- Que sont les qualia ?
Je mords dans un citron, sens l’odeur de la rose, entends le son du violon, passe la main sur une surface rugueuse, ressens une violente douleur dans l’épaule, un chatouillement dans la paume de la main, voit une surface rouge vif, suis d’humeur mélancolique, sens monter une violente colère, etc.
Dans chacun de ces cas, je me trouve dans un état mental doté d’un caractère subjectif particulier. Être dans l’un de ces états me fait un effet particulier et l’effet que cela fait de sentir l’odeur de la rose n’est pas le même que de sentir l’odeur d’œufs pourris ou d’entendre le son de la trompette. Chacun de ces états a sa phénoménologie propre. (du grec phainoménov : ce qui apparait)
Le terme de qualia (au singulier quale) est utilisé par les philosophes (et aujourd’hui par les neurosciences) pour faire référence aux aspects phénoménaux de notre vie mentale. On parle aussi de propriétés phénoménales, de propriétés qualitatives ou sensation-nelles.
Les désaccords portent sur les questions suivantes :
Quels états mentaux ont des qualia ? Les qualia sont-ils seulement des propriétés intrinsèques du sujet qui perçoit ? Quelles sont les relations entre les qualia et le monde physique tant externe (l’environnement, le corps), qu’interne (le cerveau) ?
les qualia sont des traits intrinsèques de l’expérience, des éprouvés sensibles qui : sont accessibles à l’introspection ; peuvent varier sans aucune variation du contenu intentionnel des expériences ; sont les contreparties mentales de certaines propriétés directement observables des objets (ex. la couleur) ; sont les seuls déterminants du caractère phénoménal des expériences ; ineffables (atomiques ou inanalysables) qu’est ce que le bleuité ? c’est du bleu… ; privés (accessibles uniquement à celui qui en fait l’expérience) ; et finalement donnés incorrigiblement (on ne peut se tromper sur la nature des qualia dont on a l’expérience)
Quels sont les états mentaux qui possèdent des qualia ?
(1) Expériences perceptives : entendre le son d’une trompette, voir un objet rouge, toucher un objet gluant, sentir l’odeur du café, ressentir le goût du café…
(2) Sensations corporelles : ressentir une douleur, avoir faim, avoir froid, sensation de chatouillement, mal de tête, étourdissement, déséquilibre, plaisir…
(3) Passions, émotions : ressentir de la peur, de l’amour, du chagrin, du regret, désir sexuel, jalousie, etc.
(4) Humeurs : se sentir joyeux, déprimé, calme, tendu, stressé, malheureux…
En perception, chaque modalité sensorielle ou motrice se fait connaître par des qualias =
La couleur possède trois qualias (teinte, saturation , luminosité) irréductibles : ce sont des éprouvés sensibles élémentaires, non analysables comme tels : des atomes perceptifs qui se combinent avec d’autres qualias [ex : une orange = sphère, texture, taille, couleur] pour former des « molécules », à savoir des objets de perception visuelle…
Qualias spécifiques = ex : timbre et hauteur sonores, couleur, acide sucré salé amer, chaleur…
Qualias mixtes = ex : grain (auditif) rugosité (tactile) et texture (visuelle)
Qualias communs = espace/temps soient : position (azimut et distance), durée (brève ou longue)… trajectoires…
L’œil sépare des détails de 30“ d’arc, l’ouïe de 2° d’angle. La vision opère en quelques centaines de millisecondes, l’audition en quelques secondes …etc …
Deux dimensions du mental :
Au cinéma, trois perceptions en jeu : audition, vision, mais aussi mouvement (par projection de la mémoire corporelle du spectateur depuis le cortex pré-moteur, qui aussi le lieu de la mémoire des actes et de l’imagination motrice)…
Ainsi le suivi des personnages (actions, états mentaux, perceptions) permet de retrouver –par projection/identification très personnelle– une bonne part des qualias corporels éprouvés par les personnages. Le spectateur, avec toutes ses expériences internes ou externes, est donc l’ultime interprète du jeu d’acteur…
CLASSIFICATION DE SCHERRINGTON (1913)
SHERRINGTON a divisé les trois grandes rubriques de la sensibilité somatique. Cette division se base sur la position plus ou moins périphérique des récepteurs sensoriels.
