La police entre dans un lieu culturel

En Belgique, on traque les gens jusqu’au sein de nos associations et de nos institutions ! Bienvenu en injustice.

La poli­tique d’im­mi­gra­tion du gou­ver­ne­ment belge pra­tique les rafles de per­sonnes “sans-papiers” y com­pris dans un centre cultu­rel.

Ven­dre­di 9 février 2018, 25 agents de la police de BRUXELLES ont débar­qué dans dans le centre GLOBE AROMA sous le pré­texte de contrô­ler les comptes de l’as­bl. En réa­li­té, ils ont direc­te­ment pro­cé­dé a l’ar­res­ta­tion de per­sonnes dont le seul crime était d’a­voir fui la guerre, la misère ou la dic­ta­ture. Mou­nir T., mili­tant du comi­té des travailleurs.ses migrants avec et sans papiers de la CSC, et Jiyed Sheikh, un artiste qui pré­sen­tait, avec son frère jumeau, ses œuvres dans l’ex­po “Carte de visite” de la Ville de Bruxelles.

Des artistes et syn­di­ca­listes sans papiers ont été arrê­té avec d’autres lors du ver­nis­sage au Globe Aro­ma, une Open Art House à Bruxelles, un refuge artis­tique où deman­deurs d’a­sile et Bruxel­lois se ren­contrent, car­re­four du sec­teur de la migra­tion et du domaine des arts.

Globe Aro­ma est sou­te­nu par la Ville de Bruxelles, de la Com­mu­nau­té fran­çaise, de la Com­mu­nau­té fla­mande… Ils financent les acti­vi­tés des deman­deurs d’asile, et, en même temps, devient le piège à sans – papiers…
En Bel­gique, on traque les gens jusqu’au sein de nos asso­cia­tions et de nos institutions !
Bien­ve­nu en injustice. 

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Pour­tant, grâce à la pro­li­fé­ra­tion d’i­ni­tia­tives citoyennes, les per­sonnes “sans-papiers” par­ti­cipent à tous les niveaux de la vie sociale y com­pris à la culture et ce en dépit de leurs sta­tuts. Au fur et à mesure que le temps passe, le grand fos­sé se creuse entre la poli­tique migra­toire du gou­ver­ne­ment et cette nou­velle forme de citoyen­ne­té. La vio­lence légale avec laquelle l’E­tat rafle, enferme et expulse les per­sonnes sans-papiers est un fait insup­por­table, inhu­main et sans morale. Mal­heu­reu­se­ment la loi reste la loi, la NVA reste au gou­ver­ne­ment et il n’existe aucun rem­part pour les sans-papiers, pas plus dans la culture qu’ailleurs. La vio­lence aveugle de l’Etat nous montre quel genre de socié­té ils veulent. Comme le disent nos cama­rades sans-papiers depuis des dizaines d’an­nées : ce n’est pas les immi­grés, ce n’est pas les sans-papiers, c’est la loi qu’il faut changer. 

La CSC-FGTB et toutes les orga­ni­sa­tions de la plate-forme de sou­tien aux sans papiers demandent la libé­ra­tion des mili­tants syn­di­caux et des artistes arrêtés.

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Aujourd’­hui non seule­ment nous devons faire face aux per­qui­si­tions dans les domi­ciles mais éga­le­ment dans les asso­cia­tions socio­cul­tu­relles comme Globe Aro­ma. Mais il est inté­res­sant d’analyser com­ment l’ar­res­ta­tion des 7 per­sonnes sans-papiers a été orches­trée ce ven­dre­di 9 février.

Pre­mière étape : les ser­vices d’ins­pec­tion sociale (terme géné­rique pour dif­fé­rents ser­vices régio­naux et/ou fédé­raux) décident d’ef­fec­tuer un contrôle à Globe Aro­ma. L’i­dée est que, par ce biais, les ins­pec­teurs ont le droit d’en­trer faci­le­ment dans les lieux. La police est pré­sente en “ren­fort” au cas ou cela se pas­se­rait mal… Or, même si l’ob­jet offi­ciel du contrôle n’est pas d’ar­rê­ter des sans-papiers, lors­qu’elle constate des infrac­tions, la police a l’obligation d’in­ter­ve­nir. Comme ils consi­dèrent le fait de res­ter sur le ter­ri­toire sans titre de séjour comme une infrac­tion, la police SAIT qu’en entrant dans ces lieux, si elle croise des sans-papiers, ceux-ci seront arrê­tés. Reste à choi­sir la date et l’heure : la soi­rée de ver­nis­sage d’une expo­si­tion cultu­relle où des artistes deman­deurs d’a­sile sont exposés…

1. On peine à croire que l’ob­jec­tif réel et prin­ci­pal du contrôle n’é­tait pas l’ar­res­ta­tion de sans-papiers, et pré­ci­sé­ment dans un espace socio-cultu­rel afin de faire flé­chir les nou­velles soli­da­ri­tés qui se tissent actuellement.

