On peut résister à ceux qui veulent raboter ou détruire nos droits !

Témoignage de Eric Detaille, MWB-FGTB de Liège.

Nous repro­dui­sons ici le témoi­gnage d’un mili­tant syn­di­ca­liste de la FGTB. Tiré avec l’ai­mable auto­ri­sa­tion du site http://www.metallos.be/


« On peut résis­ter à ceux qui veulent rabo­ter ou détruire nos droits !»

Ven­dre­di 5 novembre 2010 : après plu­sieurs jours de bras de fer, les tra­vailleurs de la fon­de­rie Magot­teaux (Vaux-sous-Chè­vre­mont) sortent vain­queurs du conflit qui les oppo­sait à la direc­tion. En jeu : la pro­lon­ga­tion de la conven­tion rela­tive aux pré­pen­sions. Retour sur un com­bat peu banal mené en front com­mun MWB-Setca.

10/11/2010

« Il a fal­lu batailler, mais on a obte­nu gain de cause, et ce n’est que jus­tice », explique Eric Detaille, pour la délé­ga­tion MWB. « L’année der­nière, nous avons été frap­pés par un plan de restruc­tu­ra­tion. 9 per­sonnes ont été licen­ciées. Nous avons récla­mé l’application de la conven­tion rela­tive aux pré­pen­sions pour que 50 tra­vailleurs (16 ouvriers et 34 employés) puissent par­tir dans des condi­tions décentes. Mais nous nous sommes retrou­vés face à une direc­tion aus­si ouverte au dia­logue qu’un mur. Sa réponse à nos reven­di­ca­tions ? Un « NON » catégorique.

Le pro­blème, c’est que ce « non » remet­tait en cause la conven­tion col­lec­tive exis­tante chez nous et à laquelle les tra­vailleurs pou­vaient légi­ti­me­ment pré­tendre. On a donc refu­sé de plier, tout en pro­po­sant à la direc­tion de négo­cier. Mais il a bien fal­lu se rendre à l’évidence : elle n’avait aucune inten­tion de trou­ver un accord sur ces pré­pen­sions. Son objec­tif : revoir à la baisse la conven­tion, et si pos­sible la détri­co­ter complètement.

Nous sommes donc pas­sés à l’action. Tout le monde a cru que nous allions faire grève, para­ly­ser le site et arrê­ter la pro­duc­tion. On a fait mieux que cela : on a conti­nué à tra­vailler, à pro­duire, au même rythme que d’habitude. Mais on a blo­qué le ser­vice commercial.

Et là, on a fait mouche. Avec l’arrêt du ser­vice qui enre­gistre les com­mandes, qui fait les remises de prix, etc., il n’a pas fal­lu attendre deux jours pour véri­fier qu’on appuyait bien là où cela fait mal. Un seul exemple : Magot­teaux Bré­sil atten­dait avec impa­tience des pièces qui n’ont donc pas été expé­diées. Dès le len­de­main, un direc­teur est venu nous trou­ver pour nous prier de faire une excep­tion et d’au moins lais­ser par­tir ces pièces-là. Nous avons bien enten­du répon­du par… un « NON » catégorique !

C’est ce qui s’appelle se faire coin­cer par la logique du flux ten­du que l’on pro­meut soi-même… Dès le len­de­main, la direc­tion nous conviait à reprendre les dis­cus­sions. Mais sur de mau­vaises bases : « Puisque nous nous ras­seyons à la table des négo­cia­tions, vou­lez-vous bien arrê­ter vos actions ?» Vous aurez faci­le­ment com­pris quelle fut notre réponse. On a main­te­nu la pres­sion. On a conti­nué à tra­vailler en blo­quant le ser­vice com­mer­cial. Ils ont fini par cra­quer, et bais­ser pavillon complètement.

Le lun­di 8 novembre, à 14h, nous avons donc tenu une assem­blée pour infor­mer le per­son­nel que nous avions obte­nu satis­fac­tion quant à l’obtention des pré­pen­sions pour les tra­vailleurs concer­nés. Inutile de dire que l’ambiance était plu­tôt bonne…

Ce qu’il faut sou­li­gner, c’est que nous avons mené ce com­bat de bout en bout en front com­mun, Métal­los FGTB et Set­ca, pour la pre­mière fois dans l’histoire de l’entreprise Magot­teaux. Ouvriers et employés ont mené la lutte ensemble, de façon construc­tive et dans l’intérêt de tous.

La soli­da­ri­té, ça marche. On peut résis­ter à ceux qui veulent rabo­ter ou détruire nos acquis et nos droits. A la veille de la négo­cia­tion d’un Accord inter­pro­fes­sion­nel qui s’annonce rude, ça donne envie de battre le fer tant qu’il est chaud !»

Eric Detaille, pour la délé­ga­tion MWB-FGTB de Magot­teaux Liège.