé dans des orga­ni­sa­tions comme Fedecá­ma­ras et Conse­co­mer­cio, les 2 prin­ci­paux car­tels éco­no­miques du pays) pos­sède 30 000 mil­lions de dol­lars dépo­sés dans des banques hors du Vene­zue­la. La quan­ti­té même de devises qui sont entrées dans le pays pour la vente du pétrole dans toute l’an­née 2015. Ces capi­taux qui ne sont pas entrés dans l’é­co­no­mie véné­zué­lienne para­lysent et font stag­ner la pro­duc­tion des sec­teurs prio­ri­taires pour la consom­ma­tion de la population.

La guerre éco­no­mique uti­lise divers pro­cé­dés pour orga­ni­ser la pénu­rie de pro­duits de base et faire aug­men­ter leurs prix. Son but est de pro­vo­quer constam­ment des queues et que de moins en moins de Véné­zué­liens accèdent aux ali­ments. Ils cherchent à pro­vo­quer la faim et le déses­poir soit à cause des prix éle­vés des pro­duits soit à cause des pénu­ries. Tout cela uni­que­ment pour anéan­tir le sou­tien du peuple et la légi­ti­mi­té poli­tique du pré­sident Nicolás Madu­ro en en ren­dant res­pon­sable la ges­tion du gouvernement.

 

La guerre sur le ter­ri­toire. Le para-mili­ta­risme, la guerre illé­gale et les bandes criminelles.

Ces der­nières années, le Vene­zue­la a vu se créer des for­ma­tions pri­vées et illé­gales d’hommes armés et entraî­nés dans des buts poli­tiques et mili­taires clairs. Il s’a­git d’une armée para­mi­li­taire qui a pris de l’am­pleur en même temps que la crise éco­no­mique induite et qui cherche à deve­nir une seule armée stan­dar­di­sée en éta­blis­sant des alliances avec des bandes cri­mi­nelles qui sont nées au Vene­zue­la suite au dépla­ce­ment des orga­ni­sa­tions d’au­to­dé­fense colom­biennes et du tra­fic de drogues dont les membres de la direc­tion ont été ensemble en pri­son. Un sché­ma très simi­laire à celui qui a été déve­lop­pé il y a à peine quelques années en Syrie et en Irak avec les « armées libres » qui luttent contre « le régime » et qui contrôlent le ter­ri­toire en tant qu’au­to­ri­té sou­ve­raine qui se nour­rit des canaux stra­té­giques de cir­cu­la­tion de la rente et du capi­tal. Au Vene­zue­la, ces armées reçoivent le sou­tien semi-public et voi­lé d’ac­teurs finan­ciers et d’a­gents d’é­tats étran­gers qui obéissent à un ordre du jour qui favo­rise, évi­dem­ment, les puis­sances étran­gères et les cor­po­ra­tions de l’éner­gie et du pétrole.

Ces nou­velles armées et ces bandes cri­mi­nelles uti­lisent des méca­nismes sophis­ti­qués pour exé­cu­ter leurs actions sur le ter­ri­toire. Ils pos­sèdent une logis­tique tech­no­lo­gique comme des drones et des appa­reils pour inter­cep­ter les appels et des appa­reils d’in­ter­ven­tion. Elles ont éta­bli des réseaux de ren­sei­gne­ment sur le ter­ri­toire occu­pé et hors de celui-ci en s’in­fil­trant dans le tis­su social des popu­la­tions les plus pauvres. Et toutes ont le même enne­mi com­mun, c’est à dire un but poli­tique par­ta­gé : l’E­tat véné­zué­lien et les corps de sécurité.

Quelques semaines plus tard, les orga­nismes se sont affron­tés et ont neu­tra­li­sé, à quelques jours d’in­ter­valle, 2 chefs de méga-bandes cri­mi­nelles qui ont décrit ce dont on vient de parler.

