Projection film : GAZA-strophe, le jour d’après

27.01 2011 /
21h30 au Cinéma Arenberg
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EXCEPTIONNELLEMENT

le jeu­di 27 jan­vier à 21 heures 30,
au Ciné­ma Aren­berg (26 Gale­rie de la Reine)

France 2010 Durée 110 minutes

Prix d’entrée unique 6,6 euros y com­pris pour le débat
(sauf les Article 27)

Attac-Bruxelles et
l’As­so­cia­tion Belgo-Palestinienne
vous invitent
à l’a­vant-pre­mière de

« GAZA-STROPHE,
LE JOUR D’APRÈS »

de Samir ABDHALLA et Khé­ri­dine MABROUK

Un film incroyable sur la guerre menée,
22 jours durant, contre la popu­la­tion palestinienne…

Une for­mi­dable enquête établissant
la res­pon­sa­bi­li­té incon­tes­table d’Israël
pour crimes com­mis contre l’Humanité.

Un repor­tage-choc qui vient d’ob­te­nir, coup sur coup,
le Prix inter­na­tio­nal du docu­men­taire méditérranéen
et le Grand Prix « France TV »

Dès 20 heures 30 précises,
LE GRAND DÉBAT :
« LA VÉRITÉ EN FACE…? »

avec, notam­ment,
Samir ABDALLAH
le réa­li­sa­teur du film
Fati­ma EL MOURABITI
qui a par­ti­ci­pé à la flo­tille Free Gaza
dont l’ar­rai­son­ne­ment, le 31 mai,
a cau­sé la mort de 9 personnes,
et Hen­ri WAJNBLUM
de l’U­nion des Pro­gres­sistes Juifs de Belgique

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« EXTERMINEZ TOUTES LES BRUTES…» Same­di 27 décembre 2008.
La der­nière attaque en date est lan­cée contre des Pales­ti­niens sans défenses. Elle a été minu­tieu­se­ment pré­pa­rée, depuis plus de six mois selon la presse israé­lienne. Le plan com­prend deux aspects, l’un mili­taire et l’autre de pro­pa­gande. Il est basé sur les leçons de l’invasion israé­lienne du Liban en 2006, mal pro­gram­mée et peu « expli­quée » au public. 

On peut donc être cer­tains que ce qui a été fait, cette fois, l’a été inten­tion­nel­le­ment. Ain­si en est-il sûre­ment du moment de l’agression : un peu avant midi, quand les enfants sortent de l’école et que la foule s’affaire dans les rues de Gaza den­sé­ment peu­plée. Quelques minutes suf­fi­ront pour tuer plus de 225 per­sonnes et en bles­ser 700. Début de bon augure au mas­sacre en masse de civils sans défense, pris au piège dans une petite cage, sans moyen d’en échapper.
Dans sa rétros­pec­tive « L’in­ven­taire des gains de la guerre à Gaza », le cor­res­pon­dant du New York Times Ethan Bron­ner a clas­sé cet acte comme une réus­site remar­qua­ble­ment signi­fi­ca­tive. Israël a anti­ci­pé l’avantage de paraître « deve­nir fou » en cau­sant une ter­reur tota­le­ment dis­pro­por­tion­née, doc­trine qui remonte aux années 1950. « Les Pales­ti­niens à Gaza ont reçu le mes­sage dès le pre­mier jour, écrit Bron­ner, quand les avions de guerre d’Israël ont frap­pé d’un coup de mul­tiples cibles au beau milieu d’un same­di matin. Envi­ron 200 habi­tants furent tués ins­tan­ta­né­ment, ter­ri­fiant le Hamas et bien sûr tout Gaza ». La tac­tique du « deve­nir fou » semble avoir por­té ses fruits, conclut Bron­ner : « Les Gazaouis res­sentent tel­le­ment de dou­leur qu’ils ne sou­tien­dront plus le Hamas », gou­ver­ne­ment qu’ils ont pour­tant libre­ment élu. 

Dans les annales cri­mi­nelles du couple Israël-Etats-Unis, cette cruau­té et ce cynisme ne méritent pas même une note de bas de page. C’est trop cou­rant. Pour citer un paral­lèle signi­fi­ca­tif : en juin 1982 l’invasion israé­lienne du Liban, ava­li­sée par les Etats-Unis, com­men­ça par le bom­bar­de­ment des camps de réfu­giés pales­ti­niens de Sabra et Sha­ti­la, qui devinrent ensuite les sym­boles des ter­ribles mas­sacres super­vi­sés par les Forces de « Défense » israé­liennes. Le bom­bar­de­ment tou­cha l’hôpital local et tua plus de 200 per­sonnes, selon le témoi­gnage d’un uni­ver­si­taire amé­ri­cain. Cette bou­che­rie fut l’acte d’ouverture d’une héca­tombe qui exter­mi­na quelque 20.000 civils et détrui­sit la plus grande par­tie du Sud Liban ain­si que Bey­routh, avec le sou­tien mili­taire et diplo­ma­tique des Etats-Unis.
Tout cela est nor­mal et com­men­té assez ouver­te­ment par de hauts digni­taires israé­liens. Il y a trente ans, le chef d’état-major Mor­de­chai Gur obser­vait que depuis 1948 « nous avons com­bat­tu une popu­la­tion habi­tant des vil­lages et des villes ». Ou, résu­mé par le plus notoire des ana­lystes mili­taires israé­liens Zeev Schiff, « l’armée israé­lienne a tou­jours, déli­bé­ré­ment et consciem­ment visé les popu­la­tions civiles…; l’armée n’a jamais dis­tin­gué les cibles civiles [des militaires…mais] inten­tion­nel­le­ment atta­qué des objec­tifs civils ». Les rai­sons furent expli­quées par l’éminent homme poli­tique Abba Eban : « Il y avait un but ration­nel, atteint en défi­ni­tive, de tou­cher les popu­la­tions civiles afin qu’elles exercent une pres­sion pour l’arrêt des hos­ti­li­tés ». Le résul­tat, comme l’avait bien com­pris Eban, devait per­mettre à Israël de mettre en œuvre sans obs­tacles son plan d’expansion illé­gale et de répres­sion bru­tale. En fait, Eban com­men­tait l’analyse déve­lop­pée par le pre­mier Ministre Begin concer­nant les attaques pro­mues par le gou­ver­ne­ment tra­vailliste contre des cibles non mili­taires ; Begin, selon les mots d’Eban, don­nait une image d’Israël « infli­geant sans rai­son la mort et l’angoisse à des popu­la­tions civiles, comme le firent des régimes que ni Mena­hem Begin ni moi n’oserions appe­ler par leur nom ». Il faut dire qu’E­ban ne contes­tait pas les faits qu’analysait Begin, mais le cri­ti­quait de les expo­ser publiquement. 

Ces « détails », bien que mineurs, nous apprennent néan­moins quelque chose sur nous-mêmes et nos clients. Comme d’autres détails. Par exemple, quand la der­nière agres­sion amé­ri­ca­no-israé­lienne sur la bande de Gaza a com­men­cé, un petit bateau, la Digni­té, fai­sait route de Chypre vers Gaza. A bord, les méde­cins et les mili­tants des droits de l’Homme avaient l’intention de bri­ser le blo­cus cri­mi­nel impo­sé par Israël et d’apporter de l’aide médi­cale à la popu­la­tion empri­son­née. Le navire a été inter­cep­té dans les eaux inter­na­tio­nales par la marine israé­lienne qui l’avait déjà sévè­re­ment per­cu­té, le cou­lant presque, mais il a réus­si à se traî­ner jusqu’au Liban. Israël a publié ses men­songes ordi­naires, réfu­tés par les jour­na­listes et les pas­sa­gers à bord, y com­pris le cor­res­pon­dant de CNN Karl Pen­haul voire l’ancien repré­sen­tant des États-Unis et can­di­dat pré­si­den­tiel du Par­ti Vert, Cyn­thia McKin­ney. Un crime grave néan­moins pas­sé, sans atti­rer beau­coup l’attention.

Pour­tant, ce manque d’attention a du sens. Pen­dant des décen­nies, Israël a détour­né des bateaux dans les eaux inter­na­tio­nales entre Chypre et le Liban, tuant ou enle­vant leurs pas­sa­gers, les trans­fé­rant par­fois dans des pri­sons en Israël, y com­pris des pri­sons secrètes ou chambres de tor­ture, les déte­nant en otages pen­dant de nom­breuses années. Étant don­né que ces pra­tiques sont cou­rantes, pour­quoi trai­ter ces nou­veaux crimes autre­ment qu’avec un bâillement ?
Les nou­veaux crimes que les Etats-Unis et Israël ont com­mis dans la bande de Gaza ne rentrent pas faci­le­ment dans une caté­go­rie stan­dard, sauf dans une caté­go­rie des plus fami­lières. Lit­té­ra­le­ment, ces crimes relèvent de la défi­ni­tion offi­cielle rele­vée par le gou­ver­ne­ment nord-amé­ri­cain de ce qu’il faut entendre par « ter­ro­risme », mais cette dési­gna­tion ne rend pas compte de leur énormité.
AUTORITES RABBINIQUES. D’au­tant que les délires des diri­geants poli­tiques et mili­taires israé­liens sont émi­nem­ment bénins si on les com­pare aux prêches mys­tiques et sidé­rés émis par les auto­ri­tés rab­bi­niques. Ce ne sont pas des per­son­na­li­tés mar­gi­nales. Au contraire, elles sont très influentes dans l’armée aii que chez les colons, et ont un immense impact émo­tion­nel. Les sol­dats, com­bat­tant dans le nord de Gaza, ont ain­si été gra­ti­fiés d’une visite « cha­ris­ma­tique » de deux grands rab­bins, qui leur ont expli­qué qu’il n’existe pas d’ « inno­cents » à Gaza, que tout le monde y est donc une cible légi­time, en citant un célèbre pas­sage des Psaumes priant le Sei­gneur de sai­sir les enfants des oppres­seurs d’Israël et de les jeter contre les rochers. Les rab­bins ne mar­chaient pas en terre incon­nue. Un an plus tôt, comme le rap­porte le Jéru­sa­lem Post, l’ancien chef rab­bin Séfa­rade a écrit au Pre­mier ministre Olmert, l’informant que tous les civils dans la bande de Gaza sont col­lec­ti­ve­ment cou­pables des tirs roquettes, ain­si il n’y a « abso­lu­ment aucune inter­dic­tion morale au mas­sacre aveugle de civils pen­dant une éven­tuelle offen­sive mili­taire mas­sive sur la bande de Gaza visant à arrê­ter les tirs de fusées ». Son fils, grand rab­bin de Safed, a sur­en­ché­ri : « S’ils ne s’arrêtent pas après que nous en ayons tué cent, alors nous devons en tuer mille, et s’ils ne s’arrêtent pas après mille, alors nous devons en tuer dix mille. S’ils ne s’arrêtent pas, nous devons en tuer cent mille, même un mil­lion. Ce qu’il fau­dra pour les faire ces­ser ». Il s’ensuit que tout Pales­ti­nien, ou qui­conque se trouve sur le che­min de l’impitoyable armée du Saint État, est soit un ter­ro­riste soit une vic­time acci­den­telle de ses justes crimes. 

