Pour une nouvelle approche de l’enseignement de la technique du cinéma
Mentionnée dès 1038 par Ibn al Haytam, la caméra oscura est reprise à la Renaissance italienne. Constituée d’une simple boîte noire avec des parois planes comme des tableaux, une face porte à l’intersection de ses diagonales, un trou d’épingle, la face opposée un verre dépoli. Les rayons lumineux se propagent en ligne droite à partir de l’objet dans toutes les directions, et pas seulement en direction du trou d’épingle (sténopé) où l’on voudrait que s’engouffre l’objet, alors que ne s’y met qu’une infime partie de son apparence.
La lumière qui pénètre par le sténopé est évidemment très faible. Si l’on veut agrandir le trou pour augmenter la quantité de lumière, l’image perd de sa netteté au fur et à mesure quelle gagne en luminosité. Se forment, en réalité, un tas d’images élémentaires non superposées (autant qu’il y a de « trous élémentaires », de centre optique dans le trou élargi), dont l’ensemble forme du flou.
Pour obtenir des images élémentaires superposées, c’est-à-dire une image nette mais plus lumineuse, l’on fait converger les rayons Issus d’un point de l’objet en un seul point image équivalent par un système optique ad hoc : la lentille mince biconvexe.
Pour l’œil, qui est aussi une chambre noire, le trou (sténopé) atteint quelques millimètres de diamètre : la pupille.
En réglant ce diamètre, l’œil règle la quantité de lumière qui pénètre vers la rétine. La netteté est rétablie par une lentille convergente : le cristallin.
Les rayons lumineux convergent alors vers une surface sensible (la rétine) pour y former, renversée, l’image nette des objets.
Par l’optique géométrique, il est possible de figurer la marche des rayons lumineux et d’analyser la formation de l’image sur une surface sensible.
V — LA LENTILLE MINCE-BICONVEXE
Dans un milieu homogène (l’air ou l’eau, etc.), le rayon lumineux fait une ligne droite. Mais au passage de deux milieux transparents, conduisant différemment la lumière (par exemple l’air et l’eau), le rayon lumineux subit une réfraction.
Trempons un bâton dans la fontaine, il nous apparaît tordu au contact de l’eau, même si notre raison le redresse…
Donc, au passage de deux milieux conduisant différemment la lumière, c’est-à-dire d’un dioptre, le rayon subit une réfraction : c’est dire que son trajet s’incline d’un certain angle parfaitement mesurable.
En montant deux dioptres côte à côte, ou nez à nez, par exemple un dioptre air-verre, puis un dioptre verre-air, on forme un prisme. Le rayon lumineux est rabattu, deux fois réfracté dans le même sens.
En montant deux prismes bout à bout, les rayons issus d’un objet sont deux fois rabattus de part et d’autre : ils convergent en un axe optique qui forme la base des deux prismes accolés.
Si les faces des deux prismes, au lieu d’être planes, sont polies et courbes uniformément, il s’agit d’une lentille biconvexe. Les rayons convergent en un point situé sur l’axe optique du dispositif.
Cette lentille mince biconvexe focalise les rayons issus de l’infini (par exemple le soleil) en un point appelé foyer de la lentille.
Expérience : prenez une loupe (lentille épaisse biconvexe). Constatez que vous pouvez ramener l’image du soleil en points de moins en moins confus. En disposant un papier à bonne distance de la loupe, l’image du soleil se réduit à un point brillant et, à la longue, le papier s’enflamme, étant au « foyer » de la lentille. La distance de ce foyer à la lentille s’appelle la distance focale.
Comment marchent des rayons dans une lentille mince convergente ?
Quand les rayons ne proviennent pas de l’infini, ils ne se rabattent plus à la distance F. Issus d’un éloignement P, les rayons forment une image au point à une distance p’ de la lentille, selon la loi de Descartes :
(avec F distance focale).
Si l’on ne déplace pas le plan focal, Il apparaît une tache floue. Mettre au point, c’est reformer une image nette, en transformant la tache floue, le cercle de diffusion, en un point net, en un cercle de moindre confusion.
On reconnaît l’emphase de la convergence, encastrée dans sa faiblesse : la nécessaire mise au point, le réglage du plan d’accommodation.
Le cristallin est assimilable à une lentille mince biconvexe de 15 mm de distance focale.
De 6 mètres (punctum remotum) à l’infini, la vision est nette sans accommodation. La profondeur est évaluée par la convergence.
En deçà, il faut accommoder pour rétablir le point et converger (si l’on ne veut pas loucher). Cette mise au point est possible jusqu’à 15 cm (punctum proximum). En deçà, c’est le flou, et le dédoublement non stéréoscopique.
Pour accommoder, soit on déplace le cristallin vers l’avant (sur un appareil photo, on déplacerait la lentille vers l’avant pour augmenter p’), soit on augmente sa convergence : en bombant le cristallin, les rayons sont davantage rabattus, ce qui veut dire aussi que la distance focale diminue d’autant.
Que se passe-t-il en fait ? Au repos, le cristallin est tendu par des ligaments. En se détendant, les ligaments laissent le cristallin se bomber tandis que. par une légère pression sur la paroi postérieure de l’œil, il est chassé vers l’avant.
Plus convergent, le cristallin ramène le point sur la rétine (p’ diminue) à l’endroit que le désir choisit. Et cette mise au point est très rapide, instantanée : 5 dioptries par seconde (avis aux assistants-opérateurs !).