- Il s’a­git, d’un côté de José Anto­nio Tovar Coli­na, alias El Picure qui agis­sait depuis une posi­tion géos­tra­té­gique sur le ter­ri­toire véné­zué­lien. A quelques kilo­mètres du centre exact du pays, dans l’é­tat le plus cen­tral de tous (Guá­ri­co), du sud d’A­ra­gua (Bar­ba­coas) jus­qu’au nord de Guá­ri­co (El Som­bre­ro). Cette méga-bande se pla­çait au point de pas­sage vers n’im­porte quelle direc­tion avec des voies de grande impor­tance à proximité.

Les médias d’in­ter­net et les médias papier de tou­jours ont fait un mythe d’El Picure et lui ont tou­jours accor­dé, ain­si qu’à ses crimes, un trai­te­ment pri­vi­lé­gié. Il a joui d’une repré­sen­ta­tion pri­vi­lé­giée dégui­sée sous l’ar­ché­type de Robin des Bois (ché­ri par son peuple qui reçoit les géné­reux pré­sents dont il a expro­prié le mau­vais gou­ver­ne­ment sans rap­pe­ler ses mas­sacres et ses assas­si­nats). Ses talents ont été sur­éva­lués au point de le rendre intou­chable, il a été his­sé jus­qu’à l’As­sem­blée Natio­nale par l’ac­tuelle majo­ri­té par­le­men­taire. Il est sor­ti en bande célé­brer la vic­toire de l’op­po­si­tion aux élec­tions du 6 décembre 2015.

- Trois jours après la mort de Tovar Coli­na a été abat­tu Jamil­ton Andrés Suá­rez Ulloa, alias El Topo, près d’El Cal­lao, dans la région minière du sud de l’é­tat de Bolí­var. El Topo, qui fut para­mi­li­taire en Colom­bie dans sa jeu­nesse et le res­pon­sable direct d’un mas­sacre per­pé­tré contre un groupe de (17) mineurs dans cette zone. C’est un crime qui a bou­le­ver­sé la nation et qui traîne avec lui un petit lot, mais lourd, de ques­tions sur cette zone.

El Topo opé­rait sur un ter­ri­toire stra­té­gique au sud du Vene­zue­la connu comme l’Arc Minier, une région de très impor­tante richesse en mine­rais ouver­te­ment convoi­tée par le cour­tage inter­na­tio­nal. Et sa valeur stra­té­gique est telle qu’aus­si bien pour ses réserves que pour sa qua­li­té à cause du kila­tage des res­sources en mine­rais, des experts envi­sagent la pos­si­bi­li­té de faire un nou­veau saut tech­no­lo­gique à par­tir seule­ment de ce qui est décla­ré jus­qu’à pré­sent comme exis­tant sans être extrait de cette zone. Au delà de l’or, ce sont ce qu’on appelle les « mine­rais rares » (tho­rium, nobio, vana­dium, col­tan, ‑colom­bo et tan­tale etc…) et dans le cas par­ti­cu­lier des gise­ments de dia­mants. Comme on le voit, autour de ces bandes cri­mi­nelles rayonnent la géo­po­li­tique et l’in­té­rêt décla­ré et obs­cur pour le ges­tion directe des res­sources très sen­sibles et d’in­té­rêt global.

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Si quelque chose rend clair le dos­sier Topo et le dos­sier Picure, c’est l’ins­tal­la­tion d’une avant-garde, d’un bras armé de l’ordre du jour néo-libé­ral dans sa tac­tique – et appli­qué à d’autres pays – de terre brû­lée. « Der­rière les para­mi­li­taires dépla­çant les pay­sans, arrivent les trans­na­tio­nales de la palme afri­caine », signa­lait le com­man­dant para­mi­li­taire colom­bien Jorge Iván Laverde alias El Igua­no (L’i­guane) dans un récit de la triste his­toire de la guerre colombienne.

La réponse de l’E­tat à ces nou­veaux méca­nismes hybrides d’ar­mées para­mi­li­taires a été l’O­pé­ra­tion de Libé­ra­tion et de Pro­tec­tion du Peuple (OLP). Ses résul­tats ont été démon­trés (tous les jours, des diri­geants tombent et des bandes sont déman­te­lées) et actuel­le­ment, cette opé­ra­tion subit une forte et coû­teuse cam­pagne de dis­cré­dit, de cri­mi­na­li­sa­tion qui engraisse le faux dos­sier de l’E­tat qui a échoué alors que pré­ci­sé­ment, il s’a­git d’une opé­ra­tion qui ren­verse ces fac­teurs. Tout cela vient de médias et d’ONG finan­cés par des orga­nismes étran­gers et des enti­tés du Dépar­te­ment d’E­tat des Etats-Unis. La sou­ve­rai­ne­té du Vene­zue­la est criminalisée.

