“Je ne suis jamais véritablement advenu en ce monde.” Ralf s’est retiré depuis longtemps dans les terres désolées de Lanzarote. Il vit seul dans les vestiges d’une villa qui surplombe la mer, à deux pas d’un gigantesque barrage abandonné. Rien ne bouge dans ce territoire minéral, si ce n’est la silhouette de l’homme hirsute ou celle d’un chien sans maître qui arpentent les lieux, chacun pour soi, hors du temps civilisé. La voix de Ralf s’adresse à celui qui est venu l’écouter. Elle répond aux questions laissées dans le silence et nous parle d’existence, de survie, de cloison instable entre les vivants et les morts, de l’avenir de l’humanité dans un monde dominé par l’argent et les “compétiteurs”. Lukas Marxt suit les cercles hypnotiques de la pensée de Ralf. Il en saisit les fulgurances comme le miroir du fou capte les éclats de lumières dans la nuit. Une vision puissante, organique, ancrée dans la matière physique et mentale d’un homme que l’on dit “schizophrène”.
+ Saute ma ville
Chantal Akerman, 1968, BE, 16mm, sans dial, , 12′
Chantal Akerman a 18 ans en 1968 lorsqu’elle réalise “Saute ma ville”, film dont elle est l’unique interprète. Elle y joue une jeune fille qui rentre chez elle et agit de façon de plus en plus incohérente. Enfermée dans sa cuisine, elle vide les placards, se cire les mollets et s’étale de la mayonnaise sur le visage tout en chantonnant un air aux intonations crispées et oppressantes en prélude à un final détonant.