Signalons que le degré de convergence d’une lentille se mesure en dioptries (soit l’inverse de la distance focale, mesurée en mètres) ; l’œil au repos fait 22 dioptries, accommodé au plus près 30,5 d.
VI. L’ŒIL, LA LUMINOSITÉ
Les sources lumineuses émettent des rayons tous azimuths. Ces rayons transportent de l’énergie qui se propage en ligne droite tant que le milieu de transmission est transparent et homogène.
La lumière visible n’est qu’une infime petite partie des radiations1 électro-magnétiques [de 0,39 μ à 0,75 μ]. Ces radiations sont aussi des particules vibrantes, appelées photons : grains de lumière élémentaires, particules ultra-microscopiques.
Une table de travail qui reçoit un éclairement de 20 lux, c’est-à-dire de 0.1 W/m2, reçoit 25 millions de photons par mètre carré et par seconde. Une partie est réfléchie tous azimuths.
Cette quantité de photons est ce que l’œil repère en luminosité. Et cet œil s’adapte à des éclatements très variables.
Ainsi :
Le lux mesure l’intensité lumineuse comme le mètre la longueur, le kilo le poids, etc.
Il faut dire que les organes des sens compriment les excitations lumineuses, tactiles, gustatives, etc., pour les ramener à une échelle de sensations physiologiques plus simples2, plus ramassées (obscur — sombre — gris — moyen — clair — lumineux — solaire — éblouissant ou encore : ff, f, mf, p, pp. etc.), ce que traduit l’approximative loi de Fechner : la sensation (S) croît comme le logarithme de l’excitation (E) : S = log E.
Cette « loi » donne une idée de la façon dont un stimulus, une excitation (lueur, son, odeur, froid, etc.), purement physique, se trouve reflétée (du point de vue de sa force, de son intensité) par les organes, les sens en sensation physiologique.
Qu’est-ce que cela veut dire logarithme ici ?
En gros, que pour avoir la sensation de 2 fois plus fort, il faut multiplier l’excitation par 100, de 3 fois moins fort, il faut la diviser par 1.000, etc. Inversement, en doublant la puissance lumineuse d’une ampoule (500 →1.000W), la sensation est augmentée seulement de 0.3 fois : (log 2 = 0,3 puisque 2 = 100,30)
Il s’ensuit que la vaste échelle des luminosités (1/108) est ramenée par l’inhibition logorithmique à une palette plus souple de valeurs lumineuses3.
On verra que les émulsions photographiques fonctionnent avec cette même compression logorithmique, mais dans une échelle restreinte.
Néanmoins, un réglage reste à faire pour l’œil quand il passe d’un environnement lumineux à un autre. Un système automatique (arc réflexe) réalise cette adaptation : l’iris s’ouvre et se ferme comme un diaphragme dosant en partie l’entrée de la lumière.
Une paire de muscles antagoniques, les uns commandés par l’acétycholine, les autres par la noradrénaline, règle la dilatation pupillaire.
Lors d’une illumination brève, la constriction apparaît d’autant plus vite et se développe d’autant plus rapidement que le stimulus est intense. Si l’illumination est prolongée, la constriction initiale ne se maintient pas : une relative dilatation s’installe oscillant légèrement autour d’une moyenne.
En passant de la nuit à une pièce fortement éclairée, la constriction se fait en moins d’une seconde, alors que l’on reste ébloui une dizaine de secondes : c’est le trou noir, cécité brève d’origine corticale.
Inversement, quittant le plein soleil pour entrer dans une cave obscure, la dilatation se fait immédiatement, mais l’adaptation à l’obscurité demande plus d’une minute.
« L'excès de lumière offusque l'œil et, pour le protéger, la faculté visuelle se garantit à la manière de qui ferme une partie de la fenêtre pour atténuer l'éclat excessif du soleil dans son habitation. » L.d.V., p. 208.
C’est là qu’il faut extirper une vieille idée reçue (notamment dans les manuels techniques de cinéma) selon laquelle l’iris réglerait la quantité de lumière pénétrant dans l’œil. L’iris passe d’un diamètre maximum de 7 mm à un diamètre minimum de 2,5 mm, ce qui veut dire que sa surface varie au maximum de 6 fois, alors que l’éclairement qu’il reçoit peut varier de 100 millions de fois 108.
C’est que l’adaptation de l’œil à la lumière est principalement réalisée par la rétine elle-même avec un temps de latence dû à l’inertie électrochimique de son fonctionnement 4 (réglage dont rend compte la variation de l’exposant n dans l’expression S = K3 En) : et secondairement par l’iris qui atténue le choc des variations brusques (l’éblouissement) ou adapte, à l’intérieur d’un éclairement constant, les variations légères qui peuvent s’y produire 5.
« Quand, dans l'air lumineux, l'œil regarde un endroit dans l'ombre, il lui paraîtra plus obscur qu'il n'est... Mais quand l'œil pénètre dans un endroit ombreux, l'obscurité de ce lieu semblera Immédiatement diminuer. - L.d.V., p. 236.
L’adaptation rétinienne est longue (de l’ordre de la minute), alors que l’adaptation pupillaire est instantanée (de l’ordre de la seconde). On verra ultérieurement les rapprochements que l’on pourra faire entre l’iris de l’œil et la chaîne des osselets de l’oreille en abordant l’audition.
On ne peut donc établir l’identité entre l’iris et le diaf de l’objectif pour cette raison que l’iris fait varier sa surface de 6 fois et le diaf de 256 fois (de f 1.4 à f/22).
