Julian Assange sera le premier

UK : Liberté pour Assange ! — US : Abandonnez les charges !  — Formons une chaîne de solidarité !

27.10 2021
12h30 - 13h30
Palais de Justice de Bruxelles

Acte virtuel pour la libération de Julian Assange

23.03 > 30.04 2020

Free Assange — No U.S. Extradition

15.04 2019

17h-19h Ambassade de Grande Bretagne Avenue d'Auderghem, 1040 Etterbeek, Belgique

Comi­té Free.Assange.Belgium

En rai­son du covid-19, les ras­sem­ble­ments de sou­tien ont lieu en ligne (plus d’in­fo sur la page FB du Comité).

free.assange.belgium@gmail.com

Pro­duc­tion ZIN TV, en col­la­bo­ra­tion avec La Per­ma­nence Vidéo des luttes sociales.

Tour­né à Bruxelles et à Londres

Février 2020

Fin février 2020 : ouver­ture du pro­cès de Julian Assange pour espion­nage à Londres. Des militant.e.s venant de toute l’Eu­rope se retrouvent devant la pri­son de Bel­marsh, dont des belges, pour refu­ser l’ex­tra­di­tion du fon­da­teur de Wikileaks.

Comment libérer Julian Assange de sa prison médiatique ?

De quoi parle-t-on lors­qu’on défend la “liber­té d’ex­pres­sion”, la “liber­té de la presse” ? La liber­té de cacher ce qui touche à nos inté­rêts per­son­nels ? La liber­té don­née à une indus­trie pri­vée de nous vendre les infor­ma­tions qui lui plaisent ? De don­ner le tem­po ? De déter­mi­ner le vrai du faux ? Réduire l’en­jeu du pro­cès en cours de Julian Assange aux thèmes consen­suels de la “liber­té d’ex­pres­sion” ou de la “liber­té de la presse” contri­bue à faire du fon­da­teur de Wiki­leaks un sym­bole abs­trait, la figure média­tique d’i­dées vagues, géné­rales et — lors­qu’elles res­tent en sur­face — inof­fen­sives. D’ailleurs, qui ose­rait s’in­sur­ger contre ces deux liber­tés fon­da­men­tales ? Com­ment alors enrayer les pré­ju­gés — très lar­ge­ment relayés par les médias domi­nants — selon les­quels Julian Assange, s’il est dans cette situa­tion, est d’une cer­taine manière cou­pable ? Quel est le contre-champ de la situa­tion d’en­fer­me­ment que subit depuis bien­tôt dix ans Julian Assange ?

Selon la légende, dans la Grèce antique, les mau­vaises nou­velles qu’on ne sou­hai­tait pas entendre étaient fatales à ceux qui les appor­taient. Tuer le mes­sa­ger reve­nait à annu­ler les consé­quences de son mes­sage. Si ce qui se joue avec le pro­cès Assange, qui a débu­té fin février der­nier à la Wool­wich Crown Court au Royaume-Uni, est d’une impor­tance capi­tale, c’est que le jour­na­lisme d’in­ves­ti­ga­tion y est en dan­ger de mort. Pour­sui­vi en ver­tu des lois anti-espion­nage de 1917 et pour pira­tage infor­ma­tique, pour avoir dif­fu­sé sur le site de Wiki­leaks à par­tir de 2010 plus de 700 000 docu­ments clas­si­fiés sur les acti­vi­tés mili­taires nord-amé­ri­caines, dont des crimes de guerre, Julian Assange risque jus­qu’à 175 ans de pri­son, si pas la peine de mort. En outre, si la demande d’ex­tra­di­tion des États-Unis devait abou­tir, mettre en lumière les cou­lisses de nos gou­ver­ne­ments serait alors consi­dé­ré — si ce n’est pas déjà le cas — comme un crime et le jour­na­lisme comme de l’es­pion­nage. A l’é­vi­dence, Julian Assange n’est pas un espion (de Rus­sie ou d’ailleurs) mais un édi­teur, un jour­na­liste, et Wiki­leaks se rap­proche plus d’un ser­vice de ren­sei­gne­ment du citoyen (en tous cas quand Assange en était le rédac­teur en chef) que d’une agence d’ “acteurs non-éta­tiques hos­tiles” comme le vou­drait l’an­cien direc­teur de la CIA, Mike Pompeo.

