C’était un honneur et un plaisir de braquer des banques

Lucio Urtu­bia

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Resu­men


Tra­duit par ZIN TV

Lucius Urtu­bia, le Robin des Bois anar­chiste… Il se consi­dé­rait lui-même comme le der­nier des « ban­di­dos bue­nos » (bons ban­dits en espagnol)

Lucio Urtu­bia, est né en Espagne en 1931 dans une famille pauvre et rurale. Dans sa jeu­nesse, il a déser­té l’ar­mée et s’est enfui en France en pleine dic­ta­ture de Fran­co. Il a com­men­cé à tra­vailler comme maçon et maître d’œuvre, alors qu’il était membre de groupes anar­chistes. Il devient un expert en fal­si­fi­ca­tion de docu­ments, son talent est tel que, de par­tout dans le monde, les mou­ve­ments révo­lu­tion­naires lui com­mandent de fal­si­fier des pas­se­ports et des docu­ments d’i­den­ti­té pour évi­ter la répres­sion des dic­ta­tures et des régimes auto­ri­taires. Mais sa consé­cra­tion et son pas­sage à l’his­toire ont eu lieu lorsque, dans les années 1970, il a réus­si à mettre en échec l’une des plus puis­santes banques de la pla­nète en fal­si­fiant des chèques.

Après des attaques à main armée contre des banques en France, Lucio a déci­dé de pous­ser sa stra­té­gie plus loin. Il n’é­tait pas à l’aise de mettre des armes à feu sur le visage des employés de banque pour obte­nir l’argent. C’est ain­si qu’a débu­té sa car­rière de faussaire.

Grâce à de faux chèques, Lucio a réus­si à voler plus de 20 mil­lions de dol­lars à la First Natio­nal City Bank, puis à dis­tri­buer l’argent à diverses causes méri­toires. C’est pour cette rai­son qu’il était connu comme le Robin des Bois anar­chiste, puisque tout ce qui était volé dans les banques était dis­tri­bué aux per­sonnes dans le besoin. Mal­gré les mil­lions de dol­lars qu’il a volés, il a tou­jours vécu modes­te­ment, jus­qu’à sa mort à l’âge de 89 ans.

Lucio Urtu­bia a même ren­con­tré le Che Gue­va­ra, il lui a pro­po­sé un plan visant à mettre le sys­tème capi­ta­liste amé­ri­cain en faillite, fina­le­ment le gué­rille­ro a écar­té l’idée.

Pour Lucio, “dans la connais­sance et l’u­ti­li­sa­tion des choses se trouve le pou­voir du peuple”. Il a ajou­té : “Le crime ne consiste pas à faire et à fabri­quer, le crime consiste à gagner de l’argent et à le gar­der pour soi. Le reste est pré­cieux : se moquer des auto­ri­tés, se moquer des banques, se moquer des injustices…”.

L’ha­bi­le­té et l’in­gé­nio­si­té de Lucio Urtu­bia ont atteint un tel point que lors­qu’il a été arrê­té pour avoir volé des mil­lions de dol­lars à l’une des plus puis­santes banques de la pla­nète, il a réus­si à négo­cier sa liber­té et même à gagner plus d’argent. Comme les amis de Lucio étaient der­rière les bar­reaux, ils ont conti­nué à encais­ser ses faux chèques. La City Bank a donc déci­dé de le libé­rer et de lui ver­ser une grosse somme d’argent, avec l’en­ga­ge­ment de mettre fin aux faux chèques.

À pro­pos de son enfance en Navarre, il a décla­ré que “je ne sen­tais pas que c’é­tait ma terre parce que je ne connais­sais que la faim, l’in­jus­tice et les crimes”, ce contexte l’a ame­né à s’en­ga­ger au plus pro­fond des causes de la jus­tice et de la liber­té, à bra­quer les banques et à don­ner l’argent à ceux qui en ont besoin.

Sur la valeur de l’argent, Lucio a expli­qué qu’il avait été “beau­coup de fois mil­lion­naire, mais ma richesse, ce sont les gens qui viennent m’é­cou­ter et me deman­der. Jus­qu’à sa mort, il a par­ti­ci­pé à des réunions et par­ta­gé sa vie avec des jour­na­listes, des jeunes et d’autres per­sonnes qui lui ren­daient visite dans son petit appar­te­ment en France, où il est décé­dé aujourd’hui.

Sa vie s’est pro­lon­gée comme source d’ins­pi­ra­tion pour le ciné­ma, la bande des­si­née, la lit­té­ra­ture, la musique et la télé­vi­sion. En 2010, le célèbre groupe chi­lien de nou­velle cum­bia “Jua­na Fe” a dédié son album “La Maki­ni­ta” au maçon et anar­chiste Lucio Urtu­bia. Dans un docu­men­taire, il a décla­ré que “je suis de plus en plus fier de ma vie, de voler et de n’a­voir fait de mal à personne”.