Corrélativement, la rétine peut s’adapter à des éclairements utiles variant de 0,1 lux à 100 000 lux (soit un rapport de 10 6 ) et former une image en moins d’un cinquantième de seconde.
Tandis que l’émulsion photographique s’adapte à des éclairements variant en moyenne de 2 à 3 fois et à des luminances variant de 1 à 102. Cette faible souplesse contraint à jouer sur le temps de pose (en photo) qui peut varier de plusieurs secondes au 1/1 000 de seconde (400 lux requis à F/2 pour une 125 ASA noir et blanc). La faiblesse de la dynamique des pellicules a contraint à une vaste échelle de diafs et plus encore à l’emploi d’émulsions à sensibilités différentes qui, assemblées, ne couvrent qu’une petite partie de la sensibilité rétinienne.
« Tout corps qui meut rapidement semble teinter son parcours de sa propre couleur. » « Si tu agites un tison enflammé, le cercle que tu lui fais tracer semblera un anneau de feu. Cela tient à ce que l'organe de perception agit plus rapidement que le jugement. » L.d.V, p. 222.
ANNEXE : la rétine (rets-réseau-réticule-rétine-filet).
Le seuil de la vision, la sensibilité minimale de l’œil, est de 0,45 X 1014 W/cm2, ce qui correspond à un quantum, à 1 photon. Il suffit d’une molécule de pourpre rétinien transformée
pour qu’un bâtonnet (cellule élémentaire de la tapisserie rétinienne) fournisse un potentiel de récepteur, c’est-à-dire un signal quatre fois plus fort que son bruit de fond. Toutefois, cette
grande sensibilité s’obtient par une accommodation temporelle assez importante6.
Le pourpre rétinien (rhodopsine) éclairé effectue sa transformation électrochimique en plus d’un cinquantième de seconde, temps de la rémanence7 de la persistance rétinienne.
La réaction est évidemment réversible : la rhodopsine modifiée est aussitôt recomposée par rapport sanguin (enzyme) pour pouvoir à nouveau recommencer son cycle.
opsine + rétinol 11 cls → rétinol A, trans + 1 électron rhodopsine
+ 1 photon
DECOMPOSITION
rétinol A, trans + opsine → rétinol 11 cis + opsine rhodopsine
+ rétinol — Isomérase
RECOMPOSITION
La modification géométrique et électronique du pourpre (passage du cis au trans) n’est pas sans rappeler la formation d’une image latente et plus encore le fonctionnement des tubes vidéo, qui font et défont constamment l’image.
VII. — LA LENTILLE MINCE, LA PERSPECTIVE
La lentille mince bi-convexe est trop simple, dit-on, pour produire une bonne image ; elle produit trop de distorsions, d’aberrations, surtout en périphérie. Et effectivement, les objectifs des caméras comportent 5 à 10 lentilles. Or qu’est-ce que le cristallin, sinon une lentille biconvexe ?
Ne produit-elle pas une image très fine, très « piquée », du moins au centre ? (La qualité sur les extrêmes bords étant beaucoup moins importante.)
Les opticiens disent qu’elle a un défaut, cette lentille mince biconvexe : la courbure de champ… Par ce défaut, disent-ils, la lentille mince ne forme une image acceptable qu’au centre, tout devenant flou sur les bords ; inversement, si l’on fait le point sur les bords, ça devient flou au centre… C’est qu’ils ramènent la formation de toute image à une surface plane, alors que cette lentille la ramène à une coupelle, à une courbure comme par exemple… le fond de l’œil.
La courbe C est le lieu de la meilleure image de l’objet A B (qui ne doit pas être plan mais courbe, par la logique du centre optique O). Et ce lieu n’est pas un plan mais une position de sphère. Il s’ensuit que A’b” est net et A’b’ flou.
C’est à vouloir ramener toute représentation à un plan, à une forme plate et non à une coupe, à une con/cavité (comme la caméra oscura, le tableau du peintre et plus tard les plans films s’y emploient) que l’on a introduit cette distorsion dite « coubure de champ » 8.
Usant de plans-films pour des commodités mécaniques de défilement, le cinéma se dote d’objectifs qui « rattrapent » la courbure de champ. En la corrigeant, d’autres défauts secondaires apparaissent qui doivent être effacés à leur tour : on arrive ainsi très vite à des objectifs de 10 lentilles et plus.
En quoi cette courbure de champ intéresse-t-elle la représentation cinématographique ?
« La perspective n'est rien d'autre que la vision d'un objet derrière un verre lisse et transparent, à la surface duquel pourront être marquées toutes les choses qui se trouvent derrière le verre : ces choses approchent le point de l'œil sous forme de diverses pyramides que le verre coupe. » L.d.V., Perspectives, p. 306.
Quels effets peut-on attendre de l’image, par l’optique vouée à une coupe, reportée sur un plat9 ?
Soit 3 boules identiques, situées à égale distance d’un point (en l’occurrence le centre optique d’une lentille).
Les grandeurs apparentes sont proportionnelles à l’angle solide (α, β, γ) pour l’œil qui voit un arc (a”, b”, c”) — pour le plan de projection où l’on voit des segments de tangentes (a’, b’, c’), elles sont proportionnelles à la distance.
