Diversités, adversités : Accompagner les familles ?
La rencontre propose des pistes d’actions concrètes pour analyser et comprendre les situations de crise que les familles peuvent traverser (exil, mort ou maladie, conflits de valeurs, choc culturel) et qui exigent une réorganisation pour permettre un nouveau départ. Les intervenants ont contribué à la rédaction d’un ouvrage collectif publié, en 2019, sous la direction de Christine Barras et Altay Manço, L’accompagnement des familles, entre réparation et créativité, aux éditions L’Harmattan. Ils témoignent de leur pratique et de leur expérience pour accompagner les familles non pas en pourvoyeurs de savoirs, mais en partenaires capables de valoriser les ressources de chacun. L’invitation s’adresse, entre autres, aux professionnels de différents secteurs (enfance, jeunesse, enseignement, migrations…) travaillant au contact des familles. Elle aura lieu le jeudi 19 mars de 13 h 30 à 16 h 30, au 111 rue du Midi, à 100 Bruxelles (Gare Centrale, métro De Brouckère), dans le bâtiment de la Mutualité socialiste du Brabant, à l’auditorium Jef Baeck.
L’entrée est gratuite.
Programme / Diversités, adversités : accompagner les familles ?
Rencontre
13 h Altay Manço, directeur scientifique de l’IRFAM
Accueil et introduction
13 h 10 Christine Barras, formatrice à Infor-Drogues, collaboratrice scientifique de l’IRFAM
Présentation de l’ouvrage collectif : L’accompagnement des familles, entre réparation et créativité
13 h 30 Virginie Kolela, psychologue clinicienne, Espace 28
Migrants déboutés : une parentalité à l’épreuve de la précarité de séjour
Je vais vous faire part d’observations cliniques avec des parents et des familles migrantes primo-arrivantes que j’accompagne en tant que psychologue. Ces familles ont en commun de traverser un moment particulier de leur cycle de vie familiale, lequel est marqué par leur situation administrative précaire dans le pays d’accueil. Ils éprouvent des sentiments d’injustice et d’insécurité, liés au risque d’être déboutés du séjour, et l’expérience de vivre une temporalité suspendue durant le traitement de la demande d’asile ou de la régularisation de séjour seront ensuite évoqués. Quel type d’accompagnement psychologique est-il possible de mener avec ces familles, et quels sont les risques ? De manière générale, la souffrance psychique des parents sera questionnée dans ses liens avec la souffrance d’origine sociale, notamment au travers de la dimension de la reconnaissance.
13 h 50 Émile Noël, animateur psychosocial et éducateur spécialisé
Diversité et construction identitaire. « Parole aux parents », un projet inclusif pour familles immigrées
Pendant près de quarante ans, mon parcours m’a conduit à travailler dans différents secteurs des sciences humaines au Canada, en Belgique et en France. J’ai pu analyser des phénomènes de handicap social souvent liés à des postures développées depuis l’enfance. Les parents immigrés ont du mal à concilier les principes éducatifs de leur pays d’origine à ceux prévalant dans un pays d’accueil. Les difficultés vécues par le migrant dans son rôle de parent, et par l’enfant dans celui de gardien d’un héritage culturel sont à comprendre en replaçant l’immigration dans ses conditions historique et sociologique. Les jeunes éprouvent un sentiment de rejet et sont déçus par les institutions qui, aujourd’hui, laissent peu d’espoir de promotion sociale. Le vivre-ensemble sera malgré tout possible quand les principes éducatifs provenant de cultures distinctes trouveront les valeurs morales et sociales à partir desquelles elles peuvent cohabiter, et qu’elles s’accorderont sur les méthodes pédagogiques au-delà des dogmes. Je souhaite parler d’initiatives mises en place pour promouvoir un encadrement social suffisamment ergonomique qui améliorera les rapports des individus avec leur environnement.
