Formation au Langage Cinématographique
Cycle consacré au montage et à l’âge d’or du Cinéma Soviétique
Samedi 13 juin 2015 à 11h00 (jusqu’à 14h)
à l’Université Populaire de Bruxelles
Rue de la Victoire 26
1060 Bruxelles
Analyser un film, c’est non seulement interroger une continuité cohérente d’images et de sons génératrice de sens : que me dit-on ? Mais c’est aussi interroger les moyens utilisés par le cinéaste pour la produire : comment me le dit-on ?
Au cours de ses années d’enseignement, Thierry Odeyn (professeur de réalisation et d’analyse à l’Insas et à l’Ihecs) a “inventé” une exigence du regard, une approche du réel longuement réfléchie qui a déjà formé plusieurs générations de cinéastes auxquels il a inculqué le désir de témoigner du monde. Sa démarche pédagogique est essentiellement basée sur l’apprentissage du regard, hors de toute convention, de tout académisme. Il faut, au préalable, se constituer les fondements d’une mémoire cinématographique, d’un héritage de références et de réflexions qui permettront ensuite aux futurs cinéastes et spectateurs d’inscrire leur propre démarche dans le prolongement de celles de leurs aînés.
En alternant théorie et extraits de films, Thierry Odeyn poursuit, termine le cycle de modules de formation entamé la saison dernière.
Chaque module peut-être vu indépendament des autres, il n’est pas indispensable d’avoir assisté aux séances précédentes.
MISERE AU BORINAGE
Il nous paraissait nécessaire, en cette période de festivités montoise, jusqu’à présent amnésique sur ce pan de son histoire ouvrière, de rappeler les événements de 1932 et d’analyser le film « Borinage » sans doute le premier film belge d’audience internationale.
Extraits projetés :
- Borinage (J. IVENS et H. STORCK) — 1933
- Borinage (J. IVENS et H. STORCK) – 1934 version sonorisée en URSS
- Misère au Borinage (J. IVENS et H. STORCK) 1960 version sonorisée
- A chacun son borinage (W. Hudon) 1977
- Les enfants du Borinage ((P. Jean) 1999 — 1ère version courte
Henri Storck, un metteur en scène belge que je connaissais en qualité de réalisateur documentaire sérieux et honnête vint me proposer l’idée, ou plus précisément la nécessité d’un film. Il me raconta les événements qui s’étaient déroulés au Borinage en 1932 pendant mon absence. En juin les patrons miniers belges avaient imposé une réduction salariale de 5%.
Le lundi 27 juin, 15.000 mineurs borains étaient en grève et le 7 juillet, il y avait 30.000 grévistes au Borinage et 15.000 dans la région du Centre et de Charleroi. L’état de siège était décrété à Mons, Charleroi et Liège ; des véhicules blindés patrouillaient dans les rues ; les gendarmes intervenaient, casqués et baïonnette au canon ; des soldats armés stationnaient dans le bassin houiller et les rassemblements de plus de 5 personnes étaient interdits en rue.
Les conséquences de cette grève furent déplorables. Des mineurs qui avaient joué un rôle actif dans la grève se virent placés sur une liste noire dans tous les charbonnages belges et expulsés de leurs maisons, propriétés des compagnies minières. Des villes-fantômes de maisons abandonnées apparurent alors lorsque les familles de mineurs partirent chercher du travail ailleurs. La terreur systématique s’installa et le moral des mineurs borains atteignit son point le plus bas.
Storck me dit : « Certains de nos amis du Club de l’Ecran, de Bruxelles, veulent réaliser un document filmé sur la situation telle qu’elle se présente au Borinage. Nous pourrions aider ces ouvriers en dévoilant leurs conditions de vie réelles au reste du monde ».
(Joris IVENS, Extrait de Borinage, 1933)