Ainsi « dans la perspettiva occidentale, par suite de la construction perspectiviste plane, les objets les plus éloignés sur les côtés se trouvent élargis, tandis que dans la perspettiva naturale, à cause des angles visuels qui tendent à diminuer à mesure qu’on va vers le bord, les parties de la surface peinte, mur ou tableau, les plus éloignées sur les côtés, se trouvent rétrécies : il en résulte que ces deux perspectives se neutralisent l’une l’autre lorsque l’œil est exactement au centre de projection » (Panofsky, p. 47, Ed. de Minuit).
Il y a donc une contradiction entre la perspective naturelle qui cherche à lier les grandeurs aux angles visuels qui les saisissent et la perspective artificielle qui cherche à promouvoir une construction de la surface artistique commode et aisée, puisqu’on ne peut dérouler une surface sphérique sur un plan, une feuille ou un film. Cette contradiction se résoud comme le montre Panofsky, en se plaçant à une bonne distance et à une bonne hauteur devant l’écran ou le tableau.
(L’écran de télévision, à ses origines, était bombé parce que précisément on ne savait faire que des ampoules à vide sphériques, la perspective linéaire des films repassait en perspective courbe inversée (convexe au lieu de concave) ce qui augmentait la distorsion.)
Et, effectivement, dans le cas le plus courant des petits angles solides, et en mettant les personnages à distance, les déformations latérales n’entrent pas en jeu ; le spectateur continue à jouir de l’image, même quand il change sa position de regard.
Par contre, dans les grands angles solides, dans le cas d’une construction à distance courte, l’espace représenté semble englober celui qui le regarde, en modifiant la sensation même du volume et de la profondeur.
Autrement dit, au cinéma, avec les objectifs qui « voient » large, les images seront déformées, exagérées sur les bords 10. Inversement, avec les objectifs qui « voient » étroit, les distorsions seront réduites, comme on peut le démontrer avec la trigonométrie.
On usera donc d’un objectif moyen, dont l’ouverture angulaire sera d’une vingtaine de degrés, ramenant cette distorsion à une valeur raisonnable, plausible et inaperçue.
Moyen, raisonnable — c’est trop — en vérité, il nous faut des preuves. Sous quel angle forcé et moyen faut-il perspicere le verre du peintre ? A quelle distance faut-il donc placer le film de I objectif pour former cet angle normatif ?
VIII. — LE DISPOSITIF ANGULAIRE
« Si l'œil est à mi-chemin du parcours de deux chevaux courant vers le but sur deux pistes parallèles, il aura l'impression qu'ils courent à la rencontre l'un de l'autre. Ce qui vient d'être énoncé tient a ce que les images des chevaux, qui s'impriment sur l'œil, se déplacent vers le milieu de la surface de la pupille. » L.d.V.. p. 313.
A supposer que l’on accepte le « naturalisme » de la perspective photographique, sa plausibilité, il faut encore que le point de vue du spectateur qui regarde l’écran coïncide avec le point de vue adopté par la caméra pour la construire : c’est-à-dire vision monoculaire, à une certaine hauteur, d’un certain côté (azimuth), à une certaine distance (site), bref, sous le même angle de champ… Que reste-t-il de cette concordance au cinéma, où le point de vue de la caméra change constamment en azimuth, grosseur du « plan », ouverture angulaire, alors que le spectateur voyage, immobile, dans son fauteuil ?
Revenons à l’œil
Le champ visuel total s’ouvre sur un angle de 200°, le champ moyen détaillé sous 15 – 20° et la vision fine sur moins de 2°. Seuls les rayons centraux se forment avec une haute précision sur la tâche centrale de la rétine : la fovéa. C’est là que l’on sépare le mieux les détails : l’acuité atteint 2′ d’arc (1° = 60′) ce qui fait qu’à 30 cm on peut distinguer des détails de 1/10 de millimètre sur 3 ou 4 mm. Les cônes y sont très serrés (150.000 au mm2 dans 1° 66).
Autour de la fovéa, la macula, découpe un angle solide de 6°, ce qui fait 1,5 cm vu assez bien à 30 cm. Au-delà de 10°, la densité des cônes tombe à 5.000. Mais ils sont relayés dès 2° par les bâtonnets qui atteignent leur maximum à 18° (150.000 au mm2 , 70.000 au-delà de 60°).
Il s’ensuit que l’angle de champ utile rétinien fait environ une vingtaine de degrés car les 18° (du maximum bâtonnets) marquent la fin du champ de vision détaillée, voire sa découpe.
En vision binoculaire, on peut donc parler d’un angle utile de 18° vertical et de 25° horizontal, angle correspondant à la conjugaison des deux yeux.
Cet angle détermine par rapport à la focale du cristallin (15 mm) un « format » principal de rétine (quelques millimètres carrés).
Inversement, pour un format donné, cet angle solide déterminerait une focale.
Ainsi, pour le même angle solide (μ) de 18° vertical, le format 16 mm (dont l’image fait 10,2 mm x 7,4 mm) oblige à une focale de 25 mm11.
La distance focale (du centre optique au foyer de la lentille) pour un format donné renseigne donc immédiatement sur l’ouverture angulaire (μ) d’un objectif.
F (focale) =
Une application Immédiate
Connaissant le recul maximum dont on dispose pour la caméra dans un décor, quelle focale utiliser pour embrasser d’un angle ( ) le champ horizontal souhaité ?
Pour un format donné, si l’on change de focale sans bouger de point de vue, l’image très vaste au grand angle paraît grossir au télé, comme avec une paire de jumelles.