Une chose est sûre, l’in­for­ma­tion est la clé de la guerre moderne. Et comme dans n’im­porte quelle guerre, toutes les armes sont bonnes pour anéan­tir l’en­ne­mi. L’in­ti­mi­da­tion en est une (l’ins­tru­men­ta­li­sa­tion du viol aus­si). Sur­tout lorsque l’on cherche à cacher le fait qu’il s’a­git bel et bien d’une guerre. L’ob­jec­tif des Etats-Unis dans ce pro­cès pour espion­nage n’est — bien sûr — pas d’ob­te­nir d’As­sange qu’il confesse les “crimes” qui lui sont impu­tés. S’il est extra­dé (ce que l’ab­sence d’in­dé­pen­dance de la jus­tice bri­tan­nique fait craindre), il sera jugé par un jury mili­taire, l’ “Espio­nage Court”, où les Etats-Unis jugent toutes les affaires concer­nant la sécu­ri­té natio­nale. Et face à ce jury, l’is­sue du pro­cès est fixée d’a­vance : per­sonne n’a jamais été acquit­té pour le type d’af­faire qui concerne Julian Assange. Non, bien enten­du, l’ob­jec­tif n’a jamais été d’ob­te­nir des confes­sions. L’ob­jec­tif est d’in­ti­mi­der le reste du monde, et plus par­ti­cu­liè­re­ment les jour­na­listes et autres lanceuses/lanceurs d’a­lerte, toutes natio­na­li­tés confon­dues, qui vou­draient imi­ter Assange. Comme le disait George W. Bush (pra­tique de la tor­ture et pri­sons secrètes à l’ap­pui) : “Notre mode de vie n’est pas négo­ciable”. Autre­ment dit, pas de droit inter­na­tio­nal qui ne tienne (who cares?), si vous révé­lez nos agis­se­ments secrets, nous vien­drons vous cher­cher, qui que vous soyez, où que vous soyez. En juin 2018, les États-Unis se sont reti­rés du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies ; l’ins­ti­tu­tion étant accu­sée d’être “une source d’embarras” pour les États-Unis, selon Mike Pom­peo (encore lui). Ce pro­ces­sus d’é­lar­gis­se­ment conti­nu du secret d’État est aus­si visible en Bel­gique avec la “loi Reyn­ders” qui pré­voit 5000 euros d’a­mende et de la pri­son pour les jour­na­listes et les lan­ceurs d’a­lerte qui révè­le­raient des infor­ma­tions gou­ver­ne­men­tales secrètes — loi pas­sée qua­si inaper­çue en mai dernier…

Julian Assange

Lors d’un ras­sem­ble­ment de sou­tien à Assange à Londres, Roger Waters, ex-membre des Pink Floyds, se deman­dait si nous étions réel­le­ment libres ? Les diri­geants de nos “démo­cra­ties” atlan­tiques — qui pour­suivent ces héroïnes/héros modernes (contraint.e.s à l’être) que sont Julian Assange, Chel­sea Man­ning, Edward Snow­den, Sarah Har­ri­son… pour ne citer que celles et ceux proches de Wiki­leaks (la liste des lan­ceurs d’a­lerte à tra­vers le monde s’al­lon­geant de jour en jour) — ne scie­ront pas d’eux-même la branche sur laquelle ils com­mercent… La logique bel­li­queuse et impla­cable de nos pseu­do-démo­cra­ties, qui rem­placent le droit de savoir par le droit de vote, la liber­té de pen­ser par la liber­té de consom­mer, l’é­thique par le confort de la loi, ne trou­ve­ra d’obs­tacle à sa course que dans les bri­sures de silence et le par­tage de l’in­for­ma­tion. Wal­ter Ben­ja­min disait du métier d’his­to­rien qu’il consiste, comme un chif­fon­nier, à fouiller dans les pou­belles de l’his­toire pour sau­ver ce qui s’y trouve… Julian Assange, en plus d’être le jour­na­liste le plus pri­mé de l’his­toire contem­po­raine, fouillant dans les pou­belles de nos gou­ver­ne­ments, est un fai­seur d’His­toire avec un grand “H” (à l’en­contre de nos diri­geants qui la font avec une grande hache), et comme il le dit lui-même (ce que j’es­père vrai au plus pro­fond de moi-même) : “Le cou­rage est conta­gieux”.

Tho­mas MICHEL

Membre de ZIN TV

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