Entretien avec Lam Lê sur son premier long métrage : Poussière d’empire

Lam Lê: Poussière d’empire raconte ma vie de jeune homme en Occident. Bénéficiant d’une autorisation exceptionnelle de tournage au Vietnam encore fermé au reste du monde, il m’a fait comprendre que faire un film dans une dictature n’est possible que dans l’expression de l’idéologie unique

Ren­contre avec Lam Lê, cinéaste né dans ce qui s’ap­pe­lait alors l’In­do­chine, colo­nie fran­çaise. Son pre­mier long-métrage, Pous­sière d’empire fut l’un des pre­miers films fran­çais à avoir reçu une auto­ri­sa­tion de tour­nage au Viet Nam. 

Synop­sis

En 1954, pen­dant la guerre d’In­do­chine, un pri­son­nier viet­na­mien confie à un enfant un mes­sage pour sa jeune femme enceinte. Mais il se pas­se­ra 25 ans avant que celui-ci, pas­sé de main en main, lui par­vienne à Paris, où elle habite désor­mais. Leur fille revient au Viet­nam déci­dée à refaire l’ex­tra­or­di­naire iti­né­raire de ce papier dis­per­sé au fil des drames et des souf­frances de son pays natal.


Lam Lê évoque son pre­mier long-métrage… par Uni­vers­cine

Pous­sière d’empire

Viet­nam – France / 1983

Une météo­rite tombe sur terre. Cette pous­sière du ciel, façon­née par le temps en une sculp­ture aux formes fémi­nines, est deve­nue la « Pierre d’Attente » dont parle une vieille légende viet­na­mienne. À la veille de la bataille de Dien Bien Phu, un maqui­sard viet­minh bles­sé confie à un enfant muet un mes­sage, quatre vers tirés de la légende, à l’attention de sa femme, ser­vante chez des Fran­çais à Saï­gon. L’enfant ren­contre deux Fran­çais, un ser­gent de la colo­niale et une reli­gieuse, l’un comme l’autre tou­jours convain­cus de leur mis­sion civi­li­sa­trice. À tra­vers le lent voyage d’un mes­sage d’amour, Lam Lê brosse vingt ans de l’histoire écor­chée de son pays.

Pous­sière d’empire demeure l’un des films les plus impor­tants des années quatre-vingt, tom­bant comme une météo­rite dans le pay­sage du ciné­ma fran­çais. Daney avait per­çu l’importance du film, saluant son ambi­tion et son ori­gi­na­li­té, dans un article qui met­tait l’accent sur le thème du double qui s’y déploie (Lam Lê entre deux cultures, entre deux pays, entre deux pas­sés his­to­riques). C’est de nou­veau Gérard De Bat­tis­ta qui signe la pho­to­gra­phie du film et il faut signa­ler la pré­sence de deux mer­veilleux acteurs, Domi­nique San­da et Jean-Fran­çois Stévenin.

« Pous­sière d’empire raconte ma vie de jeune homme en Occi­dent. Béné­fi­ciant d’une auto­ri­sa­tion excep­tion­nelle de tour­nage au Viet­nam encore fer­mé au reste du monde, il m’a fait com­prendre que faire un film dans une dic­ta­ture n’est pos­sible que dans l’expression de l’idéologie unique. » Lam Lê

R/D : LAM LÊ • Sc : Hen­ry Colo­mer, Lam lê • Ph/C : Gérard de Bat­tis­ta • M/Ed : Cathe­rine Renault• S : Fran­çois Wale­disch • Mus : Dao Thien Nguyen • P : Yves Gas­ser • 103’ • 35mm • F • Coul/Col • Int/Cast : Jean-Fran­çois Sté­ve­nin, Anne Cano­vas, Myriam Mézière, Domi­nique San­da, Hoang Lan