l’Exteroception : les sens à distance et les sens de contact
Vision (kms) ; Audition (dizaine de mètres) ; Odorat (proximité)
Toucher (sensori-moteur, mêlant 9 types de stimuli); Goût (complexité : saveur + tactilité motrice+ flaveur + vision)
la Proprioception : le schéma corporel au repos ou à l’effort
Sensibilité Musculaire / Sensibilité Tendineuse. La proprioception permet une sensibilité myoarticulaire et une connaissance du mouvement et de l’effort. Elle inclut le sens de l’équilibre.
l’Intéroception : Elle regroupe les sensations viscérales. (plaisir, douleur)
Toute classification va créer artificiellement des compartiments sans relation les uns avec les autres.
La sensibilité somatique peut avoir plusieurs fonctions qui appartiennent à plusieurs modalités. Exemples : La vision appartient à l’extéroception, elle va acquérir une propriété proprioceptive à partir du moment où elle permet d’appréhender un mouvement corporel.
Le toucher appartient à l’extéroception, mais aussi à la sensibilité haptique (bras + mains, c’est à dire au travail manuel), avec une fonction proprioceptive si l’on s’intéresse aux récepteurs situés sous la plante des pieds nous permettant de coder la position du corps dans l’espace.
Si on compare les différents systèmes sensoriels entre eux, on constate un certain nombre de points communs. Dans tous les cas, il s’agit· d’extraire la qualité de l’information (qualias) :· de connaître l’intensité de la stimulation, sa durée et de la localiser dans l’espace du corps ou dans l’environnement extérieur.
La moindre de nos connaissances résulte d’un traitement conjoint d’informations en provenance de multiples modalités sensorielles ou motrices. Il y a donc une intégration multi-sensorielle de l’information.
Les récepteurs sensoriels
On peut classer les récepteurs sensoriels en fonction de trois grands critères : situation anatomique ;· type de stimulus percus ; complexité et association à d’autres stimuli.
On retrouve la classification de Sherrington, extérocepteur, intérocepteur, propriocepteur
Les extérocepteurs sont sensibles aux stimuli qui proviennent de l’environnement, ils sont situés à la surface du corps ou à proximité. Ce sont les récepteurs cutanés du toucher, de la pression, de la douleur, de la température ainsi que la plupart des récepteurs des organes des sens.
Les propriocepteurs réagissent aux stimuli internes, on les trouve dans les muscles, les tendons, les articulations, les ligaments et les tissus conjonctifs qui recouvrent les os et les muscles. On peut considérer que les récepteurs de l’équilibre, situés dans l’oreille interne, sont également des propriocepteurs
Les intérocepteurs : ils réagissent également aux stimuli internes et on va les trouver au niveau des viscères et des vaisseaux. Le plaisir ou la douleur sont susceptibles d’envahir la conscience corporelle (détour par Freud…).
Il existe cinq grandes classes de récepteurs.
1ère classe : Les mécanorécepteurs vont conduire les influx nerveux lorsque eux-même ou les tissus adjacents sont déformés par des stimulations mécaniques comme le toucher, la pression ou l’étirement ; 2ème classe : Les thermorécepteurs qui répondent aux changements de température ; 3ème classe : Les photorécepteurs qui réagissent à un signal lumineux ; 4ème classe : Les chimiorécepteurs sensibles aux substances chimiques en solution, aux molécules respirées ou goûtées, ainsi qu’à des changements de la composition chimique du sang ; 5ème classe : Les nocicepteurs qui vont répondre instantanément à des stimulations potentiellement nuisibles et interprétées comme de la douleur par le cerveau.
Tous les récepteurs peuvent jouer un rôle –transfiguré– lorsque les stimulations sont intenses (excitation « invasive » et sensations de l’amour).