Cours de cinéma à l’Arenberg ! Analyse d’ ”Hiroshima mon amour” (2/2)

26.11 2011 /
Cinéma Arenberg - Galerie de la Reine, 28 - 1000 Bxl

Ce same­di 26 novembre de 11h à 13h au Ciné­ma Arenberg

Dou­zième séance du cycle de “Sen­si­bi­li­sa­tion à l’a­na­lyse cinématographique” 

Le temps écla­té ou la nar­ra­tion subjective 

“Hiro­shi­ma mon amour” (2/2)


“Impos­sible de par­ler de Hiro­shi­ma. Tout ce qu’on peut faire c’est de par­ler de l’im­pos­si­bi­li­té de par­ler de Hiro­shi­ma. La connais­sance de Hiro­shi­ma étant a prio­ri posée comme un leurre exem­plaire de l’esprit.
Ce début, ce défi­lé offi­ciel des hor­reurs déjà célé­brées de Hiro­shi­ma, évo­qué dans un lit d’hô­tel, cette évo­ca­tion sacri­lège, est volon­taire. On peut par­ler de Hiro­shi­ma par­tout, même dans un lit d’hô­tel, au cours d’a­mours de ren­contre, d’a­mours adul­tères. Les deux corps des héros, réel­le­ment épris nous le rappelleront.
Ce qui est vrai­ment sacri­lège, si sacri­lège il y a, c’est Hiro­shi­ma même. Ce n’est pas la peine d’être hypo­crite et de dépla­cer la ques­tion. Et c’est là un des des­seins majeurs du film, en finir avec la des­crip­tion de l’hor­reur par l’hor­reur, car cela a été fait par les Japo­nais eux-mêmes, mais faire renaître cette hor­reur de ces cendres en la fai­sant s’ins­crire en un amour qui sera for­cé­ment par­ti­cu­lier et émer­veillant. Et auquel on croi­ra davan­tage que s’il était pro­duit par­tout ailleurs dans le monde, dans un endroit que la mort n’a pas conser­vé (…) Si cette condi­tion n’é­tait pas tenue, ce film, encore une fois, ne serait qu’un film de com­mande de plus, sans aucun inté­rêt sauf celui d’un docu­men­taire roman­cé. Si cette condi­tion est tenue, on abou­ti­ra à une espèce de faux docu­men­taire qui sera bien plus pro­bant de la leçon de Hiro­shi­ma qu’un docu­men­taire de commande. (…) 

Ils se réveille­ront. Ils par­le­ront de chose et d’autre et aus­si de Hiro­shi­ma. Pour­quoi pas ? C’est bien natu­rel. Nous sommes à Hiro­shi­ma. (…) Ils par­le­ront aus­si de son pas­sé à elle.
Elle a été ton­due à Nevers, en 1944, à vingt ans. Son pre­mier amant était un Alle­mand. Tué à la Libé­ra­tion. Elle est res­tée dans une cave, ton­due, à Nevers. 

Pour­quoi avoir choi­si ce mal­heur per­son­nel ? Sans doute parce qu’il est éga­le­ment, lui même, un abso­lu. Tondre une fille parce qu’elle a aimé d’a­mour un enne­mi offi­ciel de son pays, est un abso­lu et d’hor­reur et de bêtise. (…) 

Et ils repar­le­ront encore d’eux-mêmes. Imbri­ca­tion encore une fois de Nevers, et de l’a­mour, de Hiro­shi­ma et de l’amour.” 

(Mar­gue­rite DURAS “Hiro­shi­ma mon amour” — synop­sis, NRF, 1960)

“A l’o­ri­gine d’une oeuvre, il y a tou­jours une idée. L’i­dée de Hiro­shi­ma mon amour est celle-ci:la mémoire étant une forme de l’ou­bli, l’ou­bli ne peut s’ac­com­plir tota­le­ment qu’une fois que la mémoire a elle-même tota­le­ment accom­pli son oeuvre. Vis-à-vis de son amant japo­nais, la jeune actrice qui tourne à Hiro­shi­ma un film sur la bombe ato­mique se trouve, qua­torze ans plus tard, dans une situa­tion com­pa­rable à celle qu’elle avait vécue, pen­dant la guerre, avec un sol­dat alle­mand. Toute la démarche du film consiste à lui faire décou­vrir cette simi­li­tude, la com­prendre et s’en délivrer.”
(Robert PINGAUD “Alain RESNAIS”, Pre­mier plan n°18, octobre 1961)

Avec des ana­lyses de séquences extraites d“Hiroshima mon amour” d’A­lain RESNAIS — 1958 — etc.

Lec­tures conseillées :

“Avant-Scène Ciné­ma” n°61 – 62 (spé­cial Resnais), juillet-sep­tembre 1966.

COLPI Hen­ri, “Hiro­shi­ma mon amour, la musique du film”, ed. Pre­mier plan. Ser­doc, 1959.

DURAS Mar­gue­rite, “Hiro­shi­ma mon amour, scé­na­rio et dia­logues”, ed. Gal­li­mard, 1960.

LEUTRAT Jean-Louis, “Hiro­shi­ma mon amour”, ed. Armand Col­lin, 2008.

NAVACELLE de Marie-Chris­tine (sous la direc­tion de), “Tu n’as rien vu à Hiro­shi­ma”, ed. Gal­li­mard, 2009.

“Hiro­shi­ma mon amour” Cof­fret dvd, Argos/Arte 2009.

Pro­chaine séance pré­vue le …


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