Filmer pour exister : à Bruxelles, un voyage à travers les archives palestiniennes

20.11 > 19.12 2025 /
cinéma Nova - 3 rue d’Arenberg, 1000 Bruxelles

À Bruxelles, le Ciné­ma Nova pro­pose à par­tir du 20 novembre une pro­gram­ma­tion inédite autour des archives audio­vi­suelles pales­ti­niennes, depuis la lutte pour leur sau­ve­garde jusqu’à leur réap­pro­pria­tion par des cinéastes pales­ti­niens contemporains…

Pales­ti­nian Archives – Frag­ments d’une mémoire volée est le titre d’une pro­gram­ma­tion qui va se déployer sur un mois, tra­ver­sant plu­sieurs décen­nies d’histoire, tout en met­tant l’accent sur la pré­ser­va­tion des images d’archives face aux poli­tiques colo­niales confis­quant l’histoire pour mieux effa­cer la pré­sence du peuple pales­ti­nien sur ses terres.

Au cœur de ce pro­jet : les films pro­duits par la Pales­tine Film Unit, créée en 1968 au sein de l’Organisation de libé­ra­tion de la Pales­tine (OLP), et qui ont bri­sé l’image don­née jusqu’alors aux Pales­ti­niens par le ciné­ma colo­nial – celle de sil­houettes anec­do­tiques, petits pay­sans arabes, relé­gués à l’arrière-plan de pay­sages grandioses.

Long­temps por­tés dis­pa­rus, après avoir été sai­sis par Israël lors du siège de Bey­routh en 1982, les films de la Pales­tine Film Unit fini­ront par resur­gir au fil du temps dans dif­fé­rents pays, au gré des liens révo­lu­tion­naires tis­sés à tra­vers le monde. La Ciné­ma­thèque de Tou­louse conserve actuel­le­ment une par­tie de cette col­lec­tion. Elle a per­mis au Nova de sélec­tion­ner quelques films, qui seront pro­je­tés lors d’un week-end spé­cial les 12, 13 et 14 décembre, en pré­sence notam­ment de l’historienne du monde arabe Jihane Sfeir (Uni­ver­si­té libre de Bruxelles) et de l’historienne et poli­tiste Sté­pha­nie Latte Abdal­lah (CNRS).

En paral­lèle, la salle indé­pen­dante bruxel­loise s’intéressera aux soli­da­ri­tés inter­na­tio­nales qui ont valu à la lutte pales­ti­nienne d’être épau­lée par des cinéastes du monde entier — à l’image du Liba­nais Jean Cha­moun, de l’Allemande Moni­ca Mau­reur ou du Sué­dois Per-Åke Holm­quist, dont des films sont annon­cés. Moha­nad Yaqu­bi, cinéaste et pro­duc­teur ori­gi­naire de Ramal­lah, pré­sen­te­ra deux docu­men­taires : R21 aka Res­to­ring Soli­da­ri­ty, qui che­mine à tra­vers une col­lec­tion de films sur la Pales­tine retrou­vée à Tokyo, et Off Frame aka Revo­lu­tion Until Vic­to­ry, qui exhume une par­tie de la pro­duc­tion pro­li­fique de la Pales­tine Film Unit. La réa­li­sa­trice Reem Shil­leh accom­pa­gne­ra Per­pe­tual Recur­rences (An Exer­cise in Film Pro­gram­ming), dans lequel elle tisse entre eux une ving­taine de films évo­quant la Pales­tine et tour­nés sur quatre décen­nies par des réa­li­sa­teurs alle­mands, ita­liens, fran­çais ou japo­nais. Le Nova pro­jet­te­ra Israel Pales­tine on Swe­dish TV 1958 – 1989, le long et pas­sion­nant docu­men­taire de Göran Hugo Ols­son, qui retrace 30 ans d’histoire de la région à tra­vers le regard de la télé­vi­sion sué­doise. Fran­çois Dubuis­son, spé­cia­liste en droit inter­na­tio­nal, com­plè­te­ra ce pano­ra­ma avec une confé­rence sur la manière dont le conflit israé­lo-pales­ti­nien est repré­sen­té à l’écran.

Michel Khlei­fi, figure cen­trale du ciné­ma pales­ti­nien de l’après-1982, par­ti­ci­pe­ra à plu­sieurs soi­rées au Nova. Il accom­pa­gne­ra son film Ma’loul fête sa des­truc­tion, en com­pa­gnie de l’historien israé­lien Ilan Pap­pé. Et il intro­dui­ra L’Olivier : qui sont les Pales­ti­niens ?, l’un des pre­miers films fran­co­phones à avoir don­né corps à l’existence du peuple pales­ti­nien et à son com­bat. Serge Le Péron, un des co-réa­li­sa­teurs du film, rejoin­dra Michel Khlei­fi pour en débattre.

Tout au long de ces quatre semaines, un focus sera éga­le­ment consa­cré au cinéaste Kamal Alja­fa­ri, dont les films (A Fidai Film, Port of Memo­ry, Recol­lec­tion…) explorent les manières de recons­truire la mémoire palestinienne.

Pales­ti­nian Archives – Frag­ments d’une mémoire volée sera aus­si l’occasion de décou­vrir les courts métrages de Mah­moud Al-Haj, qui mêlent archives per­son­nelles, images satel­lites et cap­ta­tions mili­taires ; le tra­vail de réap­pro­pria­tion d’archives colo­niales mené par le cinéaste liba­no-gre­co-pales­ti­nien Theo Pana­go­pou­los ; ou encore l’exposition I’m Still Alive de Mai­sa­ra Baroud, des­si­na­teur ori­gi­naire de Gaza et désor­mais réfu­gié à Marseille.

En marge de ce foi­son­nant pro­gramme d’archéologie visuelle, le Nova consacre éga­le­ment une soi­rée, le 5 décembre, aux résis­tances en Israël. Fré­dé­rique Devil­lez y pré­sen­te­ra des extraits du film Yeri­da Should I Stay or Should I Go ? qu’elle est en train de réa­li­ser, Eitan Bron­stein y bros­se­ra un por­trait des groupes qui luttent en Israël contre l’apartheid ou le colo­nia­lisme, et le duo Elik Har­paz & Ayah inter­pré­te­ra ses chan­sons, dont la mémo­rable Geno­cide Song.

Pales­ti­nian Archives – Frag­ments d’une mémoire volée : du 20 novembre au 19 décembre 2025 au Ciné­ma Nova, 3 rue d’Arenberg, 1000 Bruxelles.

Pro­gramme com­plet : www.nova-cinema.org