UZIN, la fabrique des idées. On en parle avec ZIN TV

Les émis­sions tour­nées au BRASS seront dif­fu­sées sur inter­net : www.zintv.org

Soi­rée publique ZIN TV au BRASS en février 2018 : Pro­jec­tions, débats, concerts, mapping…

Source : BRASS

Déco­der une image, c’est s’interroger sur quand elle a été créée, qui l’a créée, et à qui elle est adres­sée. Ancrer dans un contexte his­to­rique, c’est essentiel.

Au BRASS, l’équipe de ZIN TV orga­nise entre octobre et décembre des ren­contres fil­mées entre des jeunes et deux his­to­riens autour de la ques­tion de la construc­tion des iden­ti­tés col­lec­tives. Le but du jeu : décons­truire les mythes natio­naux et acé­rer le regard cri­tique face aux images qui nous entourent.

Qui êtes vous, ZIN TV ?

La nais­sance de Zin TV répond à une néces­si­té de construire un média dans lequel on peut se recon­naître comme dans un reflet de miroir. Actuel­le­ment, on ne se recon­naît pas dans la télé­vi­sion, on la subit. Elle repré­sente un monde ins­ti­tu­tion­nel qui porte un regard presque folk­lo­rique sur nous, citoyens. À Zin TV on ne regarde pas les citoyens d’en haut mais par­mi eux.

Sur quoi vous appuyez-vous pour fabri­quer ce « média citoyen » ?

Notre démarche consiste à construire une télé­vi­sion avec les gens. D’abord en démo­cra­ti­sant la péda­go­gie du ciné­ma et de l’audiovisuel, à tra­vers des for­ma­tions, des ate­liers vidéo qui s’inscrivent dans une démarche d’émancipation ; mais aus­si à tra­vers des sémi­naires, des pro­jec­tions-débats. Le but est d’outiller les gens pour qu’ils soient en mesure d’analyser ce qu’ils voient. Com­ment regar­der la télé­vi­sion et inter­net ? Il faut com­prendre com­ment fonc­tionnent les outils audio­vi­suels pour réus­sir à mieux faire ses choix personnels.

À quelles thé­ma­tiques vous inté­res­sez vous à ZIN TV ?

Nous nous inté­res­sons beau­coup à l’actualité des mou­ve­ments sociaux, nous fai­sons des cap­sules vidéos de trois minutes dif­fu­sées sur notre site. Ces vidéos peuvent por­ter sur les droits des réfu­giés, la lutte contre l’austérité, les trai­tés inter­na­tio­naux, la liber­té d’expression face à la police, la grève des che­mi­nots, les mou­ve­ments LGBTQI (Les­biens, Gays, Bisexuels, Trans…), anti-racistes, anti-fascistes…

À tra­vers l’analyse des images dans les­quelles nous bai­gnons, nous cher­chons à revi­si­ter les mythes qui fondent notre socié­té. Pour y voir clair, il faut décryp­ter ces images, s’armer, s’outiller.

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Qu’est ce que le pro­jet “UZIN, la fabrique des idées” ?

Le pre­mier volet de ce pro­jet « La pro­pa­gande au ralen­ti », s’est dérou­lé à Munt­punt l’année pas­sée. Nous avons réuni un groupe d’une cin­quan­taine de jeunes venus d’écoles et de quar­tiers dif­fé­rents de Bruxelles et nous avons ten­té de déco­der ensemble des films de pro­pa­gande (nazie et de l’État Isla­mique). L’objectif était de s’armer pour dépas­ser les lec­tures émo­tion­nelles et les dis­cours sim­plistes qui enva­hissent les médias. Cette pre­mière expé­rience de ren­contres fil­mées entre des uni­ver­si­taires et des jeunes a bien fonc­tion­né, on a donc déci­dé de lan­cer un deuxième volet, cette fois au BRASS.

Quelle sera la pro­blé­ma­tique abor­dée dans ces émis­sions tour­nées au BRASS ?

Nous allons nous inter­ro­ger sur la manière dont sont fabri­quées les iden­ti­tés col­lec­tives. Sur quoi repose l’identité natio­nale ? La langue, des cou­tumes, des plats, des zones géo­gra­phiques ? Qu’est-ce un Belge ? Un Bruxellois ?

Com­ment se dérou­le­ra cette série de rencontres ?

Nous orga­ni­se­rons d’abord des ani­ma­tions pour bri­ser la glace et ame­ner le sujet. Puis nous ins­tal­le­rons un pla­teau de télé­vi­sion dans la salle des machines et nous fil­me­rons, à plu­sieurs camé­ras la ren­contre des jeunes avec deux his­to­riens. On ter­mi­ne­ra par quatre jours d’ateliers vidéo où les jeunes fil­me­ront eux-mêmes.

Pour­quoi avez-vous vou­lu faire de la salle des machines du BRASS le décor de ces émissions ?

Nous trou­vions vrai­ment inté­res­sant pour un tel tra­vail que le débat soit mis en scène dans un décor fait d’engrenages, de méca­nismes, de rouages… Ce n’est pas ano­din pour nous que la ren­contre s’inscrive dans l’imaginaire du monde ouvrier, lequel semble avoir dis­pa­ru des images aujourd’hui.

Qui sont les intervenants ?

L’historienne Anne Morel­li : elle abor­de­ra la ques­tion de com­ment l’Histoire se fabrique. Et l’historien congo­lais Eli­kia M’Bokolo, qui est un des auteurs d’un ouvrage de réfé­rence sur l’Histoire de l’Afrique. Il racon­te­ra l’Histoire belge d’un point de vue congolais.

Pour­quoi avoir choi­si des historiens ?

Déco­der une image, c’est s’interroger sur quand elle a été créée, qui l’a créée, et à qui elle est adres­sée. Ancrer dans un contexte his­to­rique, c’est essen­tiel. Anne Morel­li décons­truit très faci­le­ment les héros, les figures his­to­riques aux­quelles on se réfère. Elle cite beau­coup d’exemples de per­sonnes qu’on consi­dère comme de vrais Belges et démontre qu’en fait, tout est par­cours de migrations.

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