14 h 10 Anne-Catherine Dubois, infirmière pédiatrique et doctorante en santé publique, Isabelle Aujoulat, professeur à l’Université catholique de Louvain
Accompagner l’enfant malade
Devenir parent implique un investissement intense pour accompagner son enfant dans les étapes successives de son développement et lui fournir les réponses à ses différents besoins. Ce parcours peut être perturbé par l’irruption de la maladie ou du handicap dans la vie de l’enfant. C’est alors tout l’équilibre familial qui est fragilisé avec des répercussions sur l’enfant lui-même, sur ses parents, sur la fratrie et sur les soignants impliqués dans la prise en charge de l’enfant et de sa famille. Différentes formes de soutien sont envisagées dans l’objectif de prévenir l’épuisement de chacun et de fournir le meilleur accompagnement, quelle que soit la situation singulière vécue par chaque famille. Nous allons aborder quelques problématiques inhérentes non seulement à l’accompagnement des familles, mais également à l’accompagnement des soignants, vulnérables au même titre que les enfants, les parents et les proches.
14 h 30 Sarah Degée, enseignante et collaboratrice scientifique de l’IRFAM
Les châtiments corporels en contexte de diversité. Regard de professionnels de la petite enfance
J’ai réalisé une étude exploratoire dans dix milieux d’accueil du « croissant pauvre » de Bruxelles, pour analyser les réactions de professionnels de la petite enfance face aux châtiments corporels, à partir de ce qu’elles observent et entendent de la bouche des parents. Les différences culturelles amènent des représentations variées au sujet des attitudes éducatives, certaines étant jugées acceptables et d’autres non, souvent à l’aune de son propre vécu. Il est important de sensibiliser ces professionnels aux conséquences des châtiments corporels, d’élaborer avec les parents des sanctions alternatives et, aussi, de promouvoir un travail sur les représentations des châtiments corporels et sur la légitimité des professionnels pour réagir face à des pratiques parentales afin, notamment, d’éviter des lectures culturalistes.
14 h 50 Christine Barras, formatrice à Infor-Drogues, collaboratrice scientifique de l’IRFAM
Le tabou des drogues dans un groupe de parole destiné aux mamans issues de l’immigration
Depuis 2015, j’anime des groupes de parole pour femmes issues de l’immigration, à l’initiative de la commune de Schaerbeek, préoccupée par les consommations de drogues chez les jeunes. L’intervention se déroule au sein d’une classe d’alphabétisation, en partenariat avec des professionnels de la commune (service des Travailleurs sociaux de rue), Infor-Drogues et le service social Le Figuier. Le contenu des rencontres aborde non pas les produits psychotropes et les représentations anxiogènes qui en découlent, mais tout ce qui fait événement au quotidien, comme les addictions ordinaires, la gestion du stress ou le dialogue avec les adolescents. La finalité du projet est de renforcer le maillage social du quartier, dans une visée émancipatrice qui ne se fonde ni sur la peur ni sur la menace. Nous valorisons les savoirs d’expérience et les ressources pour affronter des situations complexes engendrées par la multiplicité des référents culturels, pour affermir une identité interculturelle propice au vivre-ensemble.
15 h 10 Christine Vander Borght, psychologue clinicienne, superviseuse d’équipes
Un spectre d’émotions : parcours subjectif avec les familles
Je propose d’analyser les problématiques familiales à partir de mon parcours professionnel et des places que j’ai occupées au sein d’organisations psychosociales, avec des mandats qui conduisent à adopter différentes modalités de mise en relation et d’intervention auprès des familles. Analyser leur situation exige une prise de hauteur par rapport aux drames intimes et relationnels, générateurs de souffrance, qui constituent une part importante du travail des intervenants psychosociaux. Cette distanciation nous amène à réfléchir autant en termes d’égalité de genre, d’appartenance, de flexibilité culturelle, de procédures juridiques, d’évolution des rôles parentaux, qu’en fonction des processus d’attachement et de séparation liés à la spécificité de chaque situation familiale. Ce qui me semble aujourd’hui au cœur du débat, dans les familles et dans les équipes professionnelles, pourrait prendre la forme d’un consentement. À quoi et à qui faut-il consentir pour mener une vie digne ? Ce consentement implique un appel à l’indulgence, au respect mutuel, et à l’absence de jugement quant à ce qui est supportable pour soi et pour l’autre.
15 h 30 : Questions-réponses et débat
16 h Altay Manço, directeur scientifique de l’IRFAM
Synthèse et clôture
16 h 10 Verre de l’amitié et échanges