Je m’appelle James Baldwin

Enregistrement de radio France Culture

Pro­duc­tion : Jean Daive / Réa­li­sa­tion : Pame­la Doussaud /
Les che­mins de la connais­sance : Je m’ap­pelle James Bald­win 1/5
1ère dif­fu­sion : 20/04/1987
Indexa­tion web : San­drine England, docu­men­ta­tion sonore de Radio France
Archives INA-Radio France

Source : France culture

En 1987, Jean Daive avait ren­con­tré James Bald­win pour une série de cinq entre­tiens, enre­gis­trés pour “Les che­mins de la connais­sance” sous le titre “Je m’ap­pelle James Baldwin”.

En 1987, Jean Daive avait ren­con­tré James Bald­win pour une série de cinq entre­tiens, enre­gis­trés pour “Les che­mins de la connais­sance” sous le titre “Je m’ap­pelle James Bald­win”. Dif­fu­sion du pre­mier volet dans lequel il évo­quait son recueil de nou­velles “Face à l’homme blanc”.

 

L’écrivain et figure de la gauche radi­cale amé­ri­caine, dont l’émancipation des noirs tra­verse l’œuvre entière, relate dans cet entre­tien son iti­né­raire, de la prime enfance à ses der­niers com­bats, en pas­sant par ses ques­tions rela­tives à l’identité.

“Dans la néces­si­té où je me trou­vais de décou­vrir dans quelle condi­tion mon expé­rience pour­rait se rat­ta­cher à celle des autres, noirs ou blancs, écri­vains ou non, je m’aperçus à mon grand éton­ne­ment que j’étais aus­si amé­ri­cain que n’importe quel GI du Texas et je me ren­dis compte que ce sen­ti­ment était par­ta­gé par tous les écri­vains amé­ri­cains que je connais­sais à Paris. Comme moi, ils s’étaient cou­pés de leurs ori­gines, que l’origine des blancs amé­ri­cains fut euro­péenne et la mienne afri­caine, cela se révé­la d’une impor­tance bien médiocre. En Europe, ils étaient aus­si déra­ci­nés que moi. J’étais fils d’esclaves, ils étaient fils d’hommes libres. Mais à par­tir du moment où nous nous retrou­vions sur le sol de l’Europe, cela impor­tait moins que le fait que nous cher­chions eux comme moi notre iden­ti­té par­ti­cu­lière. Quand nous l’avions trou­vé tout se pas­sait comme si nous nous disions qu’il ne fal­lait plus nous accro­cher à la honte et à la ran­cœur qui nous avait divi­sés si longtemps”.

Per­sonne ne sait mon nom – James Bald­win, 1961

Au mois de mars 1987, pour “Les che­mins de la connais­sance”, Jean Daive ren­con­trait James Bald­win pour une série de cinq entre­tiens. L’é­cri­vain amé­ri­cain s’é­tait exi­lé en France une pre­mière fois en 48.

“À Paris, j’ai réus­si à me débar­ras­ser de tous les sté­réo­types dont m’avaient infli­gé mes conci­toyens. Et, une fois que vous vous en êtes débar­ras­sé, c’est irré­ver­sible ! À Paris on me lais­sait tran­quille — tran­quille de deve­nir ce que je vou­lais deve­nir. Je pou­vais écrire, pen­ser, res­sen­tir, mar­cher, man­ger, res­pi­rer libre­ment. Aucune sanc­tion ne venait frap­per ces simples faits humains. Même lorsque je mou­rais de faim, c’était dif­fé­rent des États-Unis. Ici, c’était moi, Jim­my, qui mou­rait de faim et non l’homme noir que j’étais.”

Ren­tré aux États-Unis en 57, James Bald­win s’im­pli­qua alors tota­le­ment dans le mou­ve­ment des droits civiques. Mais pro­fon­dé­ment mar­qué par les assas­si­nats des lea­ders noirs, celui de Mar­tin Luther King en par­ti­cu­lier, James Bald­win pas­sa par la suite l’es­sen­tiel de son temps en Europe et, à par­tir de 1970, à Saint-Paul de Vence où il vécut et tra­vailla jus­qu’à sa mort, quelques mois après cette ren­contre avec Jean Daive.

Je m’ap­pelle James Bald­win, pre­mier temps d’une série de cinq entre­tiens avec l’é­cri­vain amé­ri­cain pour “Les che­mins de la connais­sance”, pro­po­sé par Jean Daive en 1987.

James Bald­win évo­quait les dif­fi­cul­tés d’un Noir à vivre dans l’Amérique des années 20, mais aus­si des années 50 et 60 : Je suis né dans les années 20, c’é­tait la grande dépres­sion, la grande crise, et la pau­vre­té bien sûr était exa­gé­rée dans le cas d’une famille Noire. Quand les choses vont mal dans mon pays, cela va encore plus mal pour les Noirs. C’est pire pour eux. C’est tou­jours vrai d’ailleurs.