Mais il n’y a pas que le cadrage qui change ; l’angle des lignes de fuite vers le point géométral varie aussi car le champ de fuite n’est jamais autre chose que l’ouverture angulaire de l’objectif : c’est-à-dire la vitesse avec laquelle les grandeurs images décroissent en proportion de la distance.
Au grand angle, la profondeur semble augmenter puisque la taille des objets diminue plus vite que la normale. Au téléobjectif, au contraire, la profondeur se tasse puisque la taille des objets décroit moins vite qu’à l’ordinaire 12.
Corollairement, d’un point de vue cinétique, le grand angle augmente la vitesse apparente des mobiles se déplaçant (sagitalement) dans la profondeur, diminue la vitesse apparente (angulaire) des mobiles se déplaçant latéralement.
Le télé, par contre, donne l’impression de piétinement dans la profondeur, alors qu’il accélère les mouvements angulaires, les mouvements vus de profil.
Toutes ces modifications seront davantage ressenties sur les bords de l’image qu’au centre, près de l’objectif qu’au loin.
Expérience. — Approchez un damier au ras de l’œil, et observez au ralenti, sans défaire le point de fixation du centre : vous verrez les lignes s’incurver dans les extrêmes.
En fait, ces déformations passent habituellement inaperçues dans la périphérie du champ visuel parce que la vision y est indistincte13 et parce que l’on hypostase la vision centrale dans sa rectitude (avec 150.000 cônes/mm2 à l’appui) comme lieu scopique.
Nous avons vu en effet que la rétine périphérique se moque des formes, ne retient que les mouvements, les modifications de contexte, qui se trouvent par contré fortement signalées à la conscience. (Dans les salles de cinéma, le champ périphérique, l’autour de l’écran, est plongé dans le noir pour évacuer ce qui bouge.)
Ce sont donc ces déformations que le très grand angle fait apparaître clairement, celles que Panofsky note dans La perspective comme forme symbolique (p. 49).
« Alors qu’en projection perspectiviste plane, les lignes droites sont des droites, les mêmes droites sont perçues par notre organe visuel comme des courbes à courbure convexe, en partant du centre de l’image », déformations la plupart du temps ignorées ou refusées pour les raisons que j’indiquais plus haut.
Telle est donc l’importance du champ de fuite vers le point géométral de l’ouverture angulaire donnée par la focale. La perspective peut être modifiée autour de la valeur moyenne
que donne la géométrie rétinienne. Un rapport différent s’installe entre le premier et l’arrière-plan (éloignement ou rapprochement abusif) ; la vitesse sagittale (ralentissement ou accélération) est réglable et pareillement les vitesses transversales.
La représentation des allures et des figures est donc modulable et avec elles la temporalité même de leur déroulement. (Questions que nous repréciserons en abordant les mouvements de caméra.)
Faut-il jouer près ou loin de la caméra ?
« Parmi les choses égales, la plus éloignée semble moindre. » L.d.V.. p. 310.
Soient deux personnages de même taille placés à une distance inégale. La différence de leurs dimensions apparentes s’accuse dans la mesure où ils sont proches ; leurs dimensions semblent différer, d’autant moins qu’ils sont loin de l’œil. (En gros plan, on recommande aux acteurs de jouer moins vite.)
“Parmi les corps de mouvement égal, celui-là paraître plus rapide qui sera plus proche, et plus lent celui qui sera plus lointain.” — L.d.V., p. 234.
Ce qui est filmé de très près semble bouger plus vite. De surcroît, le télé augmente les vitesses latérales, le grand angle, l’effet de fuite ou de rapprochement dans la distance. C’est de la mise en scène. Vous voyez. Ratatiner l’espace ou le dilater. Faire fuir les ombres plus vite que de coutume ou les ramasser sur un sur-place. Avec le grand angle augmenter l’emphase de la convergence dans une saisie plus vaste des lieux, dans un plus-de-voir, avec plus-de-recul. Avec le télé, ramener l’emphase du rapprochement 14. Bref, convoquer différemment vers le non-convergent, plus serré, le moins-de-voir, mais avec l’espace-off. manifesté dans son illimité (grand angle, plan grand ensemble) ou son éviction (télé, gros plan). Prise de vues, concentrée ou élargie, profonde ou tassée, on ne peut ignorer l’effet de focale, le dispositif angulaire au cinéma.
Pour que le dispositif fonctionne, il suffit que u ≤ w ; dès lors, par-là bascule scopique, par l’identification au regard de la caméra, le spectateur vient occuper en ∝’ la position virtuelle de viseur (supposé savoir, et si le dispositif est bien réglé par ailleurs, il s’en fout plein la vue, sans être vu, avec ce léger fading qui lui fait même oublier qu’il regarde).
IX. PROFONDEUR DE CHAMP
« Décris les paysages avec le vent et l'eau, au lever et au coucher du soleil. » L.d.V.. Paysage, p. 249. Gallimard. 1942.
Il faut bien reparler du point géométral. La présence d’un point de fuite, se confondant avec l’infiniment loin, situé au fond du paysage, transfigure l’image. Dans les longs panoramiques sur les montagnes italiennes ( Fortini/Cani), c’est la référence prolongée à ce point géométral qui amène le regard du spectateur à se confondre lentement avec celui de la caméra, fascinant par son exactitude déployée sans trucage.
Ce point de fuite, issu de l’infini du ciel, nous regarde de loin, comme un œil divin, et c’est là sa force. De s’identifier à lui vient notre régal ; d’y voir une perte, infiniment loin vient notre contemplation.