La guerre média­tique, la pro­pa­gande et les faux récits

1315 notes néga­tives ont été écrites sur le Vene­zue­la pen­dant ces 3 der­niers mois seule­ment à Bogotá, Madrid et Mia­mi. Des médias cor­po­ra­tifs de grande influence mon­diale et régio­nale ont déployé une cam­pagne féroce pour mobi­li­ser l’o­pi­nion publique mon­diale en faveur d’une inter­ven­tion inter­na­tio­nale au Vene­zue­la. Des conglo­mé­rats de médias cor­po­ra­tifs super puis­sants comme The New York Times, The Washing­ton Post, The Wall Street Jour­nal, Bloom­berg, The Eco­no­mist sont à l’o­ri­gine des agres­sions sys­té­ma­tiques contre le Vene­zue­la, par­tant de là et repro­duites à l’u­nis­son par les autres médias d’Eu­rope et d’A­mé­rique Latine.

« Le Vene­zue­la est la réponse à ce qui arri­ve­rait si un car­tel de drogues éco­no­mi­que­ment anal­pha­bète pre­nait en charge un pays » écri­vait le 19 mai de cette année Matt O’Brien, res­pon­sable de l’ Amé­rique Latine au jour­nal nord-amé­ri­cain The Washing­ton Post, dans son der­nier article. (Vene­zue­la is on the brink of a com­plete eco­no­mic col­lapse). L’o­pi­nion de ce jour­na­liste et de dizaines de ses col­lègues sou­tiennent leurs sen­tences avec des indices du fonds Moné­taire Inter­na­tio­nal et d’autres orga­nismes qui dépendent de lob­bys poli­tiques et finan­ciers qui ont un grand inté­rêt au chan­ge­ment de régime ou au coup d’E­tat au Vene­zue­la, un pays qui pos­sède les réserves de pétrole lourd et extra-lourd les plus impor­tantes du monde et – je l’ai déjà dit – des réserves innom­brables de mine­rais comme l’or et ce qu’on appelle les « mine­rais rares ».

Du côté de l’Eu­rope, deux grands médias dirigent la fabri­ca­tion des argu­ments, des faux récits, de la mani­pu­la­tion, medias ver­dades, de la dés­in­for­ma­tion et des calom­nies contre le Vene­zue­la : El País ( pro­pié­té de BNP Pari­bas, Bank of Ame­ri­ca et Deutsche Bank) et ABC (pro­prié­té des banques BBVA, San­tan­der et Lazard). Le pic le plus haut d’in­fo­fré­nia et de démence com­mu­ni­ca­tion­nelle contre le Vene­zue­la a été le 19 mai, jour où 74 infor­ma­tions dans les médias papier et digi­taux les plus impor­tants ont été publiées.

Et à ce niveau, la forme passe au second plan et on offi­cia­lise (une fois de plus) l’u­ti­li­sa­tion sys­té­ma­tique contre le Vene­zue­la du prin­cipe de Renou­vel­le­ment de Goeb­bels : « Il faut dif­fu­ser constam­ment de nou­velles infor­ma­tions et de nou­veaux argu­ments à un tel rythme que, quand l’ad­ver­saire répond, le public s’in­té­resse déjà à autre chose. Les réponses de l’ad­ver­saire ne doivent jamais pou­voir arrê­ter le niveau crois­sant des accusations ».

A l’in­té­rieur, les médias tra­di­tion­nels (El Nacio­nal, 2001, Glo­bo­vi­sión, etc.) et les nou­veaux médias digi­taux jus­ti­fient quo­ti­dien­ne­ment le récit venu de l’é­tran­ger qui sert de plaque tour­nante aux groupes radi­caux mobi­li­sés et aux décla­ra­tions reten­tis­santes des lea­ders médiocres des par­tis d’opposition.