Qui plus est, le moment de l’invasion de Gaza aura vrai­sem­bla­ble­ment été influen­cé par les pro­chaines élec­tions israé­liennes. Dès les pre­miers jours du car­nage, le com­men­ta­teur israé­lien Ran HaCo­hen a cal­cu­lé qu’Ehud Barak (lequel recu­lait for­te­ment dans les son­dages) a gagné un siège au Par­le­ment pour 40 morts Arabes. 

FATAH-HAMAS. Quelle a été la vraie rai­son de l’attaque israé­lienne ? Nous n’avons pas d’éléments de preuve sur les plans d’Israël, mais nous savons que le raid est inter­ve­nu peu avant des entre­tiens pré­vus entre le Fatah et le Hamas au Caire, visant à « apla­nir leurs diver­gences et à créer un gou­ver­ne­ment uni­fié », signa­lait le cor­res­pon­dant bri­tan­nique Rory McCar­thy. Ce devait être la pre­mière ren­contre Fatah-Hamas depuis la guerre civile de juin 2007 qui a don­né le contrôle de la bande de Gaza au Hamas, et cela aurait été une étape impor­tante pour la diplo­ma­tie. Israël a une longue his­toire de pro­vo­ca­tions en vue de dis­sua­der la menace diplo­ma­tique, cer­taines ayant déjà été men­tion­nées. Ceci en est sûre­ment une autre. 

Une des voix les plus sages en Israël, celle d’Uri Avne­ry, dit qu’après la vic­toire mili­taire israé­lienne, « une cica­trice res­te­ra dans la conscience du monde, l’image d’un monstre taché de sang, Israël, prêt à chaque ins­tant à com­mettre des crimes de guerre et à refu­ser toute contrainte morale. Cela aura de graves consé­quences pour notre futur, notre posi­tion dans le monde et nos chances de par­ve­nir à la paix et au calme. En fin de compte, cette guerre est aus­si un crime contre nous-mêmes, un crime contre l’État d’Israël ». Il y a de bonnes rai­sons de croire qu’il a rai­son. Israël est déli­bé­ré­ment en train de deve­nir le pays le plus haï au monde. Israël est aus­si en train de perdre la confiance de l’Occident, y com­pris celle des jeunes Juifs amé­ri­cains qui sont peu sus­cep­tibles de tolé­rer encore long­temps ses crimes cho­quants. Il y a quelques décen­nies, j’ai écrit que ceux qui se déclarent « par­ti­sans d’Israël » sont en réa­li­té des par­ti­sans de sa dégé­né­res­cence morale et de sa des­truc­tion pro­bable. Mal­heu­reu­se­ment, ce juge­ment semble de plus en plus crédible. 

Pen­dant ce temps, nous obser­vons tran­quille­ment un évé­ne­ment rare dans l’Histoire, ce que le défunt socio­logue israé­lien Baruch Kim­mer­ling appe­lait « poli­ti­cide », le meurtre d’une nation…, à notre porte. 


Noam CHOMSKY,
20 jan­vier 2009


GAZA / STROPHE
Ciné­ma Aren­berg (26 Gale­rie de la Reine)
France 2010 Durée 110 minutes
Prix d’entrée unique 6,6 euros y com­pris pour le débat
(sauf les Article 27)
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