Impunité au Paraguay

Un dirigeant paysan assassiné. Élimination sélective?

Nous avons reçu deux com­mu­ni­qués à tra­vers le réseau des agence de presse rurales et nous les avons tra­duits pour vous…

Com­mu­ni­qué du Mou­ve­ment pay­san du Para­guay (MCP), fai­sant par­tie de la Coor­di­na­tion Natio­nale d’Organisations Pay­sannes MCNOC, CLOC et de Vía Campesina.

Se diri­geant à l’opinion publique Natio­nale et inter­na­tio­nale pour expri­mer les faits suivants :

Nous dénon­çons l’assassinat de notre cama­rade Maria­no Jara, âgé de 58 ans et mili­tant du MCP depuis l’année 2000, membre éga­le­ment du MCNOC, occu­pant le poste de secré­taire des finances depuis le 10ème Congrès du MCP.

C’est à son domi­cile “Asen­ta­mien­to San­ta Cata­li­na” du dis­trict de Curu­gua­ty, que le ven­dre­di 26 de novembre, il fût tué par sept tirs, alors qu’il s’aprétait à se repo­ser après une épui­sante jour­née de dis­tri­bu­tion des outils avec des fonc­tion­naires de Itai­pu. Lorsque la com­mu­nau­té a enten­du les tirs, elle s’est mobi­li­sée et a pour­chas­sé l’assassin qui pre­nait la fuite en moto­cy­clette, l’abandonnant plus loin sur la route et dis­pa­rais­sant dans le bois.
moto.bin
Plus loin, une patrouille de police arrê­ta un indi­vi­du d’origine bré­si­lienne, sur­nom­mé José Luis, sans docu­ments et qui venait de sor­tir du bois. Emme­né au com­mis­sa­riat de la zone, l’inspecteur en chef convoque la nièce de la vic­time, de douze ans et témoin prin­ci­pal des faits. Elle recon­naît aus­si­tôt for­mel­le­ment le cri­mi­nel. M. Julio Col­man, ex-dépu­té natio­nal du par­ti Colo­ra­do et M. Pio Rami­rez, actuel élu membre du conseil se sont pré­sen­té au com­mis­sa­riat sou­te­nant l’innocence et la défense du déte­nu. L’individu serait un employé d’un centre d’élevages, ayant obte­nu en temps record et sans inves­ti­ga­tion, sa libé­ra­tion en toute impu­ni­té. Hier encore, M. Julio Col­man, rem­plis de ran­cœur et sur un ton don­neur de leçon, pro­fé­ra des injures et menaces contre notre cama­rade Belar­mi­no Balbuena.

Nous res­pon­sa­bi­li­sons ce fait cruel et inhu­main, les auto­ri­tés locales et le par­quet de Curu­gua­ty. Ain­si, se démontre une fois de plus, l’hostilité mafieuse entre les poli­ti­ciens, les pro­prié­taires ter­riens et les repré­sen­tants des pou­voirs publics.

Nous reje­tons avec force cette atti­tude lâche des esca­drons de la mort, qui ne cherchent qu’à détruire les familles pay­sannes et tron­quer le rêve d’une vie digne dans notre pays.

Fina­le­ment, nous deman­dons l’intervention des auto­ri­tés com­pé­tentes pour l’éclaircissement de ces faits et que les cou­pables soient punis.

“Resis­ter au Néo­li­bé­ra­lisme, Pour une réforme Agraire Inté­grale et Pour une Sou­ve­rai­ne­té Nationale”

Direc­tion Natio­nale du MCP : Dama­sio Qui­ro­ga, secré­taire Géné­rale & Mar­tin Quiñones, secré­taire d’Organisation.


Com­mu­ni­qué de la CONAMURI, Coor­di­na­tion Natio­nale des Orga­ni­sa­tions de Tra­vailleurs Femmes Rurales et Indigènes.

Lun­di 29 novembre 2010

La Cona­mu­ri se dirige à l’opinion publique natio­nale et inter­na­tio­nale pour mani­fes­ter ce qui suit :

Encore une vic­time de la mafia créole du Para­guay, une mafia ou convergent les inté­rêts de la classe domi­nante : poli­ti­ciens majeurs de la droite réac­tion­naire, mar­chands de soja, d’élevage, contre­ban­diers en armes, drogue et le bois. Il arrive qu’il s’agisse des mêmes indi­vi­dus ayant dif­fé­rentes facettes du crime organisé.

Le 26 novembre pas­sé, lors de sa sieste, le cama­rade Maria­no Jara, mili­tant et diri­geant du MCP, diri­geant exem­plaire de sa com­mu­nau­té, enga­gé dans la cause du peuple, fût assas­si­né à bout por­tant par un sicaire aujourd’hui iden­ti­fié comme Luis Car­los Faus­ti­no, de natio­na­li­té bré­si­lienne. Les faits se sont dérou­lés à San­ta Cata­li­na, dis­trict de Curu­gua­ty, dépar­te­ment du Canindeyú.

Il s’agit d’une des mani­fes­ta­tions des plus san­gui­naires de la droite, qui insiste à vou­loir plier la volon­té des mou­ve­ments popu­laires et mettre un terme à l’espoir de mil­lions de per­sonnes qui souffrent des consé­quences néfastes d’un modèle pré­da­teur et inclé­ment qui appau­vri et à la longue, tue, il tue toujours.

Avec Cona­mu­ri, nous condam­nons publi­que­ment et reje­tons avec éner­gie, l’assassinat du cama­rade Maria­no Jara, enga­geant, à la fois, le Minis­tère de l’intérieur, M. Rafael Filiz­zo­la, et le par­quet, ce clair exemple de cri­mi­na­li­sa­tion de la lutte sociale ne peut res­ter, d’aucune manière et sous aucune condi­tion, sous l’impunité.

Nous exi­geons, la puni­tion de l’auteur maté­riel et les com­plices directs de ce fait abo­mi­nable. Nous consi­dé­rons que les char­gés de l’enquête doivent par­ve­nir jusqu’aux auteurs intel­lec­tuels et appli­quer la jus­tice, en mémoire des cama­rades morts en lut­tant pour un meilleur Paraguay.

Nous expri­mons, notre pro­fonde soli­da­ri­té avec la famille de la vic­time et avec les membres du MCP. Ceci doit deve­nir une inci­ta­tion pour se battre avec plus de force le long de ce rêve de réforme agraire inté­grale dans notre pays. Que la rage et la conster­na­tion soient actives et durables. Il est temps d’unir nos efforts dans la défense de nos vies et com­battre cette mafia meur­trière qui agit arbi­trai­re­ment sur notre ter­ri­toire, sous la cau­tion de cer­taines auto­ri­tés cor­rom­pues de l’État. Seules les orga­ni­sa­tions pay­sannes et indi­gènes, alertes et mobi­li­sés en per­ma­nence, seront capables de mettre un terme à la marche des pilleurs et mer­ce­naires qui cir­culent librement.

Jus­tice pour Maria­no Jara !
Non aux atteintes contre la vie !
Réforme agraire inté­grale pour notre peuple !
Mon­dia­li­sons la lutte ! Mon­dia­li­sons l’espoir !

— 
Direc­tion Nationale
Conamuri