VERDICT du procès ZIN TV & ATTAC

28.01 2021 / 14h00 - 14h00
Palais de Justice, salle 01.1 - Place Poelaert - 1000 Bruxelles

Jeu­di 28 jan­vier à 14h, aura lieu le pro­non­cé du juge­ment en cours depuis 5 ans, face aux deux poli­ciers qui ont effa­cé les images de notre équipe de tour­nage en octobre 2015. Nous vous invi­tons à assis­ter à l’au­dience publique demain, salle 01.01, au tri­bu­nal cor­rec­tion­nel néerlandophone.

Cela nous concerne tous : jour­na­listes offi­ciels et non-offi­ciels, poètes, chan­teurs, cinéastes, artistes, vidéaste ou citoyens qui ren­dons compte de l’ac­tion des fonc­tion­naires publics.

Pour rap­pel, les faits se sont dérou­lés le 15 octobre 2015. En par­te­na­riat avec ATTAC, ZIN TV coor­don­nait plu­sieurs équipes sur le ter­rain pour réa­li­ser un repor­tage sur la mani­fes­ta­tion paneu­ro­péenne contre les trai­tés de libre échange TTIP et CETA. Par­mi nos repor­ters, Tho­mas Michel et Maxime Lehoux étaient en charge de cou­vrir l’encerclement du Conseil euro­péen. Alors que les poli­ciers nassent les mani­fes­tants et mal­gré s’être pré­sen­tés aux poli­ciers comme une équipe de tour­nage, ils se font embar­quer et arrê­ter admi­nis­tra­ti­ve­ment. Lorsqu’ils sont relâ­chés quelques heures plus tard, Tho­mas reprend le tour­nage immé­dia­te­ment après être des­cen­du du bus. C’est là, que leur camé­ra est sai­sie par un des poli­ciers qui s’isole pour vision­ner les images dans le but de les effa­cer, il reçoit l’ordre de refor­ma­ter la carte mémoire détrui­sant en quelques secondes une jour­née de travail.

En jan­vier 2017, après une plainte dépo­sée auprès du comi­té P, celui-ci avait réagi affir­mant qu’un poli­cier ne peut pas sup­pri­mer ou impo­ser la sup­pres­sion d’images à une per­sonne qui filme l’action poli­cière (jour­na­liste ou non) : “En ce qui concerne la sai­sie et la sup­pres­sion des images de la camé­ra, l’enquête a per­mis de rele­ver un dys­fonc­tion­ne­ment tant orga­ni­sa­tion­nel qu’individuel, qui a mené le chef de corps de la zone de police Bruxelles Capi­tale-Ixelles à dif­fu­ser à l’ensemble de son per­son­nel une ins­truc­tion géné­rale rela­tive à la ges­tion des per­sonnes pri­vées de liber­té. Y figure notam­ment une fiche pré­ci­sant qu’un poli­cier ne peut pas sup­pri­mer lui-même ou impo­ser la sup­pres­sion des images à la per­sonne les ayant réa­li­sées”, avait com­men­té le Comi­té P.

Le 14 novembre 2017 débute l’action en jus­tice de ZIN TV et ATTAC Bruxelles qui se joignent pour por­ter plainte contre ces poli­ciers et se consti­tuer par­tie civile devant un juge d’instruction. Les incul­pés étant néer­lan­do­phones, le par­quet a deman­dé que l’affaire soit jugée par la chambre du conseil néer­lan­do­phone. Le par­quet deman­dait un non-lieu pour l’une des poli­ciers et un ren­voi en cor­rec­tion­nel pour son col­lègue avec pour motif de s’être intro­duit dans un sys­tème infor­ma­tique et avoir effa­cé les don­nées, en l’occurrence nos images.

La déci­sion a été ren­due le ven­dre­di 22 février 2019 et les deux poli­ciers sont fina­le­ment ren­voyés en cor­rec­tion­nelle pour vol d’usage et pour avoir effa­cé illé­ga­le­ment des don­nées vidéo.

Ce 17 décembre aura lieu l’audience publique devant le tri­bu­nal cor­rec­tion­nel, der­nière étape avant le pro­non­cé du jugement.

Depuis quelques années, nous assis­tons à une inten­si­fi­ca­tion et un élar­gis­se­ment de la répres­sion à l’égard des mou­ve­ments sociaux. Si les vio­lences poli­cières ont tou­jours tou­ché les quar­tiers popu­laires, depuis quelques années, les témoi­gnages qui font état d’abus, de dis­cri­mi­na­tions et de bru­ta­li­tés de la part des forces de l’ordre se mul­ti­plient. Il est donc plus que néces­saire de rap­pe­ler que fil­mer l’action poli­cière est un droit fon­da­men­tal. Or sur le ter­rain les policier.e.s main­tiennent sou­vent la confu­sion, ou tentent de dis­sua­der les citoyens de fil­mer leurs actions. Ces inti­mi­da­tions mettent en dan­ger le droit d’informer et la liber­té d’expression. Par ailleurs, ces images sont essen­tielles pour appor­ter la preuve d’une infrac­tion com­mise par les fonc­tion­naires de police et pour aler­ter l’opinion publique sur la réa­li­té de la vio­lence exer­cée par l’État chaque jour.