Le cinéma d’Attac présente :
Un documentaire sensationnel de David LEAF et John SCHEINFELD avec Tariq Ali, Carl Bernstein, Noam Chomsky, Walter Cronkite, Mario Cuomo, Angela Davis, Yoko Ono Lennon, G. Gordon Liddy, George McGovern et Richard Nixon…
Dès 20 heures 30 précises,
LE GRAND DÉBAT : « A QUOI SERVENT LES ÉTATS-UNIS…?»
avec Jean BRICMONT auteur de « L’Impérialisme humanitaire »
(Editions ADEN)
AN AMERICAN DREAM…
Dans l’extraordinaire A day in the Life, les deux inspirés rapportent :
« J’ai lu dans le journal d’aujourd’hui, quel truc !
L’histoire d’un type qui a réussi
C’était plutôt une nouvelle triste
Mais je n’ai pas pu m’empêcher de rigoler
Il y avait sa photographie
Il s’est fait sauter le caisson dans sa voiture
Il ne s’était pas aperçu que les feux avaient changé»…
Entre 1962 et 1968, John Lennon et Paul McCartney ont déjà écrit cent cinquante chansons. Et leurs albums vynile se sont vendus à 225 millions d’exemplaires.
Mais en pleine Beatlemania, Lennon va prendre ses distances, comme pour marquer sa volonté de mener une aventure à la première personne. Multimillionnaire en dollars, John n’a pourtant jamais su oublier ses origines prolétaires. Lucide, il analyse ainsi les succès infâmants des Fab Four : « C’était le même jeu bidon que la société jouait avec les Noirs, qui avaient le droit d’être des boxeurs ou des amuseurs publics. Maintenant l’issue, c’est d’être une rock star. Mais ce sont toujours les mêmes gens qui ont le pouvoir. Le système de classe n’a pas changé ».
POWER TO THE PEOPLE. En 1971, quelques mois après l’annonce de la séparation des Beatles, John Lennon arrive aux Etats-Unis. Il vient d’enregistrer l’album Imagine et une série de singles militants dont Give Peace a Chance, et Power to the People. A peine débarqué, il est happé dans l’orbite des militants radicaux, au sens américain du terme –les yippies (comme Jerry Rubin) ou les Black Panthers (à l’enseigne de Bobby Seale).
« Le héros de la classe ouvrière », comme il venait de se décrire dans une chanson, accepte aussitôt de donner concert pour dénoncer l’assassinat de détenus noirs abattus au cours d’émeutes dans plusieurs pénintenciers fédéraux. Un mois après, il se porte au secours de John Sinclair, militant pour la légalisation du cannabis, qui vient d’être condamné à la prison à vie : dans le concert de soutien organisé dans le Michigan, Lennon apparaît sur scène aux côtés de Yoko Ono, Phil Ochs, Stevie Wonder et plein d’autres activistes pacifistes. Sinclair est libéré dès le lendemain. Trop fort. Quelques jours plus tard, Lennon apprend qu’il est l’objet d’une procédure d’expulsion du territoire américain, en raison d’une ancienne condamnation pour détention de stupéfiants. Désormais, il est dans le collimateur du FBI et y restera jusqu’à la fin…
Qui plus est, même en Angleterre, son propre pays, le chanteur anti-conformiste deviendra persona non grata pour avoir condamné les tirs de l’armée anglaise sur 14 civils irlandais durant le Bloody Sunday de janvier 1972. Choqué par l’événement, le chanteur a en effet expliqué qu’il préférait être du côté de l’IRA plutôt que de celui de l’armée britannique. Lennon écrira deux chansons en référence à cet épisode : The Luck of the Irish et Sunday Bloody Sunday (où il exprime son soutien aux catholiques)…
ACTIVISME. Les USA contre John Lennon raconte cette histoire passionnante, replace l’activisme de John Lennon (et la prise de conscience sociopolitique qu’il incarne) dans le contexte des années 70. La guerre du Vietnam, le radicalité de la nouvelle gauche, l’affaire du Watergate..: le film fait intervenir plusieurs des personnalités marquantes de l’époque –dont les activistes politiques afro-américains Angela Davis et Bobby Seale ; les journalistes Carl Bernstein et Walter Cronkite ; les représentants de l’administration Nixon (G. Gordon Liddy et John Dean); le vétéran du Vietnam et militant anti-guerre Ron Kovic ; le romancier et historien américain Gore Vidal ; l’ancien gouverneur de New York Mario Cuomo ; et le sénateur et candidat démocrate aux élections présidentielles George McGovern.
C’est cependant John Lennon qui reste la voix dominante du documentaire. Soutenu par sa musique, le film dresse le portrait d’un homme public et privé que l’on connaît peu, un jeune homme charismatique, plein d’humour et de principes élevés qui refuse de se taire devant l’injustice.
En 1972, craignant que les activités pacifistes et le soutien de Lennon au démocrate George McGovern ne coûtent sa réélection à Richard Nixon, le gouvernement américain tente de chasser le chanteur du pays. En effet, en février, John Lennon est cité dans un rapport confidentiel de la Commission à la sécurité intérieure, au sujet de militants de gauche en pleine campagne anti-Nixon : « Ces gauchistes, notamment Rennie Davis, déjà arrêté pour des participations à des actions de ce type lors du rassemblement du parti démocrate à Chicago en 1968, prévoient d’utiliser John Lennon afin de recruter le plus de gens possible ». En conséquence, Nixon lui-même va personnellement exigé que la popstar soit désormais surveillée, localisée et écoutée. Plus : certaines chansons du musicien sont interdites et il est constamment suivi, selon ses dires, par des agents du FBI, qui ne cherchent même pas à se cacher : « J’ouvrais ma porte, et hop ! Il y avait un gars en faction de l’autre côté de la rue. Ils me suivaient partout, tout le temps ! Et surtout, ils tenaient à ce que je m’en rende compte !».
SUR ECOUTE. Les procédures pour l’expulser débutent le mois suivant, se fondant (comme déjà mentionné) sur un délit de possession de cannabis datant de 1968, alors que Lennon résidait encore à Londres. S’ensuivent quatre ans de procès. Le 16 mars 1972, Lennon reçoit son ordre d’expulsion du territoire américain. Toutefois, il parvient à le récuser, grâce au soutien de nombreuses personnalités, via une pétition signée entre autres par Bob Dylan, Fred Astair et même John Lindsay, alors maire de New York. Les problèmes de Lennon avec l’administration américaine ne l’empêchent pas de continuer son action. Et de publier un nouvel album, Some Time in New York City, de loin son disque le plus engagé politiquement.
Scrupuleusement documenté et remarquablement vivant, Les USA contre Lennon fait ainsi la lumière sur un chapitre méconnu de l’histoire du monde moderne : comment la présidence Nixon et son administration ont utilisé la machinerie gouvernementale pour mener une guerre secrète contre le musicien le plus populaire du monde. Considéré comme le leader idéologique de la contre-culture, donc l’ennemi d’Etat, Lennon sera la cible d’une guerre secrète, clandestine et conjointe du M15 britannique et du FBI –dirigé alors par une véritable ordure : J. Edgar Hoover.