INVENTAIRE AVANT LIQUIDATION
Un monde est en train de finir où plus rien ne semble pouvoir continuer comme avant. Les bouleversements s’imposent à tous, l’avenir paraît incertain. Le pire est-il pour autant inévitable ? A travers l’évocation de leurs expériences, des jeunes travailleurs et chômeurs témoignent des méfaits d’une société qui formate les hommes et leur mode de vie. Ils engagent une réflexion sur la nécessité d’initier d’autres pratiques politiques et d’autres rapports sociaux que ceux induits par le salariat et le consumérisme. S’esquissent alors des perspectives de transformations sociales où l’utopie se substitue au réalisme mortifère.
PUTAIN D’USINE
Librement adapté du livre Putain d’usine de Jean-Pierre Levaray, le film s’attache à restituer son témoignage et celui de quelques-uns de ses collègues sur leur quotidien de salariés dans une usine chimique. En levant le voile sur les non-dits de la condition ouvrière, ils s’interrogent sur le sens de leur travail, sur les finalités du salariat et plus généralement sur les contradictions d’une société dans laquelle chacun, à des degrés divers, s’en ressent tout autant la victime que le complice involontaire.
Rémy Ricordeau — le réalisateur
Après une brève scolarité, Rémy Ricordeau vit de divers travaux précaires entrecoupés de périodes de chômage. Attiré par le large, il s’engage sur le tard dans des études de chinois qui l’amèneront à vivre quelques années entre Taiwan et la Chine. Depuis son retour en 2005, il se consacre à la réalisation de films documentaires : Putain d’usine (2006), Les Sentiers de l’infortune (2008), Les Anges de la piste (2008), Bricoleurs de Paradis (2010), Je ne mange pas de ce pain là (2012).
Entretien avec Remy Ricordeau
Réalisé par Alain Chêne pour [le magazine en ligne Regardez Les Hommes Danser
->http://www.dailymotion.com/regardezleshommesdanser#video=xszt0a]
La presse en parle
Le Monde diplomatique — Juin 2012 : Les ouvriers sous l’œil des cinéastes (par Philippe Person)
” Reprenant le titre du livre de Jean-Pierre Levaray , Ricordeau suit les pas de ce dernier, qui se définit « comme un ouvrier qui écrit et pas comme un écrivain ». En sa compagnie et celle de ses camarades, il décrit le quotidien dans une usine chimique classée Seveso 2, et s’interroge plus directement sur le sens du mot « ouvrier », sur ces « hommes en bleu » qui proclament envers et contre tout que « les valeurs humaines, ce sont les valeurs ouvrières ». Le cinéaste leur laisse la parole sans intervenants extérieurs, même favorables à leur cause. S’il en ressort que c’est l’habitude et le salaire qui les motivent pour « aller bosser », ces travailleurs souvent quadragénaires continuent de revendiquer une fierté particulière. Une contradiction bien résumée par ce propos de l’un d’entre eux rêvant à l’avenir de son fils : « J’aimerais qu’il reste ouvrier dans la tête mais qu’il n’ait pas les conditions de vie d’un ouvrier. »
- Lire l’article complet sur le site du diplo
France Inter : Chronique autour de Jean-Pierre Levaray dans L’humeur vagabonde de Kathleen Evin sur France Inter, avec quelques extraits de l’adaptation documentaire de Rémy Ricordeau.
LeMague.net “Chaude actualité pour l’auteur libertaire Jean-Pierre Levaray. A son actif, une nouvelle BD avec Efix, un roman saignant, un livre jeunesse attachant et un film de Rémy Ricordeau tiré de l’explosif Putain d’usine.” En savoir plus.
Chroniques Rebelles — Christiane Passevent : Le film documentaire ( Inventeur avant liquidation) de Rémy Ricordeau ouvre une réflexion vers des perspectives différentes, d’autres manières de concevoir la vie, le travail, les rapports humains… Des témoignages forts de personnes qui refusent de se soumettre aux diktats ambiants, qui s’insurgent contre les modèles imposés et expliquent que le « travail transforme les rapports sociaux », qu’il induit immanquablement dans la société des rapports de domination et de hiérarchie. En savoir plus
Cinéma l’Univers — Lille : La musique, la beauté des images viennent là encore renforcer les paroles fortes du film. Ceux que Rémy Ricordeau interrogent ne sont pas dans la résignation. Ils questionnent leur rapport à la vie, pointent les peurs qui nous empêchent d’oser faire un pas de côté, et laissent entrevoir que quelque chose est sérieusement en train de changer. C’est déjà un désir, bientôt une nécessité : inventer d’autres pratiques politiques, d’autres rapports sociaux…
NOTE D’EDITION
En ces temps de crise et de licenciements massifs, il n’est pas de bon ton de se plaindre d’avoir un travail. Et pourtant, cette impérieuse nécessité matérielle ne doit pas nous faire oublier à quel point ce travail, si précieux soit-il, peut vite devenir un véritable calvaire. Ce que Jean-Pierre Levaray, ouvrier dans une usine de produits chimiques, avait remarquablement exprimé dans son premier livre Putain d’usine (éditions Agone) qui est désormais devenu une référence parmi les rares écrits issus du monde ouvrier contemporain. Le film de Rémy Ricordeau, au même titre coup de poing, est librement inspiré de ce récit, au travers de nombreux témoignages de collègues de Jean-Pierre Levaray. Le second film du dvd, Inventaire avant liquidation, poursuit la réflexion sur le travail (et le « non-travail ») et donne à entendre des paroles rares dans les médias de jeunes travailleurs et chômeurs. Ce sont des films sur le monde d’après, quand les usines ferment et que, d’une certaine façon les ouvriers sont libérés du chagrin, mais doivent faire l’inventaire de leurs vies. Ils se posent des questions universelles, celles qui ont du sens pour tous et toutes, sur le travail, la consommation, la dépolitisation générale, l’individualisme, le progrès et la liberté… La vie quoi ! Deux films réunis pour penser la suite de l’histoire.