Ce samedi 29 octobre de 11h à 13h au Cinéma Arenberg
Onzième séance du cycle de “Sensibilisation à l’analyse cinématographique”
Le temps éclaté ou la narration subjective
“Hiroshima mon amour” (1/2)
” Les gouvernements démocratiques n’ont su résister à la tentation de sauver la vie de leurs citoyens en considérant que celle des ennemis était totalement sacrifiable. Les bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945 n’étaient pas indispensables à la victoire, alors acquise. C’était un moyen de sauver la vie de soldats américains. Mais peut-être l’idée qu’elles empêcheraient l’URSS, allié des Etats-Unis, de revendiquer un rôle de premier plan dans la défaite du Japon, n’était pas non plus étrangère à la décision prise par les responsables américains. ” (Eric HOBSBAUM in L’Age des extrêmes — Histoire du court XXe siècle. )
“Il arrive que le contexte historique imprègne le cours du film et modifie ma manière de le voir et de le concevoir. C’est mon seul rapport concret et authentique à l’histoire du siècle. Cela a commencé avec Hiroshima et puis continué dans mes autres films. ” (Alain RESNAIS)
En 1958, Argos passe commande à Alain Resnais d’un documentaire d’une heure sur l’explosion d’Hiroshima. “J’ai proposé que Marker soit le scénariste et l’auteur du commentaire. Après nous être fait projeté une demi douzaine de documentaires japonais et anglais que nous avons trouvé remarquables , nous avons conseillé aux producteurs d’en acheter les droits et de les exploiter en France. Mais que nous ne pouvions rien leur ajouter. ” La rencontre avec Marguerite Duras change la perspective. “Nous sommes partis vers un film très différent. Nous avons constaté que même en 1958, des bombes atomiques tournaient perpétuellement autour de la terre, prêtes à faire exploser la planète. Et bien nous pouvions vivre tranquillement comme si de rien n’était. Alors plutôt que de faire un film sur la bombe atomique, qui était la commande de départ, nous avons eu l’envie de faire un film sur l’idée de la bombe atomique, présente en arrière fond, qui ne serait pas présente directement à l’écran. Je voyais une jeune femme seule à la terrasse d’un café ; le café disparaissait brusquement et la place devenait déserte. Puis, j’ai eu l’idée de deux histoires qui s’imbriqueraient l’une dans l’autre et qui seraient toutes les deux racontées au présent. Dans mes conversations avec Marguerite Duras j’utilisais l’image de deux peignes entre-croisés. C’est plutôt la conscience de l’héroïne qui absorbe les difficiles images de l’ouverture. Tout passe par ses mots, ses idées, ses engagements. Il fallait que l’héroïne ait également vu ces films, elle le dit d’ailleurs et c’est la seule chose qu’elle ait vu des effets de la bombe. Dans Hiroshima, on peut toujours se demander si les choses ont bien eu lieu ou si elles ne sont pas projetées mentalement par l’héroïne.” (Alain RESNAIS)
C’est ici le montage qui organise les fragments de réalité dans une structure perçue comme du temps s’écoulant dans une conscience. Plus ces images sont fragmentées et fugitives, plus leur degré de réalité s’estompe, et plus elles peuvent être imputées à un univers subjectif et donc exprimer le temps dans sa forme subjective.
Avec des analyses de séquences extraites d“Hiroshima mon amour” d’Alain RESNAIS — 1958 — etc.
Lectures conseillées :
“Avant-Scène Cinéma” n°61 – 62 (spécial Resnais), juillet-septembre 1966.
COLPI Henri, “Hiroshima mon amour, la musique du film”, ed. Premier plan. Serdoc, 1959.
DURAS Marguerite, “Hiroshima mon amour, scénario et dialogues”, ed. Gallimard, 1960.
LEUTRAT Jean-Louis, “Hiroshima mon amour”, ed. Armand Collin, 2008.
NAVACELLE de Marie-Christine (sous la direction de), “Tu n’as rien vu à Hiroshima”, ed. Gallimard, 2009.
“Hiroshima mon amour” Coffret dvd, Argos/Arte 2009.
Prochaine séance prévue le samedi 26 novembre 2011.
PAF : 5 €
Pour toute information : 02 512 97 21