Vive la Commune !

ZIN TV  / Col­lec­tif Krasnyi

A l’oc­ca­sion de l’ex­po­si­tion du col­lec­tif Kras­nyi Vive la Com­mune !  Nous pro­po­sons une série de confé­rences pour par­ler de l’his­toire de la commune.

Le 18 mars 1871 marque le début de la Com­mune de Paris : une révo­lu­tion ouvrière, démo­cra­tique et sociale. Celle-ci s’inscrit dans la lignée des révo­lu­tions popu­laires pari­siennes qui ont jalon­né le siècle qui la pré­cède : 1789, 1830, 1848. Dans une France pro­fon­dé­ment inéga­li­taire, dont le pro­lé­ta­riat ne cesse de refu­ser le joug qui lui est impo­sé et de se rebel­ler face au Second Empire, les années 1870 – 71 sont char­nières. Pour contrer le bouillon­ne­ment insur­rec­tion­nel et étouf­fer les liber­tés publiques, Napo­léon III décide de détour­ner l’attention en décla­rant la guerre à la Prusse. Le 2 sep­tembre, Napo­léon III est fait pri­son­nier à Sedan, et le 4, la Troi­sième Répu­blique est pro­cla­mée. Après un siège de plu­sieurs mois par l’armée prus­sienne, le nou­veau gou­ver­ne­ment capi­tule face à l’ennemi. Le peuple, lui, refuse de plier. Lorsque le 18 mars, Adolphe Thiers, chef du pou­voir exé­cu­tif, décide de s’emparer des canons appar­te­nant au peuple pari­sien, c’est l’humiliation de trop : l’insurrection commence.

Face à cette auto-orga­ni­sa­tion des tra­vailleurs et tra­vailleuses, le gou­ver­ne­ment basé à Ver­sailles orga­nise la contre-révo­lu­tion. Le 21 mai 1871 com­mence ce qui sera rete­nu dans l’histoire comme la Semaine san­glante : une répres­sion bru­tale, cruelle et féroce. Les com­mu­nards et com­mu­nardes défendent Paris jusqu’au bout en se bat­tant sur les bar­ri­cades éle­vées dans toute la ville. C’est dans le sang que se fini­ra cette expé­rience révo­lu­tion­naire menée par celles et ceux qui rêvaient d’une socié­té de soli­da­ri­té, de jus­tice et d’égalité.

Racon­ter aujourd’hui l’histoire de la Com­mune pour­suit avant tout deux objec­tifs. Nous vou­lons, d’une part, rendre hom­mage aux com­mu­nards et com­mu­nardes qui ont, en l’espace de quelques semaines, rêvé et expé­ri­men­té un monde plus éga­li­taire et soli­daire ; d’autre part, remettre en lumière leurs idéaux et actions, qui ont ani­mé et animent tou­jours les mou­ve­ments aspi­rant à une démo­cra­tie radi­cale et popu­laire, ain­si qu’à l’auto-organisation des tra­vailleurs et des travailleuses.

Programme social de la Commune, et aujourd’hui ?

La Com­mune de Paris a expé­ri­men­té et mis en pra­tique des mesures sociales incroya­ble­ment radi­cales pour son temps et son époque. Quelles leçons pou­vons-nous en tirer pour le mou­ve­ment social contem­po­rain qui fait face à une crise sociale, éco­lo­gique et démo­cra­tique sans précédent ?
Inter­ve­nants :
- Julien Dohet, Secré­taire poli­tique Set­ca Liège, his­to­rien des luttes sociales à l’IHOES
- Jalil Bou­rhi­dane CNE Commerce
- Sté­phane Enjal­ran, Soli­daires, France

Table ronde — Les Gilets jaunes, la démocratie et la Commune

Dans le cadre de la célé­bra­tion du 150ème anni­ver­saire de la Com­mune, nous ne pou­vions que mettre à l’hon­neur le mou­ve­ment des gilets jaunes, révolte popu­laire inédite de notre temps. Cette table ronde fera débattre les gilets jaunes belges autour de la démo­cra­tie, de leur lien com­plexe avec le syn­di­ca­lisme, des actions locales et de la conver­gence des luttes.

Les Gilets jaunes communalistes de Commercy (France)

Les Gilets jaunes com­mu­na­listes de Com­mer­cy (France)- dis­cus­sion avec les Gilets Jaunes de Commercy
- Modé­ra­trice : Six­tine D’Ydewalle
Dans le cadre de la célé­bra­tion du 150ème anni­ver­saire de la Com­mune, nous ne pou­vions que mettre à l’hon­neur le mou­ve­ment des gilets jaunes, révolte popu­laire inédite de notre temps. Cette table ronde accueille­ra des gilets jaunes de Com­mer­cy, venus expres­sé­ment de France pour nous par­ler de leur expé­rience communaliste.

