Écouter Frederick Wiseman
Réalisateur, scénariste, producteur, monteur, preneur de son, et parfois même interprète, Frederick Wiseman a très tôt affirmé son ambition de cinéaste : dresser un portrait critique des États-Unis, dont le résultat serait « un seul et très long film qui durerait quatre-vingts heures ».
1/5 Je suis l’homme à la perche 16.05.2016 — 29 min
2/5 Penser ciseaux en main : le montage
3/5 La violence et l’Institution
4/5 Un portrait de l’Amérique
5/5 Mes documentaires : de la reality fiction
Frederick Wiseman • Crédits : Charles Haynes
Par Charlotte Garson. Réalisation : Frank Lilin. Avec la collaboration de Claire Poinsignon et de Delphine Lemer.
Les premiers documentaires de Frederick Wiseman, né à Boston en 1930 sont à l’intersection de sa brève carrière de professeur de droit et de son amour de jeunesse : le théâtre. Incisifs, Titicut Follies (1967), High School (1968) et Law and Order (1969) offrent une vision en coupe d’une institution américaine : ses bâtiments, sa hiérarchie, ses travailleurs et ses visiteurs. Mais les murs du palais de justice, de la prison, de l’hôpital, de l’école ou du zoo sont pour Wiseman ” comme les lignes d’un cours de tennis ” : elles lui permettent de capturer, dans un cadre donné, la vie humaine dans sa complexité.
Frederick Wiseman n’emploie ni voix off, ni entretiens, ni cartons explicatifs qui viendraient tirer la leçon de son observation : ” Je ne suis pas un idéologue “, répond ce ” marxiste, tendance Groucho ” aux détracteurs qui voient dans son effacement devant la caméra une objectivité feinte.
Écartant un propos sociologique ou idéologique, Wiseman préfère faire surgir, dans la salle de montage, une véritable dramaturgie du réel que même le plus brillant des scénaristes n’aurait pu inventer.
Les entretiens ont été enregistrés en français à Paris, où Frederick Wiseman répétait la pièce de Beckett, Oh, les beaux jours, qu’il mettait en scène et interprétait au Vieux Colombier.
Il y évoque sa méthode de tournage aussi modeste qu’efficace et sa passion pour le montage, phase décisive de la production qui lui prend un an pour chaque film. Il revient sur les conditions rocambolesques de la censure imposée au pays du ” First Amendment ” à son tout premier film, Titicut Follies, tourné dans une prison psychiatrique aux pratiques archaïques. Il souligne ce que la critique laisse souvent de côté : son goût pour le burlesque du quotidien, jamais moqueur, et raconte son unique expérience de tournage en France, à la Comédie française.
Liens :
Frederick Wiseman, sur Zipporah.com (en anglais).
Aux frontières du réel — Le très long film de Frederick Wiseman, un article de François Ekchajzer (Telerama.fr).
Source de l’article : franceculture