2. Ce qui est encore plus effrayant ici est que des ins­pec­teurs devant s’oc­cu­per d’exa­mi­ner les finances et autres méca­nismes de ges­tion ont ser­vi d’ouvre-boite (pour reprendre l’ex­pres­sion du Col­lec­tif Crer) à la police fédé­rale dans sa fré­né­sie de lutte contre l’im­mi­gra­tion dite irrégulière.

Un pas de plus a été fran­chi afin pou­voir conti­nuer à pra­ti­quer des rafles, le gou­ver­ne­ment fédé­ral orga­nise la traque des sans-papiers. Nous fran­chis­sons un pas. Celui de la liber­té de s’as­so­cier et de créer.

Ras­sem­ble­ment de sou­tien à Mou­nir et Jiyed : libé­rez nos camarades
lun­di 19 février 2018 / 8h30 Place Poe­laert, 1000 Bruxelles


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Agents, res­tez loin des sans-papiers !

Ce ven­dre­di 9 février, une ving­taine d’agents de la police fédé­rale a enva­hi Globe Aro­ma, centre artis­tique bruxel­lois qui accueille depuis quinze ans des pri­mo arri­vants-artistes. La police évoque un contrôle « mul­ti­dis­ci­pli­naire », comme s’il s’a­gis­sait là d’une forme d’art. Plu­sieurs témoins ont sur­tout vu une raz­zia très agres­sive et brutale.

Pour­quoi tant de démons­tra­tion de pou­voir ? Bien que non offi­ciel­le­ment, il appa­raît que cette action soit conforme au « Plan Canal » du ministre Jan Jam­bon. Le but n’était-il pas de scan­ner la zone Canal-Bruxelles pour détec­ter les signes du radi­ca­lisme, du ter­ro­risme et de l’ex­tré­misme violent ? Appa­rem­ment, cela jus­ti­fie­rait entre­temps aus­si l’as­saut des asso­cia­tions sociale et culturelle.

Ven­dre­di, sept artistes sans papiers ont fina­le­ment été arrê­tés. Ils auraient par­ti­ci­pé à l’ouverture d’une expo­si­tion de la Ville de Bruxelles avec aus­si le tra­vail des artistes de Globe Aro­ma. Ils ont fini la nuit der­rière les bar­reaux ! Entre-temps deux d’entre eux se trouvent dans un centre fer­mé et quatre autres ont obte­nu un ordre de quit­ter le territoire. 

Ce n’est d’ailleurs pas la pre­mière fois que les ini­tia­tives cultu­relles et spor­tives avec un large objec­tif de diver­si­té urbaine bruxel­loise sont sou­dai­ne­ment enva­hies par les agents de police. Il y a quelques mois, cela s’est pas­sé aus­si chez deux orga­ni­sa­tions socio-spor­tive dont une fois pen­dant un cours chez des enfants de six à huit ans. 

Ces raids mus­clés vont au-delà de notre approche natio­nale des sans-papiers. La prise en otage du tra­vail de jeu­nesse ou des asso­cia­tions cultu­relles témoigne d’intimidation poli­tique pure. Elle vise non seule­ment les sans-papiers, mais aus­si tous ceux qui y font face consciem­ment ou incons­ciem­ment. Les citoyens qui viennent en aide aux migrants sans-abri dans le Parc Maxi­mi­lien en leur offrant un endroit pour dor­mir, peuvent en témoi­gner. Même les gens ayant des papiers, qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs, sont trau­ma­ti­sés par cette raz­zia et sont tout sauf opti­mistes quant à l’é­vo­lu­tion de notre cli­mat culturel.

L’in­va­sion de Globe Aro­ma indique une schi­zo­phré­nie crois­sante. Au plus les déci­deurs poli­tiques prônent une inté­gra­tion active, au plus sévère est leur approche contre toutes sortes d’i­ni­tia­tives offrant aux nou­veaux arri­vants un espace ouvert pour qu’ils puissent par leurs talents contri­buer au vivre ensemble de notre socié­té. Notre poli­tique d’in­té­gra­tion risque de dérailler dans son contraire.

