Quand Tsipras fait disparaitre toute trace de ses contradicteurs!…

Voici donc que le gouvernement Tsipras bis vient de résoudre deux de ses grands problèmes : celui de la dette publique et celui représenté par l’ex-présidente du Parlement grec Zoe Konstantopoulou. Comment a-t-il fait pour réussir cet exploit?

Voi­ci donc que le gou­ver­ne­ment Tsi­pras bis vient de résoudre deux de ses grands pro­blèmes : celui de la dette publique et celui repré­sen­té par l’ex-présidente du Par­le­ment grec Zoe Kons­tan­to­pou­lou. Com­ment a‑t-il fait pour réus­sir cet exploit ? Mais, tout sim­ple­ment en effa­çant pour tou­jours du site offi­ciel du Par­le­ment grec tout ce qui pour­rait rap­pe­ler Zoe Kons­tan­to­pou­lou et ses ini­tia­tives durant sa brève pré­si­dence, dont la Com­mis­sion pour la Véri­té de la Dette Publique.

Face a cet impres­sion­nant bond en arrière du gou­ver­ne­ment grec qui nous ramène aux heures de gloire du sta­li­nisme triom­phant des années ’30 [[Voir sur ce sujet l’extraordinaire clas­sique de David King « Le Com­mis­saire dis­pa­rait », éd. Cal­man-Levy.]] mais aus­si du mac­car­thisme le plus enva­his­sant du début des années ‘50, on est en droit de se deman­der : Est-ce que la dette publique grecque a pour autant dis­pa­rue ? Et est-ce que Zoe K. a accep­té sa défaite et s’est déci­dé de ne plus dire la véri­té et de taire ses cri­tique au vitriol ?

La réponse est Non. L’astronomique dette publique grecque conti­nue imper­tur­bable sa marche en avant comme d’ailleurs Zoe K. qui refuse de s’avouer vain­cue. Alors, une ques­tion s’impose : Vue que le net­toyage du site du Par­le­ment des pré­sences indé­si­rables manque mani­fes­te­ment d’efficacité, pour­quoi le suc­ces­seur de Zoe K. et ses amis ont pro­cé­dé de cette manière ? Que cher­chaient-ils au vrai ?

La seule réponse pos­sible est qu’en agis­sant ain­si, tout ce beau monde cher­chait à envoyer un mes­sage ou plu­tôt un signal a quelqu’un. A qui ? Mais, évi­dem­ment aux célèbres « par­te­naires euro­péens » avec qui les nou­velles auto­ri­tés grecques venaient de conclure un accord qui est en même temps… l’unique pro­gramme du gou­ver­ne­ment Tsi­pras bis. Mais aus­si, a ceux d’en bas grecs pour qu’ils n’aient plus le moindre doute sur l’inéluctabilité de l’écrasement de toute résis­tance aux Memo­ran­da et à leurs inspirateurs…

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En somme, il s’agissait d’un acte hau­te­ment sym­bo­lique qui, ni plus ni moins, ambi­tion­nait à effa­cer pour tou­jours de la mémoire col­lec­tive des grecs non seule­ment toute trace d’une alter­na­tive a la poli­tique des Memo­ran­da, mais aus­si même le nom de celle qui a pu incar­ner cette alternative !

En réa­li­té, l’acharnement de ces néo­phytes du néo­li­bé­ra­lisme contre ce qui pour­rait s’identifier a leur mau­vaise conscience ne s’est pas limi­té à faire dis­pa­raitre tout ce qui rap­pe­lait la brève pré­si­dence de Zoe K. En effa­çant aus­si l’Appel de la cam­pagne inter­na­tio­nale de « sou­tien à la Com­mis­sion pour la Véri­té de la Dette Publique et au droit des peuples à audi­ter les dettes publiques » [Voir le site de l’Appel (en 16 langues) ain­si que de la cam­pagne inter­na­tio­nale de sou­tien : [http://greekdebttruthcommission.org/index.php