Le but est que la popu­la­tion change de per­cep­tion et le contrôle de l’es­prit pour dépla­cer la res­pon­sa­bi­li­té de la crise vers le gou­ver­ne­ment. Même si ces der­niers mois, le récit s’est dépla­cé vers des audien­cias exté­rieures pour légi­ti­mer des actions inter­na­tio­nales en ins­tal­lant 3 récits répé­tés jus­qu’à l’in­di­ges­tion dans le pays et à l’é­tran­ger : « Crise huma­ni­taire », « Etat qui a échoué », « Inter­ven­tion internationale ».

La cri­mi­na­li­sa­tion des corps de l’Ar­mée et de la sécu­ri­té de l’E­tat est une tâche essen­tielle du groupe de médias véné­zué­liens liés à des sec­teurs du patro­nat très puissants.

Le contrôle per­ma­nent des dégâts que les jour­na­listes et les médias offrent à des sec­teurs du para-mili­ta­risme et aux bandes cri­mi­nelles repré­sente aus­si quelque chose d’i­né­dit au Vene­zue­la. Ils pro­tègent et trans­forment en mythe l’i­mage de lea­ders cri­mi­nels notoires, recher­chés au Vene­zue­la et par Inter­pol. El Picure, au moment où il a été abat­tu après des années de tra­vail de ren­sei­gne­ment, a eu un trai­te­ment pri­vi­lé­gié sur inter­net et sur les réseaux sociaux des prin­ci­paux médias qui ont fait une triste ten­ta­tive pour mini­mi­ser les avan­cées effi­caces des corps de sécu­ri­té de l’E­tat face à ces struc­tures cri­mi­nelles et paramilitaires.

En pla­çant des mots clefs stra­té­giques sur les réseaux sociaux et dans les pre­mières pages des jour­naux comme « assas­si­né », ils ont mis en évi­dence la rela­tion d’in­té­rêt entre eux (les médias) et les bandes. Le but – pas tel­le­ment caché – passe par le fait d’étiqueter les corps de sécu­ri­té de l’E­tat comme cri­mi­nels et « assas­sins » pour gros­sir encore plus le faible sché­ma des vio­la­tions des droits de l’homme. En effa­çant ou en essayant d’ef­fa­cer les élé­ments qui mettent en évi­dence (avec une évi­dence insup­por­table) l’é­tat de guerre totale dans lequel se trouve le Vene­zue­la. A n’im­porte quel prix, El Picure doit pas­ser pour une vic­time même alors qu’il com­bat­tait avec des fusils, des gre­nades, des pistolets.

Faire de l’as­sas­sin une vic­time et por­ter atteinte à la sou­ve­rai­ne­té et à la sécu­ri­té de la nation clôt le cercle des com­pli­ci­tés évi­dentes entre les médias véné­zué­liens, les nou­velles bandes cri­mi­nelles et para­mi­li­taires et les hommes poli­tiques de l’op­po­si­tion. Tous concen­trés sur le même but : délo­ger le cha­visme du pou­voir par n’im­porte quel moyen.

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La guerre non conven­tion­nelles : « sen­ti­ment com­mun » et anti-poli­tique « constitutionnelle »

Avec les nou­velles guerres, les conspi­ra­tions, les com­plots obs­curs des pou­voirs mon­diaux, il arrive la même chose qu’a­vec une bac­té­rie : tu peux croire qu’ils n’existent pas parce que tu ne « les vois pas » et cepen­dant, ils feront leur tra­vail et ses effets se ver­ront. Le scep­ti­cisme aus­si est un pro­duit de l’industrie.