La Commune, la révolution et le pouvoir

Marx a vu dans la Com­mune la « forme poli­tique enfin décou­verte sous laquelle pou­vait se mener l’émancipation éco­no­mique du tra­vail » en même temps qu’un « dépas­se­ment de l’Etat ». Bakou­nine, de son côté, y déce­lait avant tout une « néga­tion auda­cieuse, bien pro­non­cée, de l’Etat ».
Aujourd’hui, le débat rebon­dit entre les idées liber­taires du « com­mu­na­lisme » et les expé­riences du Roja­va, des com­munes boli­va­riennes au Vene­zue­la ou de diverses expé­riences locales.
Quel éclai­rage la Com­mune his­to­rique peut-elle appor­ter à ces ques­tions ? Com­ment se sont concrè­te­ment posées les pro­blèmes des ins­ti­tu­tions, de l’économie, de la défense mili­taire, de l’unité natio­nale au cours des 72 jours de pou­voir révo­lu­tion­naire pari­sien ? Peut-on pen­ser une forme poli­tique qui soit en même temps une forme de pou­voir et de volon­té col­lec­tive au ser­vice de l’émancipation sociale ?
Sta­this Kou­vé­la­kis est cher­cheur indé­pen­dant en phi­lo­so­phie basé à Paris et un mili­tant de la gauche radi­cale en Grèce et en France. Il a ensei­gné pen­dant 20 ans au King’s Col­lege de Londres. Il a édi­té aux Edi­tions sociales un recueil de textes de Marx et d’Engels sur la Com­mune de Paris pré­cé­dé d’un essai intro­duc­tif « Evé­ne­ment et stra­té­gie révo­lu­tion­naire » (un extrait est dis­po­nible en ligne).
Six­tine d’Y­de­walle est doc­to­rante sur la théo­rie et la pra­tique de la démo­cra­tie directe com­mu­na­liste et co-orga­ni­sa­trice de l’ex­po­si­tion “Vive la Commune !”.

Les exilés communards en Belgique

Les exi­lés com­mu­nards en Bel­gique — confé­rence par Fran­cis Sar­to­rius, his­to­rien, auteur du livre Les Com­mu­nards en exil. Etat de la pros­crip­tion com­mu­na­liste à Bruxelles et dans les fau­bourgs 1871 – 1880.

Varlin et l’Internationale — conférence par Michèle Audin

Eugène Var­lin, ouvrier relieur, est l’une des grandes figures de l’Association Inter­na­tio­nale des tra­vailleurs, élu de la Com­mune de Paris en 1871, assas­si­né à la fin de la semaine san­glante. Pas­sion­née par l’histoire de la Com­mune de Paris, Michèle Audin a écrit le livre “Eugène Var­lin Ouvrier relieur 1839 – 1871” qui com­pile tous les écrits de Var­lin retrou­vés à ce jour.

La répression de la lutte sociale et des classes populaires

La Com­mune de Paris a dû faire face à une répres­sion sans égal à l’échelle de l’histoire du mou­ve­ment social. Alors que la répres­sion s’abat aujourd’hui sur dif­fé­rents sec­teurs du mou­ve­ment social et des groupes oppri­més dans la socié­té, nous vous invi­tons à venir dis­cu­ter avec nous des leçons du pas­sé et de la manière dont nous devons nous orga­ni­ser pour faire face à la répres­sion d’État.
Pré­sen­ta­tion du livre La Semaine san­glante de Michèle Audin, sui­vie d’une table ronde avec des acteurs et actrices de terrain :
- La répres­sion de l’ac­tion syn­di­cale : Thier­ry Bod­son, pré­sident de la FGTB et condam­né par la jus­tice pour son action syn­di­cale lors des grandes grèves de 2015
- La répres­sion des per­sonnes migrantes : Sel­ma Ben­khe­li­fa, avo­cate chez Pro­gress Lay­wers Network
- La répres­sion des gilets jaunes : Oth­man Far­rai, cher­cheur sur les Gilets Jaunes
- La répres­sion des mani­fes­ta­tions : Axel Far­kas, orga­ni­sa­teur de la Mani­fes­ta­tion contre la jus­tice de classe et raciste du 24 jan­vier 2021