Etant don­né que, contre vents et marais, cette cam­pagne conti­nue, les signa­tures de sou­tien sont plus que jamais bien­ve­nues…]] ces appren­tis sor­ciers de l’école sta­li­nienne de la fal­si­fi­ca­tion ont vou­lu faire dis­pa­raitre toute trace de ces 24.423 hommes et femmes venants de quatre coins du globe, qui ont –jus­qu’à ce moment car la col­lecte des signa­tures conti­nue- mani­fes­té leur appui actif à cette cam­pagne ! En fai­sant de la sorte, ils n’ont pour­tant démon­tré qu’une chose : leur total mépris pour ces mil­liers des gens de pro­grès, dont au moins 2000 pro­fes­seurs d’université et éco­no­mistes, qui ne vou­laient que sou­te­nir la Grèce contre ses bourreaux !

La pré­di­lec­tion des diri­geants de ce Syri­za géné­ti­que­ment modi­fié pour les pires des méthodes admi­nis­tra­tives ne peut pas éton­ner. En effet, bien avant leur spec­ta­cu­laire capi­tu­la­tion, ils fai­saient déjà atta­quer vio­lem­ment et vul­gai­re­ment la Com­mis­sion pour la Véri­té de la Dette Publique par leurs medias spé­cia­li­sés en basses besognes sans pour autant oser la cri­ti­quer eux-mêmes publi­que­ment et sur le fond. D’ailleurs, jus­qu’à main­te­nant c’est en vain qu’on cher­che­rait le moindre argu­ment sor­ti de leur bouche contre l’audit citoyen de la dette publique…

En revanche, ces lâches ont tou­jours pré­fé­ré les coups bas à la confron­ta­tion publique. Cyniques et armés de l’arrogance du pou­voir, ils se per­mettent de s’en foutre roya­le­ment de ces dizaines des mil­liers de gens qui ont signé l’Appel de sou­tien à la Com­mis­sion d’audit et qui ne leur sont d’aucune uti­li­té vue que ces illustres médio­cri­tés se sentent à l’aise seule­ment en com­pa­gnie des « grands » de ce monde. C’est à eux que s’applique par­fai­te­ment ce que Jorge Sem­prun disait de San­tia­go Car­rillo : Toute sa vie il ne vou­lait qu’une seule chose, entrer dans les grands salons…

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Vivant dans l’insécurité per­ma­nente et décou­vrant des enne­mis même là où il n’y a que de simples mili­tants qui s’interrogent, il n’est pas alors éton­nant que ces adeptes d’un Machia­vel au rabais fassent appel aux pires tra­di­tions sta­li­niennes afin de faire dis­pa­raitre tout ce qui les dérange. Pri­vés –heu­reu­se­ment- des moyens que l’oncle Joseph pos­sé­dait en son temps, ils se contentent alors d’effacer tout ce qui témoigne de leurs tra­hi­sons et autres péchés a l’instar des inqui­si­teurs sta­li­niens qui fai­saient dis­pa­raitre par mil­lions les vies, les noms, et même les visages de leurs com­pa­triotes sovié­tiques. Détail élo­quent : comme alors a Mos­cou, aujourd’hui aus­si a Athènes, ces inqui­si­teurs font dis­pa­raitre en toute prio­ri­té ceux qui osent refu­ser la modi­fi­ca­tion géné­tique de leur par­ti et per­sistent à se proclamer…communistes, anti­ca­pi­ta­listes et cri­tiques radi­caux de l’ordre établi !…

Notre conclu­sion se veut opti­miste : Il fau­dra beau­coup plus que le « net­toyage » du site du Par­le­ment grec, et même beau­coup plus que l’incessante cam­pagne de déni­gre­ment et des coups –très- bas pour faire dis­pa­raitre les résis­tances a ceux qui ont ven­du leur âme au diable néo­li­bé­ral en accep­tant d’appliquer ses poli­tiques inhu­maines. Même dans des condi­tions très dif­fi­ciles, le com­bat conti­nue car il s’agit main­te­nant de la défense de tout ce qu’on a de plus pré­cieux : de notre digni­té et de notre (sur)vie…

par Yor­gos Mitralias

Notes :