2.500 personnes réunies en plein été sous le regard de Manneken Pis pour rappeler une évidence : on n’enferme pas un enfant. Point !
Une première famille a été enfermée au centre fermé 127-bis de Steenokkerzeel le mardi 14 aout 2018. Une mère et ses 4 enfants âgés de 1 à 6 ans. L’arrêté royal régissant la détention des familles en séjour illégal est entré en vigueur le 11 août, jour noir pour les droits de l’enfant, pour les droits humains fondamentaux et pour la démocratie belge. Des familles pourront donc être détenues dans la nouvelle extension du centre fermé 127bis, situé à Steenokkerzeel à côté de l’aéroport de Bruxelles-National.
Ont voté pour la loi de 2011 sur l’enfermement des enfants : Le CDH, le MR, l’OpenVLD, le CD&V, le FDF (DEFI), la N‑VA et le SP.A.
Le PS, ECOLO, GROEN et le VB ont voté contre. (http://payknow.eu/vote/)
Priver de liberté des enfants alors qu’ils ne sont pas responsables de leur situation est contraire aux droits de l’homme et la Belgique a été plusieurs fois condamnée par le passé par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour cette pratique. Lorsqu’elle plaçait encore des enfants en détention, la Belgique a été condamnée à trois reprises, entre 2006 et 2011, par la Cour européenne des Droits de l’Homme, pour « traitements inhumains et dégradants ».
Le gouvernement fédéral aura donc été jusqu’au bout de son infâme projet, ignorant la mobilisation de vastes pans de la société civile, faisant fi des mises en garde de nombreux experts en matière de protection des enfants, méprisant les avis de plusieurs institutions belges et internationales. Le cynisme dont fait preuve le gouvernement dans la mise en œuvre de son projet est confirmé par l’introduction dans le langage aseptisé de la politique d’éloignement de la notion de “maison familiale”, appellation on ne peut plus euphémique dont sont affublées les nouvelles unités de détention pour les familles.
Comme les associations de défense des droits des étrangers ont pu le constater lors d’une visite organisée par l’Office des étrangers, le 11 juillet dernier, les “maisons familiales” sont en réalité une “prison familiale”, et rien de moins. Une prison dans laquelle les familles seront enfermées pour une durée pouvant aller jusqu’à un mois. Une prison dans laquelle les enfants mineurs de plus de 16 ans pourront être placés à l’isolement pendant 24 heures, probablement dans le centre 127 bis, qui n’est pas adapté aux mineurs.
Un rassemblement devant le Manneken Pis a été organisé le mercredi 15 août pour dénoncer la politique migratoire du gouvernement.
Jugé “indésirable, l’annonce de l’événement a été supprimé par facebook… l’événement a été rétabli par facebook bien après que de très nombreuses personnes signalent qu’il n’était pas indésirable et que la presse se mêle de l’affaire pour le voir à nouveau en ligne.
Malgré tout, le collectif de citoyens baptisé “#NotInMyName” (pas en mon nom) a réussi à rassembler 2.500 personnes selon les organisateurs et 600 selon La Libre et Le Soir, en plein été, pour protester contre les mesures discriminantes, répressives et dégradantes prises par le gouvernement belge à l’encontre des personnes migrantes, réfugiées et sans papier.
Le Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies a statué que la détention des enfants viole leurs droits fondamentaux et que de nombreux experts ont démontré l’impact profond et néfaste de la détention sur la santé, le développement et le bien-être des enfants. Et ce, quelles que soient les conditions de l’enfermement. Il n’y a pas d’enfermement humain pour des enfants.
Cela ne se fera pas en notre nom et nous resterons mobilisés ! La résistance s’organise, 300 organisations s’opposent à l’enferment des enfants et ont lancé une campagne « On n’enferme pas un enfant. Point !
Photos : Véronique Vercheval