Il n’y a pas moins de trois ans, le ministre fla­mand Gatz a appe­lé notre sec­teur cultu­rel à s’im­pli­quer dans la crise de l’a­sile, à tra­vers des pro­jets avec des nou­veaux venus : « L’art et la culture peuvent être un baume pour les réfugiés ».
La Ville de Bruxelles sub­ven­tionne éga­le­ment Globe Aro­ma et d’autres orga­ni­sa­tions socio­cul­tu­relles en rai­son de leur tra­vail avec les nou­veaux arri­vants et les deman­deurs d’a­sile, avec ou sans papiers. C’est comme si le gou­ver­ne­ment souf­flait le chaud et le froid. 

Après l’épisode de ven­dre­di, il souffle avant tout le froid. En moins de deux heures, l’in­va­sion inti­mi­dante de la Police Fédé­rale et du SPF Finances a fait dis­pa­raître toute la confiance que Globe Aro­ma avait accu­mu­lée depuis quinze ans auprès de son public : « Ici ce sont vos talents qui comptent, pas vos papiers ». Adieu à ce havre de sécu­ri­té créa­tif, qui, pour ce type d’or­ga­ni­sa­tions à bas seuil, est cru­cial pour faire le tra­vail cultu­rel que les poli­ti­ciens eux-mêmes demandent.

Qui va suivre ? Ces der­nières années, plu­sieurs pro­jets se sont concen­trés spé­ci­fi­que­ment sur les pri­mo arri­vants et les réfu­giés, tels que : Refu-Inter­im, Ciné­maxi­mi­liaan, le réseau Uni­ted stages qui s’est créé à Bruxelles. Ces pro­jets figurent-ils main­te­nant sur une liste noire ? Peuvent-ils bien­tôt s’at­tendre à une des­cente de police, sous le cou­vert d’une véri­fi­ca­tion spé­ciale de la légis­la­tion à but non lucratif ?

Le « baume » risque de deve­nir un piège. Quel réfu­gié ou deman­deur d’a­sile se tour­ne­ra vers une orga­ni­sa­tion cultu­relle ou spor­tive en toute tran­quilli­té ? Quel tra­vailleur cultu­rel, jeune ou spor­tif ose encore ouvrir la main ou ouvrir la porte dans ces circonstances ?

Lorsque des ter­ro­ristes dan­ge­reux et des artistes paci­fiques sont mis dans le même panier par nos déci­deurs , ils devraient sur­tout com­men­cer à se deman­der ce qui ils sont deve­nus eux-mêmes. Alors que les habi­tants les plus vul­né­rables de nos villes deviennent des gibiers sau­vages, nous fai­sons tous par­tie d’un ter­rain de chasse. En effet, si l’on soup­çonne chaque huma­ni­té envers les nou­veaux venus, et que l’on craint constam­ment les inva­sions d’a­gents pour les sans-papiers, notre socié­té éclai­rée devient un état poli­cier sombre.

L’in­va­sion de ven­dre­di au Globe Aro­ma n’est pas un détail. Si de nom­breuses petites solu­tions aux pro­blèmes d’in­té­gra­tion appa­raissent comme le pro­blème majeur, nous appro­chons d’une fron­tière essen­tielle : la fron­tière entre les droits humains fon­da­men­taux en tant que déve­lop­pe­ment cultu­rel et la vio­lence aveugle de l’E­tat. Poin­ter les armes vers les per­sonnes qui pra­tiquent le fit­ness ou le théâtre est au-delà de cette limite.

C’est pour­quoi nous exi­geons un signal clair de nos déci­deurs, les ministres Jam­bon, Gatz et Muy­ters (ministre du sport) et du côté fran­co­phone Alda Greo­li pour la culture et Rachid Madrane pour le sport. Allons-nous arrê­ter avec nos pré­oc­cu­pa­tions cultu­relles ou spor­tives pour les pri­mo arri­vants, ou arrê­tez-vous de leur faire peur ? La réponse nous appren­dra pour quel type de « Vivre ensemble » nous vote­rons bientôt.

Guy Gypens (Kaai­thea­ter), An Van den Bergh (Demos), Els Rochette (Globe Aro­ma), Tom Bonte (Beurs­schouw­burg), Michael De Cock (KVS), Frie Ley­sen (cura­tor), Dirk De Clip­pe­leire, Rab-BKO

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