Interruption d’une discussion du TTIP (traité transatlantique)

Les « simples » citoyens n'ayant pas été autorisés à participer, ils se sont invités eux-mêmes, et en chanson !

Mar­di 24 mai pas­sé, un col­lec­tif belge de citoyens a inter­rom­pu Céci­lia Malm­ström alors qu’elle enta­mait une dis­cus­sion au sujet du TTIP lors d’une confé­rence publique orga­ni­sée avec l’ap­pui d’en­tre­prises suédoises. 

Les “simples” citoyens n’ayant pas été auto­ri­sés à par­ti­ci­per, ils se sont invi­tés eux-mêmes, et en chanson !

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Com­mu­niqué de presse du col­lec­tif citoyen « Flash­mob STOP TTIP » :

Le col­lec­tif de citoyens « Flash­mob STOP TTIP » a une nou­velle fois inter­rom­pu en chan­son ce mar­di 24 mai 2016 la Com­mis­saire européenne au Com­merce Cécilia Malm­ström lors d’un débat orga­nisé par Eur­ac­tiv à l’Hôtel Renais­sance (Bruxelles).

Alors que Cécilia Malm­ström s’adressait à un public com­posé d’industriels, poli­tiques, jour­na­listes et lob­byistes, un groupe d’une dizaine de citoyens de tous hori­zons et âges a entonné le chant issu de la comédie musi­cale des Misérables « Do you hear the people sing »,tan­dis qu’une cin­quan­taine d’autres citoyens les ont vite rejoint de l’extérieur, affluant vers la salle où avait lieu le débat. Ces der­niers avaient été ini­tia­le­ment tenus à l’écart par l’organisateur, sous prétexte qu’ils n’étaient que de « simples citoyens » et que le débat était réservé aux « prin­ci­pales par­ties pre­nantes du TTIP et CETA ».

« Je trouve cela hon­teux que nous n’ayons pas été autorisés à venir débattre avec la Com­mis­saire de ce sujet tel­le­ment impor­tant pour les générations futures », s’offusque Pau­line, par­ti­ci­pante à l’action. « Nous avons donc dû trou­ver un autre moyen pour être enten­dus », conclut-elle.

Ces citoyens enten­daient aler­ter la Com­mis­saire sur son manque d’écoute face à un mécontentement sans cesse crois­sant issu de la popu­la­tion européenne au sujet des négociations visant à abou­tir à la rati­fi­ca­tion du Traité Trans­at­lan­tique entre les États-Unis et l’Europe et du CETA.

Les par­ti­ci­pants ont bran­di et dis­tri­bué des tracts cri­ti­quant la Com­mis­saire pour sa pro­pen­sion à dis­cu­ter davan­tage avec les mul­ti­na­tio­nales plutôt qu’avec les citoyens.

« Nous nous sommes déplacés afin de lui rap­pe­ler qu’un traité de ce type et que toute poli­tique publique doit avant tout prendre en compte l’intérêt des citoyens, et non celui des grandes entre­prises », déclare Adrien, par­ti­ci­pant à l’action.

L’action s’est clôturée par une chaîne humaine réalisée autour de la salle de conférence et plaçant le lieu en « zone hors-TTIP », sym­bo­li­sant ain­si l’arrêt immédiat des négociations.

La Com­mis­saire européenne au Com­merce Ceci­lia Malm­ström à nou­veau inter­rom­pue par des citoyens lui deman­dant de stop­per les négociations du Traité Trans­at­lan­tique (TTIP) et du CETA.

Le col­lec­tif Flash­mob Stop TTIP s’engage à conti­nuer ses actions citoyennes et paci­fiques tant que l’Union européenne n’infléchira pas signi­fi­ca­ti­ve­ment le cours de négociations en faveur des préoccupations démocratiques, sociales, envi­ron­ne­men­tales et sani­taires légitiment exprimées par près de 3,5 mil­lions de citoyens européens.

Contact : stopttip.flashmob@gmail.com /// +32 478 79 32 94

www.facebook.com/flashmobstopttip

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À pro­pos du col­lec­tif citoyen Flash­mob Stop TTIP

Grou­pe­ment de citoyens belges et européens de tous âges et hori­zons, et non apparentés à des par­tis poli­tiques ni des orga­ni­sa­tions de la société civile. Ces citoyens entendent inter­pel­ler le grand public et les décideurs poli­tiques sur les impacts poten­tiels des traités de libre‑échanges que sont le TTIP, le CETA et le TISA. Le col­lec­tif a déjà réalisé plu­sieurs actions de mobi­li­sa­tion, comme celle dans le Centre Com­mer­cial « City 2 » en novembre 2014 (action théâtrale met­tant en scène les dan­gers du TTIP), en mai 2015 à la gare du midi (dis­tri­bu­tion de pommes « TTIP » au départ du Tha­lys emme­nant les par­le­men­taires européens à Strasbourg).

