Quelques commentaires suite aux résultats du plébiscite en Colombie

EN LIEN :

Afin de com­prendre ce que veut dire faire de la poli­tique en Colom­bie : en 2016, 35 lea­ders sociaux ont été tués par des sicaires et des paramilitaires.

Nous avons reçu des com­men­taires à chaud de notre cama­rade Gus­ta­vo Borges Revil­la que nous tra­dui­sons et publions. La paix en Colom­bie, il est cer­tain, est entrée dans une étape dif­fi­cile, mais qui sera sur­mon­tée car la posi­tion du non est si absurde que son irra­tio­na­li­té appa­raît déjà au grand jour. Le che­min de la paix est plus long que pré­vu, et c’est ce che­min là qu’il faut prendre.

 

Suite au résul­tats du plé­bis­cite en Colom­bie et les accords de paix, voi­ci quelques commentaires :

1. La dure réa­li­té est que les accords de paix, y com­pris le plé­bis­cite, sont une lutte menée par les oli­garques et les para­mi­li­taires. Les FARC y appa­raissent comme un simple ins­tru­ment. Une guerre sans solu­tion mili­taire convient seule­ment aux sec­teurs qui en vivent. Les FARC n’a­vai­ten pas d’autre choix que d’y participer.

2. La classe moyenne colom­bienne (comme tous) est pro­fon­dé­ment igno­rante de l’his­toire et des conflits de son pays. Aujourd’­hui ils ont voté et ils ont gagné. En termes pure­ment sta­tis­tiques : le vote du non est un vote des classes aisées, de la classe moyenne et des régions les moins tou­chées par la guerre. Les zones où le non a gagné sont les mêmes que celles où Uribe s’est impo­sé en 2014.

3. Lorsqu’une guerre de 50 ans s’installe dans une socié­té, puis est ame­née à voter pour la paix… Dans les années de ges­tion Uribe-San­tos la popu­la­tion de dépla­cés par la guerre s’élevait à 6 mil­lions. Aujourd’­hui, ont voté 12 mil­lions de 34 mil­lions d’é­lec­teurs ins­crits. La Colom­bie est le pays avec le plus de popu­la­tion dépla­cée par la guerre, après la Syrie et avant le Congo (et d’autres pays afri­cains). Per­sonne ne le dit. Per­sonnes dépla­cées dans le monde, août 2015 : 7.600.000 en Syrie, en Colom­bie : 6.100.000, en Irak : 3.400.000, au Sou­dan : 3.100.000 et au Congo 2.800.000.

4. Afin de com­prendre ce que veut dire faire de la poli­tique en Colom­bie : en 2016, 35 lea­ders sociaux ont été tués par des sicaires et des para­mi­li­taires. Il s’agit ici que des diri­geants, des mili­tants et des for­ma­teurs. La tra­gé­die pour les pauvres est inra­con­table et incalculable.

5. Comme tout le monde aujourd’­hui, la lutte est cen­trée entre les élites inter-capi­ta­listes. Les pauvres n’ont pas de poli­tique propre à eux, sans pro­jet et à la mer­ci des visées des puis­sants. C’est la réa­li­té de la Colom­bie, et dans le monde entier. Le Vene­zue­la est une pos­si­bi­li­té du contraire…

On y met du cœur ou non ?

Par Gus­ta­vo Borges Revilla

Jour­na­liste, des­si­na­teur et agi­ta­teur cultu­rel, il est le fon­da­teur du mou­ve­ment Hip-Hop Revo­lu­cion. Conseiller auprès de dif­fé­rents minis­tères du pou­voir popu­laire (culture, infor­ma­tion, pré­si­dence) au Vene­zue­la. Il est le direc­teur de la misionverdad.com