La Commune et les étrangers 

Bien que pro­ba­ble­ment impré­cis, envi­ron 104 074 étran­gers vivent à Paris en 1866 alors que la popu­la­tion est de 2 000 000 d’habitants.
Les Étran­gers dans la Com­mune de Paris sont les per­sonnes nées hors de France et qui ont pris part à la défense de la Com­mune de Paris. Un des aspects uniques de cette Com­mune repose sur le rôle majeur que plu­sieurs migrants y ont tenu.
Cer­tains viennent rejoindre l’in­sur­rec­tion, une fois décla­rée, dans un contexte d”internationalisme pro­lé­ta­rien. Les étran­gers seront aus­si dure­ment punis lors de la répres­sion qui écrase la Commune.
La Com­mune de Paris ouvre la citoyen­ne­té aux étran­gers : « Consi­dé­rant que le dra­peau de la com­mune est celui de la Répu­blique uni­ver­selle ; consi­dé­rant que toute cité a le droit de don­ner le titre de citoyen aux étran­gers qui la servent… ». Com­mis­sion des élec­tions, 30 mars 1871, au sujet de Léo Fränkel.
Nous allons par­tir de là pour dis­cu­ter l’implication des mili­tants migrants dans la com­mune et l’énorme ouver­ture de la com­mune à tous les citoyens avec ou sans papiers !
Deux inter­ven­tions seront à mise à contri­bu­tion pour ouvrir le débat de la table ronde :
- Pie­tro Tosi : ani­ma­teur du MOC de Bruxelles en charge du sui­vi du comi­té des tra­vailleurs avec et sans papiers de la CSC Bruxelles. 
- Said Eloui­zi : mili­tant sans papiers et membre des acteurs de temps présents.

Le choc de 1886 

L’insurrection ouvrière de 1886 — confé­rence par Jules Pir­lot, pré­sident du Centre des archives du com­mu­nisme en Bel­gique (CAr­CoB-asbl)
Le 18 mars 1886, les anar­chistes lié­geois célèbrent le 15ème anni­ver­saire de la Com­mune de Paris. Leur mani­fes­ta­tion se trans­forme en émeute puis en grève insur­rec­tion­nelle dans les bas­sins indus­triels de Liège et Char­le­roi. La répres­sion est féroce, mais la Bel­gique bour­geoise est ébran­lée. La marche vers la légis­la­tion sociale et le suf­frage uni­ver­sel peut commencer.

Action directe et/ou concertation sociale ?

Action directe et/ou concer­ta­tion sociale ? Enjeux et débats au sein du mou­ve­ment syn­di­cal — confé­rence par Fran­cine Bolle, Doc­teure en His­toire, maî­tresse de confé­rences à l’ULB, auteure d’une thèse sur La mise en place du syn­di­ca­lisme contem­po­rain et des rela­tions sociales nou­velles en Bel­gique (1910 – 1937)
L’entre-deux-guerres voit la mise en place en Bel­gique d’un syn­di­ca­lisme inté­gré dans des orga­nismes offi­ciels de concer­ta­tion et assu­ran­ciel (chô­mage), qui carac­té­rise encore notre syn­di­ca­lisme contem­po­rain. Cette évo­lu­tion ne s’est cepen­dant pas pro­duite sans heurts et sans ten­sions au sein même des orga­ni­sa­tions syndicales.
Lors de cette confé­rence, nous évo­que­rons les dif­fé­rentes concep­tions de l’action syn­di­cale (« syn­di­ca­lisme de com­bat » vs « syn­di­ca­lisme de concertation/assurantiel) »), leurs enjeux et les luttes d’influence qui en ont décou­lé, s’exprimant en grande par­tie autour du déclen­che­ment de grèves qui sont loin d’avoir tou­jours été des mani­fes­ta­tions homo­gènes de tra­vailleurs s’identifiant à leurs orga­ni­sa­tions syndicales.
Les conflits intra syn­di­caux ont en réa­li­té été bien plus nom­breux, plus pro­fonds et viru­lents que ne le laisse glo­ba­le­ment entre­voir l’historiographie exis­tante, et débou­chèrent par­fois sur des exclu­sions et même la créa­tion d’organisations syn­di­cales dissidentes.

Les femmes et la Commune

La Com­mune de Paris dura 72 jours, même s’il a été bref, cet évè­ne­ment tra­gique marque l’entrée des femmes dans la vie poli­tique. L’histoire est assez dis­crète sur leur place et leurs rôles, elles furent pour­tant nom­breuses à s’engager. Elles sont can­ti­nières, ambu­lan­cières, elles construisent des bar­ri­cades et prennent les armes pour défendre la Com­mune. Elles bran­dissent le dra­peau rouge, sacri­fiant leur vie dans l’espoir d’un monde meilleur pour leurs enfants. Mais d’autres images telles que la pros­ti­tuée ou la pétro­leuse font leur appa­ri­tion dans les jour­naux hos­tiles à la Com­mune ain­si que dans les pro­cès qui sui­vront. Il convient de dépas­ser ces mythes pour se poser ensemble les bonnes questions.
Confé­rence de Solange Faso­li, mili­tante syn­di­cale et membre des Amies et Amis de la Com­mune de Paris, sui­vie d’une table ronde avec :
- Célia Ponce, mili­tante ROSA
- Mali­ka Roe­lants et Zoé Maus, mili­tantes du Col­lec­tif 8 Mars
- Une mili­tante de la Ligue des tra­vailleuses domestiques