Lecture/Apéro organisé par la Société Belge des Amis d’Aragon.
Extraits de “Les Poètes” par Philippe Lesplingart.
“Réponse aux Jacobins” par Sarah Joseph.
Mercredi 18 janvier à 18:00 — 19:30
Local Sacco Vanzetti
Chaussée de Forest 54, 1060 Bruxelles
Entrée libre.
Petite introduction pour une lecture du recueil “Les Poètes” d’Aragon.
Le recueil “Les Poètes” de 1960 est un des plus importants, des plus beaux et des plus profonds de son auteur. Il se situe dans une veine créatrice tout à fait admirable de la fin des années 1950 et qui va se prolonger pendant toute la décennie suivante. “Les Poètes” sont précédés par Le Roman inachevé (1956), sorte d’autobiographie poétique d’Aragon, par son vaste roman La Semaine Sainte (1958) et le recueil “Elsa” de 1959. “Le Fou d’Elsa” suivra en 1963 ainsi que les romans “La Mise à mort” en 1965 et “Blanche ou l’oubli” en 1967.
Après la période surréaliste, la poésie d’Aragon est essentiellement une poésie réaliste, mais dans ce recueil elle atteint des sommets de lyrisme. Le grand thème de ce vaste “poème” est sans doute “l’hécatombe des rossignols” c’est à dire la mort et la vie tragique des poètes, ses frères. Dans ce recueil, Aragon va citer un grand nombres de ses poètes préférés : tant français qu’étrangers, contemporains ou éloignés dans le temps. Citons Baudelaire, Verlaine, Desnos, Marceline Desbordes-Valmore, Garcia Lorca, Pouchkine, Hikmet, Keats, Hölderlin etc. On connait l’obsession chez Aragon de la personne du poète assassiné Federico Garcia-Lorca, son nom sera souvent évoqué dans le recueil suivant “Le Fou d’Elsa”. L’implication du poète, le rôle de l’artiste dans la société qui est la sienne constitue assurément le socle de la démarche aragonienne de ce recueil.
On constatera au fil des lectures que ce grand poème a été souvent mis en musique dont l’épilogue, magnifiquement, par Jean Ferrat.
Une particularité de ce poème, c’est sa grande “théâtralité” déjà initiée dans le recueil précédent, “Elsa”. Aragon au seuil des années soixante atteint le sommet de sa virtuosité et jongle avec les vers réguliers mais aussi, et ce sera encore plus flagrant dans le Fou, avec des vers de seize ou de vingt pieds et même le verset claudélien. Aragon n’a jamais — pour simplifier — écrit pour le théâtre mais son art est sans conteste empreint de théâtralité.
Ce recueil met également en évidence la ville d’Aragon : Paris. Paris, qu’Aragon aura vu se transformer tout au long de ce XXème siècle. Paris est en effet un thème majeur dans nombre de recueils, à peine interrompu par l’entrée d’Elsa dans le poème.
Enfin, pour ne pas trop déborder dans cette introduction, il faut mettre l’accent sur l’épilogue, vaste composition qui reste le testament d’Aragon et qui sera lu lors de ses obsèques.
Philippe Lesplingart.