Il y a deux choses que vous devez savoir : dois-je tourner de près ou de loin, dois-je m’attarder ou non sur ce plan ? Si vous avez la réponse à ces questions, vous pouvez tout faire.
Manifestement, vous avez peur. Vous avez peur que si vous éloignez la caméra, on ne saura de quoi il retourne. Pensez-vous qu’en la rapprochant tout s’éclaircira ? Non ! Parce que vos acteurs eux-mêmes ne connaissent pas vos intentions. Ils ne savent pas où vous voulez en venir et ce que vous attendez d’eux. En outre, tout est lent, assommant, redondant.
Voyons, vous êtes jeunes et vous devriez avoir « l’œil baladeur » pour pouvoir découvrir le côté amusant ou grotesque de tout ce qui nous entoure. Je vais au cinéma pour me sentir mieux. Je n’y vais pas pour qu’on me bourre le crâne. Je ne le veux pas et je n’en ai pas besoin. Je ne suis pas si bête que ça et je ne veux pas qu’on m’instruise sans cesse. Je veux aller voir quelque chose : le monde, ma réalité, mais perçus d’une manière différente, plus intéressante.
Par exemple : je passe toujours par cette rue et il y a des choses que je n’ai pas remarquées. Je connais cet homme et, c’est drôle, mais je ne le voyais pas sous ce jour, J’ai fréquenté cette école, j’y ai étudié et ; tout d’un coup, je la vois autrement… Voilà ce que le spectateur attend de vous.
Revenons à la mise en scène. Je suis convaincu que ce n’est pas un travail difficile. Il y a deux choses que vous devez savoir : dois-je tourner de près ou de loin, dois-je m’attarder ou non sur ce plan ? Si vous avez la réponse à ces questions, vous pouvez tout faire. C’est là qu’on retrouve la patte d’un Eisenstein, d’un Chaplin, d’un Fellini. Cela signifie : dois-je me rapprocher ou m’éloigner ? Non, je vais me mettre plus loin, on va voir… Ce sera assez clair, assez compréhensible ? Hum, il vaut mieux que je me rapproche, ce truc-là est intéressant… Voilà comment vous devez vous comporter, comme si vous étiez vous-mêmes en train d’observer un événement. C’est quand même simple, non ?