Le jeudi 21 avril à 21 heures 30, Cinéma ARENBERG
au 26 Galerie de la Reine à 1000 Bruxelles
le cinéma d’Attac présente
COMMENT CUBA A SURVECU AU PIC PETROLIER…
USA 2006, Durée 53 minutes
un documentaire exceptionnel de
la réalisatrice américaine Faith Morgan
Prix d’entrée 6,6 euros y compris pour le débat (sauf les Article 27)
Dès 20 heures 30 précises,
LE GRAND DÉBAT : « LA DÉCROISSANCE EN MOUVEMENT…»
avec
Marc DE SPIEGELEER, militant du Mouvement des Objecteurs de Croissance
Daniel TANURO, membre-fondateur de l’association Climat & Justice sociale
auteur de L’impossible capitalisme vert,
et Sarah TURINE co-Présidente d’ECOLO
LE COUP DE POMPE…
1949. Le 4 février 1949, dans une revue scientifique américaine, paraît un article prémonitoire, intitulé « Energy from fossil fuels » (l’énergie des carburants fossiles). Signé par Marion King Hubbert. Employé chez Shell, ce géologue de formation y affirme que l’ère pétrolière sera de courte durée (quelques dizaines d’années, pas plus) et esquisse un modèle mathématique prévoyant le déclin de la production pétrolière américaine aux alentours de 1970. La publication demeure confidentielle. Mais la bombe est amorcée.
Sept ans plus tard, le scandale éclate. Au coeur de l’Amérique pétrolière. Au Texas. En 1956, Marion King Hubbert expose ses conclusions devant le « Petroleum Institute » de San Antonio. Raillée, moquée, la théorie du quinquagénaire se vérifiera pourtant. En 1970, comme annoncé.
Dès les « seventies » est, en effet, observé un déclin des derricks –les Etats-Unis étant, depuis, « condamnés » à importer plus de la moitié de leurs approvisionnements. Pour autant, Marion King Hubbert n’est pas entré au panthéon de l’or noir…
ONE BILLION. Aujourd’hui –tandis qu’en surfant largement au-dessus des 120 dollars, les cours du brut semblent s’inspirer d’une doctrine aérienne (« the sky is the limit ») – , le pic pétrolier prévu par Hubbert ne cesse d’alimenter les débats. Et de diviser la communauté scientifique, sinon d’inquiéter la Maison Blanche. Car la prédiction énergétique s’appuie dorénavant sur deux certitudes. Primo, les sources d’huiles s’épuiseront. Secundo, depuis 1860, l’Humanité en a déjà extrait et consommé environ un billion (mille milliards) de barils. Le reste n’est que conjectures. Ou presque.
Combien de litres sommeillent encore sous les terres et les océans ? Quand la production mondiale atteindra-t-elle l’inévitable sommet, avant de s’écrouler ? En août 2009 en tous cas, l’économiste en chef de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol, a dûment confirmé la menace pesant sur une éventuelle reprise économique car « la plupart des grands champs pétrolifères ont désormais passé leur pic de production»… Selon l’économiste en chef de l’AIE, qui représente les intérêts des pays industrialisés, de nombreux gouvernements ne semblent pas réaliser combien les réserves de pétrole s’amenuisent plus rapidement que prévu, d’autant que le pic de production globale devrait survenir dans une dizaine d’années –soit une décennie plus tôt que ce qui avait été envisagé jusqu’alors. Preuve supplémentaire ? Une estimation effectuée sur plus de huit cents des principaux champs pétrolifères au monde vient de le confirmer : la plupart de ces gisements ont d’ores et déjà dépassé la première moitié de leurs réserves, lesquelles fondent deux fois plus rapidement que ce qui avait été calculé.
La demande croissante (boostant les prix), les grandes compagnies continuent néanmoins à s’engager dans l’exploitation effrénée des sous-sols de plus en plus difficiles d’accès, nécessitant le développement de technologies infiniment coûteuses : forages horizontaux, offshore « ultra-profond » (plus de 1.500 mètres), meilleurs taux de récupération (en moyenne, seuls 35 % des hydrocarbures enfermés dans les champs sont extraits)… Mais cette série d’exploits technologiques n’empêchent pas les multinationales du pétrole de prendre des risques insensés dans le seul souci de faire le maximum d’économies. Ainsi l’explosion de la plate-forme de forage Deepwater Horizon (le 20 avril 2010) qui a causé la mort de 11 personnes, a déversé 300.000 tonnes de liquide poisseux dans le Golfe du Mexique et entraîné des dégâts écologiques et sociaux inestimables (au bas mot, 100 milliards d’euros à payer par BP). Résultat différé ? Le 3 avril 2011, British Petroleum a reçu, des autorités US, l’autorisation de reprendre ses forages en eaux profondes dans le Golfe du Mexique. On croit rêver. On ne rêve pas.
