Au Pianocktail & au Steki
Avec Mounia Ahammad, Eleni Alevanti, Aurélie Ehx et Fanny Rebuffat
Organisé par NLP et des membres de la CLAC dans le cadre du cycle « Abolition pénale ? »
Pourquoi les personnes internées sont encore plus mal traitées que les condamnées, alors même qu’ils et elles sont jugées irresponsables de leurs actes ? Si l’on souhaite pouvoir se passer de l’enfermement, comment faire avec des situations de crise dont la violence dépasse les capacités d’accueil ou d’accompagnement ? Quelles alternatives à l’internement ont été pensées et expérimentées ? Quelles forces se mobilisent pour changer la situation ? Qu’ont-elles obtenu depuis qu’elles combattent ? Et enfin quelles voies praticables suggèrent-elles pour les temps à venir ?
19h – Discussion au Steki avec Eleni Alevanti et Aurélie Ehx.
Internement, santé mentale et abolition pénale.
Deux dynamiques parallèles se complètent pour tenter de changer la situation héritée notamment de 1930.
La première est la construction d’un rapport de force sur le terrain du droit, pour modifier la loi et son application. Comment les différentes voix qui se sont fait entendre ont permis, en 2016, de changer la loi de 1930 ? Et pourquoi elles n’ont pas réussi à modifier sa logique sécuritaire de fond, qui reste la même ? Y a‑t-il quoi que ce soit à tenter encore sur ce terrain où y a‑t-il d’autres voies praticables ?
La seconde dynamique concerne les multiples tentatives, élaborations, inventions et propositions, sur le terrain, pour sortir des logiques sécuritaires dans l’accompagnement des situations extrêmes. Comment concrétiser l’existence d’espaces hétérogènes partagés hors du carcan pénal ? Quelles sont les ressources déjà existantes au quotidien et en cas d’urgence pour ne pas faire appel aux logiques sécuritaires ? Et quelles sont les ressources manquantes ? Pourquoi ces ressources peinent à s’amplifier et se répandre ?
NLP a proposé à Fanny Rebuffat de co-animer la discussion en prenant comme point de départ un enjeu de ce champ cristallisé dans l’ambivalence de la réforme 107 des soins de santé mentale :
Le discours légal valorise désormais la communauté, l’entourage, l’entraide, l’autonomie, la sortie du monopole des institutions et l’auto-support, allant parfois jusqu’à reprendre le discours anti-psychiatrique des années 70, mais en l’instrumentalisant dans une perspective libérale de réduction des coûts et de fermeture de services (de lits hospitaliers et de lieux de soins). Cette logique est également à l’œuvre en France avec une tendance progressive à l’uberisation de la santé.
Ce qui nous occupera alors, c’est de contribuer à l’élaboration d’une stratégie capable de contrer la virtuosité libérale qui parvient à utiliser les pratiques collectives les plus désirables et les plus inventives à son profit.
Un défi de l’abolitionnisme et du réductionnisme pénal étant de reprendre la main sur les situations problématiques de nos vies et notre entourage, d’assumer une part de responsabilité qui a été capturée par l’État, mais dans un contexte néo-libéral où la survie nous laisse peu de temps et de moyens pour se réapproprier les savoirs-faire et les moyens nécessaires. Tout au long de ce cycle Abolition pénale?, nous rencontrons donc régulièrement ce défi stratégique : comment articuler pratiquement autonomie et justice sociale ?
POUR EN SAVOIR PLUS
Un article de Yves Cartuyvels : L’internement de défense sociale en Belgique : entre soin, dangerosité et sécurité
https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2017 – 2‑page-93.htm
Un webdoc de l’Autre lieu RAPA sur l’internement
https://internement.org/
Rapport 2021 de la commission de surveillance de l’établissement de défense sociale de PAIFVE
https://ccsp.belgium.be/wp-content/uploads/2022/04/CdS-Paifve-Rapport-annuel-2021.pdf.
LIEN VERS L’EVENEMENT : le steki