Le col­lec­tif n’en est pas à son coup d’essai pour les chants, puisqu’en juin 2015 déjà il inter­rom­pait le Ministre des affaires étrangères Didier Reyn­ders au son du « Do you hear the people sing » lors d’une conférence chez Ago­ria. En octobre 2015 c’était au tour de la Com­mis­saire européenne au Com­merce Mme Ceci­lia Malm­ström lors d’une allo­cu­tion au Collège d’Europe (Bruges).

En février 2016 , les négociateurs ont également été interpellés lors d’un cock­tail orga­nisé à la représentation per­ma­nente de la Bavière auprès de l’Union européenne. Le négociateur nord- américain Dan Mul­la­ney (Uni­ted States Trade Repre­sen­ta­tive) ain­si que le négociateur européen Igna­cio Gar­cia Ber­ce­ro (DG Com­merce) ont été chahutés par plus de 70 citoyens.
La page face­book du col­lec­tif ras­semble des fans issus de toutes l’Europe, qui ne manquent pas de reprendre les mobi­li­sa­tions du col­lec­tif afin de les mettre en action chez eux.


CONTEXTE : TTIP/TISA/CETA : Qu’est-ce que c’est ?

Concrètement, selon leurs défenseurs, ces trois traités vise­raient à faci­li­ter le com­merce en har­mo­ni­sant les normes inter­na­tio­nales : ils sup­pri­me­raient les droits de douane, met­traient fin aux limi­ta­tions d’accès aux marchés publics, allégeraient les normes admi­nis­tra­tives aux­quelles sont sou­mises les entre­prises expor­ta­trices. Argu­ment choc : ils créeraient de l’emploi et relan­ce­raient la crois­sance par plus de concurrence.

Un mécanisme de règlement des différends entre inves­tis­seurs et États serait mis en place, appelé ISDS : des tri­bu­naux d’arbitrage composés d’ « experts » non‑élus qui veille­raient à protéger les entre­prises d’abus de droit perpétrés par les États où elles s’établiraient. Le TTIP, traité trans­at­lan­tique de com­merce et d’investissement (également appelé TAFTA), se négocie actuel­le­ment entre l’UE et les États-Unis. Le CETA (Compréhensive Eco­no­mic and Trade Agree­ment) concerne les échanges com­mer­ciaux entre l’UE et le Cana­da et est déjà en cours de rati­fi­ca­tion. Leur petit frère TISA (Trade in ser­vices agree­ment), négocié entre 23 membres de l’Organisation mon­diale du com­merce dont l’UE, représentant à lui tout seul 70% du com­merce mon­dial des ser­vices, est également tou­jours en cours de négociation. Ces traités auront un impact sur notre quo­ti­dien à tous : sécurité ali­men­taire, normes de toxi­cité, qua­lité des médicaments, envi­ron­ne­ment, liberté du web, énergie, ser­vices publiques, sécurité sociale, culture, … Cer­tains ali­ments que l’Europe refuse actuel­le­ment — pour causes d’OGM par exemple- seront dorénavant acceptés ; des médicaments — jugés toxiques — seront ven­dus sans pres­crip­tion, etc.

Additionnés aux poli­tiques d’austérité actuelles, et favo­ri­sant la compétition économique, ces traités met­tront en dan­ger de nom­breuses PME et indépendants, favo­ri­se­ront le dum­ping au détriment des condi­tions de tra­vail et des salaires, mena­ce­ront d’intensifier la pri­va­ti­sa­tion des ser­vices publiques et remet­tront en ques­tion des acquis sociaux de base.

Ils favo­ri­se­ront ain­si les intérêts privés au détriment de préoccupations démocratiques, sociales, envi­ron­ne­men­tales et sani­taires. Quant aux Tri­bu­naux d’arbitrage, ils iront dans le même sens, en per­met­tant sur­tout à des mul­ti­na­tio­nales d’attaquer nos pays pour défendre leurs intérêts finan­ciers. Ces tri­bu­naux existent déjà depuis 1994 pour la zone ALENA (zone de libre‑échange nord-américaine, réunissant les États-Unis, le Cana­da et le Mexique). En 20 ans, le Cana­da a été attaqué 30 fois par des firmes privées américaines et a per­du 30 fois. Quant au Mexique, 5 plaintes ont été déposées contre lui par des firmes américaines qui, au total, ont obligé à payer 204 mil­lions de dol­lars… Car le Mexique a per­du 5 fois. Et aucunes des 22 plaintes déposées contre les États-Unis par des firmes cana­diennes ou mexi­caines n’ont abouti.
Une pétition européenne a ras­semblé plus de 3 mil­lions de signa­tures deman­dant l’arrêt immédiat de ces négociations, jugées trop opaques et ne garan­tis­sant pas le res­pect des normes socio-environnementales en vigueur en Europe.

En Bel­gique, une large coa­li­tion de la société civile a lancé la cam­pagne Stop TTIP et Stop CETA. Elle appelle à une mani­fes­ta­tion natio­nale le 20 sep­tembre 2016.

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