Mais ce point-là n’est pas toujours au ciel ; à l’horizon, il vient à l’équilibre, notre égal, il vient à l’équilibre, notre égal, il épouse le point de vue d’un homme debout (caméra à l’épaule). Descend-il sous l’horizon que ce point nous regarde de la terre. Et la visée du spectateur prend le dessus. L’horizontale est la référence terrestre, étale, dont l’oreille est maîtresse. L’angle de plongée met en position divine, dominante, de survol écrasant, de supposé savoir. L’angle de contre-plongée met en position de cloué à terre, de bébé rampant, loin des bras de la mère et de son regard15.
Le point géométral, toujours présent, mais sous-jacent, ne fait pas toujours cause commune avec l’infini ou le ciel bleu.
Il peut être élidé par le décor, par des à‑plats, des murs, qui sectionnent les lignes de fuite et coupent l’idée de la distance et du dehors. En intérieur, tout dépend donc de la profondeur du champ, de la profondeur des lieux.
La profondeur DU champ ce n’est pas la profondeur DE champ, affaire d’optique. On a couramment donné à l’expression « profondeur de champ « plusieurs sens qui se superposaient dans une certaine confusion.
La profondeur de champ, c’est et ce n’est que la capacité potentielle d’un objectif, d’un système optique, à reproduire une image nette dans une certaine profondeur sagittale 16. La profondeur de champ, c’est la profondeur (d’une distance x à une distance y) dans laquelle la mise au point reste acceptable, dans les limites d’un début de flou 17.
Dès lors, la profondeur de champ vient moduler la profondeur du champ en profondeur de netteté sur laquelle on peut s’interroger, en effet.
C’est que le flou introduit, comme le point géométral, une dimension nouvelle (et souvent imposée par l’optique elle-même) qui vient compléter le dispositif. L’emphase de la convergence choît dans sa limite : la nécessité de faire le point, de choisir un plan d’accommodation plus ou moins épais. Par des astuces18, on peut obtenir un cadre entièrement net, de l’avant-plan à l’arrière-plan. La mise en scène s’étale alors en profondeur, sur plusieurs niveaux, qui peuvent interagir entre eux, connectés ou non. De plus, l’absence du flou confère à l’Image une puissance exceptionnelle, une possession totale de l’espace.
Souvent, les conditions de tournage ne permettent pas d’obtenir la grande profondeur de champ. Dès lors, il faut faire avec le flou forcé introduit par le système optique.
Ce faisant, le flou reste un élément d’écriture qui entre dans l’image de deux manières : soit qu’il vienne de l’infini et gagne l’image jusqu’au premier plan, qui reste net, soit qu’il vienne
du premier plan et s’enfonce vers l’arrière-plan, qui reste lisible Ces deux manières peuvent cohabiter et on doit s’accommoder d’une tranche d’espace nette, plus ou moins épaisse, sans pouvoir rejeter ces flous hors de la conscience19.
Dans le flou par l’avant est introduite une rayure, une faiblesse. Soit qu’on y voit une gêne, une interposition, du non donné-à-voir, seulement à apercevoir, sans possibilité de délivrer la vue de son impuissance. Soit qu’on évince du champ un élément inintéressant, en le marquant espace frontière de l’histoire. Soit encore qu’on pointe un nouvel élément, flou d’abord, et qui sera éclairé par la suite, après une attente. Dans tous les cas, un regard est rappelé, avec l’accommodation partielle ; du caché, du non-saisi est donné à voir, et le spectateur est dessaisi de sa toute-puissance puisqu’il ne peut accommoder pardessus cet autre regard prédécesseur.
Dans le flou par l’arrière, c’est d’abord le point géométral qui est éludé, ou c’est un lointain menaçant qui va nous être montré après coup, ou encore c’est une dramatisation des événements qui fait resserrer l’attention sur les personnages en avant-plan, dans un décor devenu inutile ou gênant. Ce qui est dans le lointain est éliminé, absorbé, oublié de l’histoire. La scène est simplifiée, réduite à l’essentiel.
Dans le flou par l’avant et par l’arrière, la scène est prise en sandwich entre deux espaces et les héros se glissent dans une tranche d’histoire… Un en-dehors est manifesté mais, en même temps, l’espace-off envahit le cadre.
Enfin, le flou peut se déplacer. La mise au point peut suivre un personnage évoluant dans la profondeur (par exemple, lors d’un panoramique). L’espace flou est donc fortement noté comme espace-off (hors diégèse), ou encore la mise au point peut être déplacée pour découvrir une autre scène, que la grande profondeur de champ eût montrée d’un seul tenant : le point tracté divise l’espace en plusieurs zones d’intérêt séparables ; il mime l’accommodation en acte, la traction scopique.
X. LES OBJECTIFS
Ils sont fragiles, rayables, craignent les chocs, les traces de doigt, les poussières. On les protège par des capots métalliques, appelés bouchons d’objectifs. On les maintient dans un état de propreté constante pour préserver leurs qualités. On les essuie avec une poire à air.
La principale qualité d’un objectif, c’est son pouvoir séparateur, son « piqué ». Le nombre de traits qu’il peut séparer en 1 mm sert de point de référence à cette mesure20. Il est évidemment inutile de séparer des détails plus fins que le grain élémentaire de l’émulsion photographique.
Une émulsion photo-sensible (rapide) sépare 40 à 50 traits au millimètre. Une émulsion lente différencie 90 à 100 traits au millimètre. Dans ce cas, un objectif qui sépare 200 traits au millimètre convient.
