Boycott culturel et récits médiatiques

Un outil pour comprendre le boycott culturel

Le boy­cott cultu­rel est fré­quem­ment accu­sé de consti­tuer une forme de « cen­sure » ou d’« ostra­cisme », et d’être une atteinte à la liber­té d’ex­pres­sion. Pour­tant, ces cri­tiques s’effondrent dès qu’on se penche sur les prin­cipes qui encadrent cette cam­pagne depuis ses débuts.

L’an­nu­la­tion du concert du Phil­har­mo­nique de Munich diri­gé par Lahav Sha­ni, lors du Fes­ti­val de Flandre à Gand, en est une illus­tra­tion frap­pante. La plu­part des médias grand public belges ont relayé les argu­ments clas­siques contre le boy­cott du régime israélien.

À tra­vers ce dos­sier, nous pro­po­sons des outils pour mieux com­prendre les enjeux du boy­cott cultu­rel, tout en ins­cri­vant cette réflexion dans un tra­vail plus glo­bal sur l’oc­cul­ta­tion par les médias belges de la dimen­sion colo­niale de la guerre géno­ci­daire menée contre le peuple palestinien.

En réaf­fir­mant l’an­crage de la culture dans ses moda­li­tés de pro­duc­tion, le boy­cott cultu­rel défend une approche cri­tique de la culture et de ses liens avec le pou­voir. Face au tour­nant auto­ri­taire que nous vivons, il nous semble essen­tiel de sou­te­nir cette approche.

Un exemple récent vient sou­li­gner l’ur­gence de cette démarche : la RTBF a choi­si de dif­fu­ser l’Eu­ro­vi­sion, bien que cet évé­ne­ment accueille à nou­veau une pro­duc­tion musi­cale israé­lienne. En choi­sis­sant de dif­fu­ser et de co-pro­duire un évé­ne­ment uti­li­sé par le régime israé­lien pour nor­ma­li­ser son image alors qu’il com­met un géno­cide et un net­toyage eth­nique, le ser­vice public audio­vi­suel se rend com­plice d’une opé­ra­tion d’« art­wa­shing » dénon­cé de longue date. Ce « busi­ness as usual » contraste d’autant plus que d’autres radio­té­lé­dif­fu­seurs euro­péens ont, eux, déci­dé de se reti­rer du concours tant qu’Israël y est invi­té, démon­trant ain­si qu’un choix poli­tique clair est pos­sible dès lors que l’on prend au sérieux la dimen­sion colo­niale de cette guerre géno­ci­daire et la res­pon­sa­bi­li­té des ins­ti­tu­tions culturelles.

Des séances de pré­sen­ta­tion de cet outil peuvent être orga­ni­sées à la demande : sarah@zintv.org 

Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles