Smala Cinéma — LE PROGRAMME
THEATRE POEME 2
Rue d’Ecosse 30 — 1060 BRUXELLES
Jeudi 17 septembre
BRUXELLES 80’s — 3 films tournés autour de l’année 1980 à Bruxelles.
17h00 : “MAGNUM BEGYNASIUM BRUXELLENSE” de Boris Lehman — 1978 — 145′
Projection le jeudi 17/09/15 à 17h00 — En présence du réalisateur.
Chronique vivante des habitants du quartier du Béguinage — ainsi dénommé parce qu’il est situé sur l’emplacement de l’ancien béguinage de Bruxelles. Conçu comme un inventaire encyclopédique, le film est composé d’une trentaine de chapitres imbriqués les uns dans les autres comme autant de pièces d’un puzzle, ou encore à l’image d’une termitière aux galeries nombreuses et croisées. Il se déroule dans l’espace et dans les interstices d’une journée, commençant à l’aube pour se terminer la nuit.
On trouve chez Lehman (comme chez Akerman) une dimension cosmogonique. La photographie somptueuse (noir et blanc, inserts en couleur) et le risque qu’elle fait courir au film d’une certaine joliesse est presque toujours dissipé par le dispositif lehmanien, plus retors qu’il n’y paraît : il y a en effet dans MBB, en deça des fictions que l’on devine prêtes à surgir et au delà du pur relevé d’architecte, grâce à l’absence de tout commentaire, voix off ou garde-fou, un fort effet de rampe, comme il s’en crée toutes les fois qu’il y a reconstitution
Serge Daney/Cahiers du cinéma
20h30 : “BRUXELLES TRANSIT” de Samy Szlingerbaum — 1980 — 80′
Le film raconte l’arrivée de ses parents, juifs d’origine polonaise, dans le Bruxelles de 1947, après dix jours de train à travers l’Europe. C’est le récit de sa mère qui commente le voyage vers la Belgique, l’installation, les errances à la recherche d’un travail clandestin, les efforts pour s’intégrer dans ce pays d’exil, sans papiers, sans connaître la langue. C’est la mélopée triste du déracinement et de la marginalisation, dans ce quartier de la gare du Midi qui est devenu “leur périmètre, leur territoire, leur royaume” (S. Szlingerbaum).
« Les 80 minutes du film fouillent avidement ce passé de la mémoire maternelle, en voix off, en airs chantonnés, en confidences chuchotées ; avec aussi quelques scènes de fiction (jouées e.a. par les cinéastes Hélène Lapiower et Boris Lehman). De superbes images — en noir et blanc à gros grain — de trains, de gares et de rues, en plans fixes incantatoires ou en longs travellings akermaniens arrachent le quotidien au banal et montrent Bruxelles comme elle n’a presque jamais été filmée.”
René Michelems, “100 ans de cinéma belge »
22h00 : “TOUTE UNE NUIT” de Chantal Ackerman — 1982 — 90′
Une nuit. Une femme. ses chaussures à la main, se jette dans les bras d’un homme. Dans un café déserté, un homme, une femme, seuls. Ils se regardent, puis se lèvent. Frappés d’un coup de foudre, ils s’étreignent et dansent à corps perdus.
« A reconsidérer aujourd’hui Toute une nuit (1982), il est patent que ce film léger, enlevé et peu cher, réalisé dans l’urgence suite à l’ajournement d’un projet plus onéreux (La Galerie, qui deviendra Golden eighties et dont on pourra également apprécier la maquette, Les Années 80), est sa réussite la plus libre ainsi que la station centrale de son parcours : un miroir réflecteur qui se nourrit des travaux antérieurs et projette ceux à venir, ouvrant de nouvelles perspectives. Sans rien récuser de ses principes de base, que sont frontalité, plans fixes, absence de climax, elle parle de gestuelle amoureuse en fragmentant son récit, rejoignant les vues de Barthes sur le discours cinq ans auparavant. Ces corps, Chantal Akerman n’a jamais rechigné à les filmer, nus ou non, mais en préférant cantonner au hors-champ l’acte sexuel (hormis à la fin de Je, tu, il, elle). Il en sera de même dans Toute une nuit où, si le désir affleure de toutes parts, c’est essentiellement pour mener un magnifique ballet des étreintes dans un Bruxelles strié de bruissements, chansons et coups de foudre. Alors, effectivement, Toute une nuit inocule sa fièvre, pousse à l’envie de sortir, d’embrasser la nuit et des inconnu(e)s, de se repasser des compils de variété italienne, de s’enivrer des spectacles de Pina Bausch » (Les Inrocks)
Par film : (7€ — 5€ — Article27 : 1,25€) — La soirée : (14€ — 10€)
Plus d’infos : SMALA Cinéma