Les guerres d’au­jourd’­hui vont au-delà de tout le modèle concep­tuel qui les défi­nit en tant que telles pour s’ag­gra­ver dans les aspects qui, conven­tion­nel­le­ment, pour­raient être consi­dé­rés comme « non mili­taires » en acca­pa­rant et en atta­quant tous les cycles de l’ac­ti­vi­té de la socié­té véné­zué­lienne depuis la panne de l’é­co­no­mie en pas­sant par la créa­tion d’une névrose média­tique, l’ins­tal­la­tion per­ma­nente de pho­bie et de rejet du poli­tique et de la poli­tique, le pro­fond épui­se­ment de la vie quo­ti­dienne impo­sant des queues pour faire ses achats d’a­li­ments et de médi­ca­ments. Tout cela défi­nit par­fai­te­ment un cycle de désta­bi­li­sa­tion et d’es­sais de nou­velles méthodes pour fondre depuis l’ex­té­rieur sur tout un pays.

La guerre non conven­tion­nelle qui se met en place aujourd’­hui même contre le Vene­zue­la a pour objec­tif pri­maire le psy­chique, le phy­sique, l’économique et le bien-être, c’est pour­quoi ils réa­lisent de mul­tiples actions de sabo­tage des ser­vices de base et fon­da­men­taux (sys­tème élec­trique et eau) en plus de la para-mili­ta­ri­sa­tion de la pègre. Tout cela ensemble ins­talle par la force l’é­tat qui a échoué dont parlent paral­lè­le­ment ou ensuite les médias.

Moises Naim inti­tule un de ses articles écrit pour El Nacio­nal le 15 mai 2016 « Vene­zue­la : com­ment vivre dans un Etat qui a échoué ? »

Le Décret d’O­ba­ma et la pro­po­si­tion de Loi d’Am­nis­tie et de Récon­ci­lia­tion Natio­nale de l’op­po­si­tion à l’As­sem­blée Natio­nale pro­jettent le même récit sous des angles dif­fé­rents en employant comme sources « d’in­for­ma­tion » les ONG habi­tuelles qui, par de mul­tiples mani­pu­la­tions, confirment l’i­mage du Vene­zue­la comme la nou­velle Ser­bie, comme la nou­velle Soma­lie, le nou­vel Afgha­nis­tan, le nou­vel Irak, la nou­velle Libye, la nou­velle Syrie.

Le Décret d’O­ba­ma cou­ronne la ver­sion de l’oc­ci­dent qui donne son aval à la ver­sion de l’E­tat paria-tota­li­taire-qui a échoué tan­dis que la Loi d’Am­nis­tie cherche à nier et à annu­ler les res­pon­sa­bi­li­tés his­to­riques concer­nant les crimes indis­cu­ta­ble­ment poli­tiques du pas­sé en com­men­çant par le cycle de l’in­sur­rec­tion du 12 février 2014 qui est, pré­ci­sé­ment, le point de départ du Décret d’Obama.

Dans une dépêche interne de la CIA de 1967, on signale la néces­si­té d’é­ti­que­ter comme « théo­ri­ciens de la conspi­ra­tion » pour les dis­cré­di­ter ceux qui dénoncent un cer­tain nombre de choses qui effec­ti­ve­ment, se rap­prochent de faits de cet ordre.

Sur ce point, si on nie tout sans concé­der un mini­mum de pos­si­bi­li­tés, cela obéit à 3 rai­sons : ou c’est l’a­veu­gle­ment que pro­duit le dogme poli­tique et idéo­lo­gique ou on par­ti­cipe consciem­ment au pro­ces­sus de désta­bi­li­sa­tion ou on est suf­fi­sam­ment igno­rant et endor­mi par les méca­nismes d’a­lié­na­tion sous toutes leurs formes.

 

Que faire ? Véri­té et méthode contre le coup d’E­tat accé­lé­ré et en marche

Après avoir décrit tota­le­ment com­ment on a confi­gu­ré l’o­pé­ra­tion géo­po­li­tique semi-secrète la plus éten­due de la mémoire de la région (et pro­ba­ble­ment du monde) contre le Vene­zue­la cha­viste, on peut en tirer quelques conclu­sions bien venues qui fonc­tionnent comme des tips pour l’ac­tion. A savoir :