Cela veut dire que le point élémentaire donné par l’objectif est en réalité un tout petit cercle (il n’y a pas de points infiniment petits, il n’y a que des cercles de diffusion).
Le cercle de moindre confusion, ce qu’on appelle le point, est de 25 . soit 0,025 mm dans le format de 16 mm. Mais reporté sur un écran de 1,20 m de base, avec un agrandissement de 115 fois, ce point fait 3 mm de diamètre au minimum.
DIAPHRAGME
La lumière extérieure varie selon les saisons, les heures, l’état du ciel ; les émulsions sont différemment sensibles, mais toutes ont une faible fourchette d’utilisation par rapport è l’œil ; les objectifs, par ailleurs, sont plus ou moins transparents. Il est donc nécessaire de régler, par un moyen simple et mécanique, la quantité de lumière entrant dans la chambre noire. On use d’un iris à lamelles, placé au centre optique de l’objectif, le diaphragme.
La lumière qui entre est proportionnelle à la surface utile de la lentille. Lorsque le diamètre du diaphragme approche celui de la lentille frontale, la lumière passe au maximum. Pour diviser la lumière par 2. il suffit donc de diviser le diamètre par V 2, puisque la surface utile variant avec le carré du diamètre, est divisée par 2 (√22 = 2). Il s’ensuit que les diamètres sont en progression géométrique de raison √2 (√2 = 1.414) — pure commodité — 1 — 1.4 — 2 — 2.8 — 4 — 5,6 – 8 ‑11 – 16 — 22 , etc., on multiplie à chaque fois par v2, c’est-à-dire que. d’une graduation à l’autre, la lumière entre 2 fois moins ou 2 fois plus.
L’ouverture du diaphragme « n » est égale à la focale F, divisée par le diamètre de la pupille mécanique, d [n = F/d]. Les diaph les plus ouverts font un petit chiffre (F/d) et les plus fermés, les moins lumineux, font un grand chiffre 21.
En ouvrant d’un cran (par exemple de 5, 6 à 4), on fait entrer deux fois plus de lumière ; en fermant de 3 crans, on fait entrer 2 X 2 x 2 = 8 fois moins de lumière.
On remarquera que les diaphragmes fermés donnent une meilleure image (plus piquée) que les diaphragmes grands ouverts.
C’est que le petit trou réduit l’aberration sphérique, distorsion produite par les rayons marginaux. C’est ce que toute optique ne fait pas converger les rayons centraux au môme foyer que les rayons marginaux. En diaphragmant, la surface de la lentille se ramène en un centre = les rayons marginaux se trouvent éliminés d’autant.
Enfin ‚on distinguera l’ouverture photométrique (T stop) de l’ouverture géométrique (f/stop). Malgré les traitements antireflets, les lentilles ne laissent pas passer exactement autant de lumière que l’ouverture du diamètre pupillaire le laisserait supposer.
Il y a une perte de transmission. L’ouverture photométrique sert à calculer la luminosité, l’ouverture géométrique à calculer la propagation des rayons et notamment la profondeur de champ.
TIRAGE
Pour faire le point sur un personnage qui se déplace, ou qui se rapproche, il faut allonger la distance qui sépare le centre optique du plan focal. On tire donc les lentilles vers l’avant, puisque c’est plus facile que de reculer le film vers l’arrière.
On avance l’objectif en le faisant tourner sur une monture hélicoïdale. L’opération de déplacement vers l’ouverture, le tirage, sera d’autant plus importante que la focale est longue et que l’objet est proche 22.
La distance au sujet se mesure avec un décamètre à partir du plan film. Souvent on l’évalue sur le dépoli du verre de visée, disposant d’une certaine latitude de point, d’une certaine marge.
PROFONDEUR DE CHAMP
On dispose d’une latitude de point ∆ p’, telle que le cône des rayons se dirigeant vers un point image ne découpe pas sur l’émulsion un cercle de confusion supérieure à une limite de netteté (en 16 mm = 0,025 mm)
∆ p’ = p’ ◌̅ (0, ouverture utile du diaphragme).
Cette latitude (moins grande sur les bords qu’au centre) s’appelle la profondeur de point.
Il y a donc une limite postérieure de netteté A2 située à une distance p2 de l’objectif et une limite antérieure de netteté située à une distance p1 de l’objectif, p3 — p1 donne la profondeur de champ exacte.
En reportage, on peut s’affranchir du problème de la mise au point, en réglant le tirage sur l’hyperfocale ; c’est d’ailleurs sur cette distance particulière que sont réglés les objectifs dépourvus de bague de mise au point.
L’hyperfocale, c’est la distance P pour laquelle P2 (limite postérieure de netteté) est à l’infini et pour laquelle P1 (limite antérieure de netteté) vaut la moitié de P.
De manière générale, l’hyperfocale (p (H) se calcule ainsi : avec F, focale ; n. diaf ; Cc, cercle de confusion
Exemple : un objectif de 25 mm (en format 16) ouvert à f/8 (Ce = 0,025 mm).
La profondeur de champ s’étend alors de 1,56 m à l’infini.
La profondeur de champ se calcule facilement à partir de l’hyperfocale.
On y voit que la profondeur de champ augmente avec les courtes focales et diminue avec les télé ; augmente quand on ferme le diaph, diminue quand on l’ouvre, à cause de l’importance croissante des rayons marginaux ; augmente aussi lors que la distance de mise au point est grande, diminue lorsqu’on la règle sur des objets rapprochés. Sur certains objectifs, on trouve une échelle graduée de la profondeur de champ.
