Cours de cinéma à l’Arenberg ! Analyse d’ ”Hiroshima mon amour” (1/2)

29.10 2011 /
11h>13h au Cinéma Arenberg. Galerie de la Reine, 28 - 1000 Bruxelles

Ce samedi 29 octobre de 11h à 13h au Cinéma Arenberg

Onzième séance du cycle de “Sen­si­bi­li­sa­tion à l’a­na­lyse cinématographique” 

Le temps écla­té ou la nar­ra­tion subjective

“Hiro­shi­ma mon amour” (1/2)

” Les gou­ver­ne­ments démo­cra­tiques n’ont su résis­ter à la ten­ta­tion de sau­ver la vie de leurs citoyens en consi­dé­rant que celle des enne­mis était tota­le­ment sacri­fiable. Les bombes ato­miques lar­guées sur Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki en 1945 n’é­taient pas indis­pen­sables à la vic­toire, alors acquise. C’é­tait un moyen de sau­ver la vie de sol­dats amé­ri­cains. Mais peut-être l’i­dée qu’elles empê­che­raient l’URSS, allié des Etats-Unis, de reven­di­quer un rôle de pre­mier plan dans la défaite du Japon, n’é­tait pas non plus étran­gère à la déci­sion prise par les res­pon­sables amé­ri­cains. ” (Eric HOBSBAUM in L’Age des extrêmes — His­toire du court XXe siècle. )

“Il arrive que le contexte his­to­rique imprègne le cours du film et modi­fie ma manière de le voir et de le conce­voir. C’est mon seul rap­port concret et authen­tique à l’his­toire du siècle. Cela a com­men­cé avec Hiro­shi­ma et puis conti­nué dans mes autres films. ” (Alain RESNAIS)

En 1958, Argos passe com­mande à Alain Resnais d’un docu­men­taire d’une heure sur l’ex­plo­sion d’Hi­ro­shi­ma. “J’ai pro­po­sé que Mar­ker soit le scé­na­riste et l’au­teur du com­men­taire. Après nous être fait pro­je­té une demi dou­zaine de docu­men­taires japo­nais et anglais que nous avons trou­vé remar­quables , nous avons conseillé aux pro­duc­teurs d’en ache­ter les droits et de les exploi­ter en France. Mais que nous ne pou­vions rien leur ajou­ter. ” La ren­contre avec Mar­gue­rite Duras change la pers­pec­tive. “Nous sommes par­tis vers un film très dif­fé­rent. Nous avons consta­té que même en 1958, des bombes ato­miques tour­naient per­pé­tuel­le­ment autour de la terre, prêtes à faire explo­ser la pla­nète. Et bien nous pou­vions vivre tran­quille­ment comme si de rien n’é­tait. Alors plu­tôt que de faire un film sur la bombe ato­mique, qui était la com­mande de départ, nous avons eu l’en­vie de faire un film sur l’i­dée de la bombe ato­mique, pré­sente en arrière fond, qui ne serait pas pré­sente direc­te­ment à l’é­cran. Je voyais une jeune femme seule à la ter­rasse d’un café ; le café dis­pa­rais­sait brus­que­ment et la place deve­nait déserte. Puis, j’ai eu l’i­dée de deux his­toires qui s’im­bri­que­raient l’une dans l’autre et qui seraient toutes les deux racon­tées au pré­sent. Dans mes conver­sa­tions avec Mar­gue­rite Duras j’u­ti­li­sais l’i­mage de deux peignes entre-croi­sés. C’est plu­tôt la conscience de l’hé­roïne qui absorbe les dif­fi­ciles images de l’ou­ver­ture. Tout passe par ses mots, ses idées, ses enga­ge­ments. Il fal­lait que l’hé­roïne ait éga­le­ment vu ces films, elle le dit d’ailleurs et c’est la seule chose qu’elle ait vu des effets de la bombe. Dans Hiro­shi­ma, on peut tou­jours se deman­der si les choses ont bien eu lieu ou si elles ne sont pas pro­je­tées men­ta­le­ment par l’hé­roïne.” (Alain RESNAIS)

C’est ici le mon­tage qui orga­nise les frag­ments de réa­li­té dans une struc­ture per­çue comme du temps s’é­cou­lant dans une conscience. Plus ces images sont frag­men­tées et fugi­tives, plus leur degré de réa­li­té s’es­tompe, et plus elles peuvent être impu­tées à un uni­vers sub­jec­tif et donc expri­mer le temps dans sa forme subjective.

Avec des ana­lyses de séquences extraites d“Hiroshima mon amour” d’A­lain RESNAIS — 1958 — etc.

Lec­tures conseillées : 

“Avant-Scène Ciné­ma” n°61 – 62 (spé­cial Resnais), juillet-sep­tembre 1966.

COLPI Hen­ri, “Hiro­shi­ma mon amour, la musique du film”, ed. Pre­mier plan. Ser­doc, 1959.

DURAS Mar­gue­rite, “Hiro­shi­ma mon amour, scé­na­rio et dia­logues”, ed. Gal­li­mard, 1960.

LEUTRAT Jean-Louis, “Hiro­shi­ma mon amour”, ed. Armand Col­lin, 2008.

NAVACELLE de Marie-Chris­tine (sous la direc­tion de), “Tu n’as rien vu à Hiro­shi­ma”, ed. Gal­li­mard, 2009.

“Hiro­shi­ma mon amour” Cof­fret dvd, Argos/Arte 2009.

Pro­chaine séance pré­vue le same­di 26 novembre 2011.


PAF : 5 €

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