Risque, méthode et capa­ci­té d’i­ma­gi­na­tion. Les nou­velles méthodes employées contre des pays sou­ve­rains par l’ap­pli­ca­tion des prin­cipes de la guerre non conven­tion­nelle ont dépas­sé pour tou­jours les anti­dotes et les méca­nismes tra­di­tion­nels obso­lètes des opé­ra­tions simi­laires du pas­sé. Le jour­na­lis­tique, l’a­ca­dé­mique, le dog­ma­tique et le tra­di­tion­nel sont pas­sés direc­te­ment dans l’his­toire sans recy­clage. On a besoin aujourd’­hui de nou­veaux niveaux d’au­dace qui rendent indé­chif­frable la confron­ta­tion avec les super-pou­voirs des cor­po­ra­tions. L’in­ves­ti­ga­tion par des sources ouvertes, la sur­es­ti­ma­tion poli­tique de ce qui semble sans impor­tance, la capa­ci­té d’u­nir ce qui semble sans rap­port et le risque de nom­mer ce qu’en temps de paix, cer­tains pour­raient taxer de théo­rie de la conspi­ra­tion en consti­tue le pre­mier pas. Parce que ces guerres sont des guerres qui ont pour cible cen­trale la popu­la­tion civile et, par consé­quent, c’est l’af­faire de tous.

Récep­tion et résis­tance. Tout fait poli­tique, d’in­for­ma­tion tout mes­sage de la rue, toute réa­li­sa­tion lin­guis­tique, toute réa­li­té qui devient cita­tion une fois dite pro­vient d’un locu­teur condi­tion­né. En tant que méthode effi­cace, lire tout et rece­voir le conte­nu des grands médias sans aucun inter­mé­diaire pour ensuite les démon­ter de façon cri­tique. Et comme point de départ cri­tique pour les démon­ter, Mision Ver­dad a presque 4 ans d’a­na­lyse ininterrompue.

« Fol­low the money ». La lutte des classes ne s’ar­rête jamais. En unis­sant les points com­muns entre les acteurs poli­tiques et le capi­tal finan­cier local et mon­dial, on déve­loppe une carte de rela­tions qui signe très clai­re­ment les inté­rêts, les buts et les alliances du pou­voir contre le Vene­zue­la et dans le reste du monde.

Le Vene­zue­la et Glo­ba­listán. Pré­misse clef : comme la Syrie est le monde, le Vene­zue­la l’est aus­si. Que les consé­quences de 3 ans de siège média­tique ne soient pas aus­si visibles ne rend pas moins vrai le fait que si le Vene­zue­la tombe, vous tom­be­rez immé­dia­te­ment et la contre-révo­lu­tion oli­gar­chique aura presque gagné.

Soli­da­ri­té réelle, active et hon­nête. Les actes sym­bo­liques et les mani­fes­ta­tions de rue ne servent à rien si leur conte­nu n’est pas en accord abso­lu avec ce qui se passe au Vene­zue­la et vice-ver­sa. La pre­mière ligne d’ac­tion de soli­da­ri­té concerne stric­te­ment le domaine de la com­mu­ni­ca­tion et doit être dis­ci­pli­nai­re­ment en accord pour arrê­ter les véri­tables effets du récit unique de l’ennemi.

La don­née cor­res­pon­dante. Ce n’est pas un hasard si cet été, on voit une esca­lade inédite en Syrie, on choi­sit ce moment pour exé­cu­ter le coup d’E­tat final au Vene­zue­la et si l’U­kraine est défi­ni­ti­ve­ment frag­men­tée. Ce sont les 3 prin­ci­paux mou­ve­ments que réa­li­se­ra le laby­rinthe de l’empire dans sa situa­tion élec­to­rale inédite.

Idée pré­con­çue. Les lignes idéo­lo­giques non seule­ment ont été bou­le­ver­sées mais elle sont été frac­tu­rées jus­qu’à ce qu’elles deviennent un ins­tru­ment qui agit contre les gou­ver­ne­ments popu­laires et les démo­cra­ties radi­cales. On se méfie du dis­cours aca­dé­mique comme s’il s’a­gis­sait d’Hil­la­ry Clinton.

Tour­née par Espagne, France, Alle­magne, Bel­gique du 23 mai au 8 juin 2016

Tra­duc­tion de l’espagnol : Fran­çoise Lopez de l’Association SOLIDARITE BOLIVARIENNE

Source de l’ar­ticle : mision ver­dad