PROFONDEUR DE POINT
Très critique pour les courtes focales, elle est l’image de la profondeur de champ dans le plan émulsion. Empiriquement, elle vaut :
Cette profondeur de point est très fine (de l’ordre du dixième de millimètre), aussi le tirage mécanique de l’objectif doit-il être ajusté avec précision (au besoin, on « recale » l’objectif sur banc optique) et donc vissé ou monté correctement sur le boîtier. Aussi bien le film doit rester parfaitement plat (presseurs bien réglés) et les filetages en bon état.
En 16 mm, le tirage mécanique est de 17,52 mm pour une monture C.
CHAUD ET FROID
Toutes les couleurs ne passent pas de la même manière à travers les x lentilles de l’objectif. Certains objectifs augmentent la transmission dans les rouges (ils sont chauds) ou dans les bleus (ils deviennent froids).
ZOOM
Le zoom permet de « s’approcher » ou de « s’éloigner » virtuellement du sujet que l’on filme par la simple rotation d’une manivelle. On déplace ainsi, par compensation mécanique, 2 ou 3 lentilles de l’objectif, de manière à réaliser simultanément la variation de focale et la fixité de la mise au point. Un de ces deux mouvements n’est pas linéaire et doit être commandé par une came synchronisée avec la plus haute précision.
Dans le cas du « 12 — 120 Angénieux », la distance minimale (p min) de mise au point est de 1,50 m.
L’ouverture angulaire u passe de 450 au télé (120 mm) à 46° au grand angle (12 mm).
(à Suivre)
- La lumière est essentiellement un double champ (électrique, magnétique) se déplaçant perpendiculairement à l’axe du rayon. Elle trouve son origine dans les transformations énergétiques qui se produisent dans les couches électroniques des atomes.
- Le seuil différentiel d’intensité mesure la luminosité minima dont il faut s’écarter pour qu’un changement d’intensité soit perceptible sur une plage lumineuse. Au clair de lune (éclairement 1/4 de lux) le seuil d’intensité est de 0,133. Au bureau (éclairement de 200 lux) il est de 0,018. Autrement dit. pour percevoir une différence de contraste, 11 faut 13 % d’écart au clair de lune, 1 % au bureau, et 0,95 % en plein soleil. On verra l’intérêt de cette question à propos de l’étalonnage et de la luminence moyenne d’un écran de cinéma.
- En réalité pour l’œil, la loi de Fechner demande à être plus précise : elle devient : S = K3 En relation exponentielle dans laquelle l’exposant n dépend surtout du champ lumineux périphérique qui détermine l’état d’adaptation générale de la rétine et varie de 0,3 à 3,0. L’étalonnage des films à une valeur moyenne de n n’est pas étranger au repos forcé de l’œil devant l’écran.
- Qui doit modifier la vitesse de pompage des ions sodium dans la membrane des
- La condition permettra aussi d’améliorer la qualité de l’image rétinienne en éliminant les rayons marginaux et en augmentant la profondeur de champ (une simple lentille convergente ne donne pas une bonne Image si elle n’est pas diaphragmée).
- Variations du seuil de vision en fonction du séjour à l’obscurité.
- La durée de la rémanence ^ 50′ de seconde Imposera la vitesse du cinématographe 10 images/seconde.
- Il y a d’autres aberrations introduites par les lentilles convergentes, telles l’aberration de réfrangibilité : l’aberration sphérique. Cf. Infra.
- Effectivement, on dit “peindre un tableau”, “tourner un plan”…
- A tel point que la société Leitz fabrique un grand angle qui déforme peu dans les coins (« Histagon » 8,5 mm) utilisé par Yann le Masson, opérateur de J.-L. Comolli dans La Cécilla.
- Suivant la relation trigonométrique : tg (u) =
dans laquelle H ou V représente les demi-formats et F la focale. - A Hollywood, on tirait les portraits au télé, question d’aplatir les nez ; de faire revenir mentons trop fuyants, etc.
- Indistincte â cause de l’aberration sphérique d’une part, de la diminution du nombre de bâtonnets et de l’absence de cônes d’autre part.
- Bien « découpé » veut dire qui s’accorde à la logique dramatique, c’est-à-dire au point de visée divin de l’Autre.
- En photographie, par l’emploi d’une chambre noire déformable, il est possible de rattraper les déformations perspectifstes causées par la vue plongeante ou contre-plongeante (déformations que le cerveau rattrape mais que l’appareillage enregistre). Au cinéma, l’usage de la bascule et du décentrement est aujourd’hui encore techniquement impossible.
- Sagittale : devant soit, comme une flèche.
- Flou, de flavus (latin), fâné, flétri. Terme technique apparu en 1676.
- En usant du grand angle, de fortes lumières ou de pellicules très sensibles
- Tranche où se resserre la fiction
- Il existe une autre courbe de transfert de modulation, plus appropriée à satisfaire un ingénieur qu’un cinéaste.
- On trouve ça étrange au début, parce qu’on associe au plus grand nombre la plus grande lumière, et au plus petit la plus faible alors que le diaf est un quotient et non un multiplicande.
- Le tirage optique d’un objectif se calcule ainsi :
T. tirage, D. distance de mise au point, F. focale. Ex. : pour D = 3 mètres, F = 25 mm