Evidemment : que l’on considère l’eau, la biodiversité, les ressources minérales ou les combustibles fossiles, c’est à une fatigue généralisée de l’environnement que l’on assiste à l’échelle planétaire ; une fatigue qui excède très largement la seule question des hydrocarbures. N’empêche : dans ce domaine aussi, la nécessité de dégager l’Humanité d’une impasse environnemenatle autodestructrice appelle un réexamen fondamental des modèles de production et de consommation –lesquels devraient s’appuyer sur les principes de prévention, de précaution et de préservation.
Or aujourd’hui, la croissance (en tant que mode d’accumulation sans fin du capital) a manifestement atteint ses limites : la croissance est devenue anti-économique, antisociale et anti-écologique… D’où la question : comment en sortir pour s’en sortir ?
REALISME SOCIALISTE…? Au dé but des an nées 1990, l’Union So vié tique s’est ef fon drée. Pour Cuba, dont une grande part de l’économie dépend alors de l’URSS, le traumatisme est consi dé rable. Du jour au len de main, plus d’essence, plus de cé réales ni de viande ni de ha ri cots, plus de pes ti cides ni d’engrais, et plus de dé bou chés pour les cultures d’exportation. Qui plus est, l’île se trouve privée de 70 % de son pétrole (un produit essentiel que Moscou lui fournissait à prix bradés…). Une situation alarmiste : en raison de l’embargo US, le pays est dans l’impossibilité de se tourner vers d’autres fournisseurs. Sur le coup, l’agriculture intensive (la plus performante d’Amérique Latine à l’époque) est tétanisée, dans l’impossibilité de produire, et les transports complètement paralysés. Selon un Rapport rédigé par Oxfam, « dans les villes, les bus ne circulaient plus, les générateurs ne produisaient plus d’électricité, les usines ne tournaient plus. Pour la toute grande majorité des Cubains, il n’y avait plus qu’une seule obsession occupant toutes leurs journées : trouver assez à manger ». Autant le prononcer sans fard : l’économie et la société cubaines vont faillir y rester (le PIB s’effondre de 44 % en deux ans) et le pays échappe de peu à la famine : dans la période de transition des cinq années qui suivent, les Cubains maigrissent de 10 à 15 kilos en moyenne (leur apport calorique journalier chute d’un tiers)… « Essayez d’imaginer un avion qui perdrait soudainement ses réacteurs. Ce fut réellement un crash ». Un crash qui va instantanément entraîner Cuba au bord de la catastrophe. Les coupures de courant deviennent une dictature, jusqu’à 16 heures par jour.
Plus de pétrole, plus d’engrais, plus de pesticides : comment s’en sortir ? Obligation faisant vertu, Cuba se trouve obligé de se tourner vers un autre type d’agriculture et, vu la disette qui menace, d’inciter tout un chacun à cultiver des légumes là où c’est possible, même dans les villes ! Incroyable : depuis 1995, le régime alimentaire cubain est ainsi devenu quasi exclusivement végétarien ; 50% des légumes consommés à la Havane sont produits à l’intérieur de la capitale, tandis que les autres villes, agglomérations et villages assurent entre 80 et 100% de leurs besoins de manière autosuffisante.
Les Cubains ont donc commencé, par nécessité, à faire pousser des légumes organiques, à développer des fertilisants biologiques (substitutifs aux produits dérivés du pétrole), et à varier du tout au tout leur régime alimentaire. Depuis la transition d’une agriculture intensive (à base de pétrochimie) à une culture et jardinage organiques, Cuba consomme 21 fois moins de pesticides qu’avant « la Période Spéciale ». Puisqu’ils ne peuvent plus faire rouler leurs vieilles voitures, les gens se mettent à marcher, à faire du vélo, à prendre le bus, à organiser le covoiturage.
« Comment Cuba a survécu au pic pétrolier » est donc un reportage éloquent, sans jamais être grandiloquent. Au contraire, il montre sans forfanterie combien les initiatives locales et nationales, les valeurs d’entraide et de coopération ont permis aux Cubains d’affronter une crise sociétale majeure de façon spectaculaire et… heureuse.
Réalisé par des cinéastes complètement made in USA, « How Cuba Survived Peak Oil » cumule ainsi une double performance. Indiquer –aux populations des pays développés, tyrannisés par une totale dépendance au pétrole– une perspective, des alternatives concrètes. Et lever les préjugés américains face à Cuba, en montrant le peuple cubain tel qu’il est.
Jean FLINKER
Cinéma ARENBERG
26 Galerie de la Reine
USA 2006 Durée 53 minutes
Prix d’entrée 6,6 euros
y compris pour le débat (sauf les Article 27)
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