Ciné-club : “Revolutionary Road”

17.01 2019 /
19h30 Pianofabriek. Rue du Fort 35 - 1060 Bruxelles

Ciné-club : “Revolutionary Road”
jeudi 17 janvier à 19:30
Acrata / Bibliothèque anarchiste,
Rue de la Grande Île, 32
1000 Bruxelles

Voi­là un film qui sou­lève un peu de réflexion et suf­fi­sam­ment de haine pour vou­loir mettre en pièces d’un seul coup le RÊVE AMÉRICAIN : cette opu­lente déso­la­tion d’une vie de famille bien ran­gée et mono­tone en ban­lieue rési­den­tielle. Véri­table cau­che­mar dont l’a­néan­tis­se­ment ne serait pas si urgent s’il ne per­sis­tait à ravir le som­meil de tant de nos contem­po­rains jus­qu’à aujourd’hui.

C’est l’his­toire de deux êtres déchi­rés par une aspi­ra­tion impos­sible à com­bler dans le « vide déses­pé­rant » de leur vie quo­ti­dienne. Le vide des rôles sociaux, cette façon de mode­ler ses atti­tudes exis­ten­tielles sur les normes de l’or­ga­ni­sa­tion sociale, et qui nous rend étran­gers à nos propres dési­rs. Le vide du paraître, qui nous fait vivre dans l’i­dée des autres, sur le plan de l’ap­pa­rence, et selon les images sté­réo­ty­pées que la publi­ci­té trace de nous-mêmes. Le vide de la sépa­ra­tion, car les cir­cuits de la vie cou­rante — de l’au­to­mo­bile à la télé­vi­sion, du domi­cile au bureau, de l’au­to­route aux vacances — tou­jours iden­tiques, orga­nisent l’i­so­le­ment de tous.

Quelque part conscient de tout cela, IL met­tra pour­tant ses rêves de côté, au pre­mier pré­texte venu — la pro­mo­tion, l’argent, l’a­mour des enfants -, avec une amère faci­li­té qu’on ne connait que trop bien. Bien­tôt rat­tra­pé par le quo­ti­dien, le der­nier éclat de vie s’ef­face dans la sou­mis­sion joyeuse au pou­voir. Et les talents qu’il déployait à rompre l’en­nui du tra­vail, une fois recon­nus et homo­lo­gués, ser­vi­ront à habiller de cou­leurs neuves et sédui­santes les vieux rap­ports d’exploitation.

Impos­sible pour ELLE de renon­cer (à vivre inten­sé­ment) sans perdre la « rai­son » ou la vie. La folie est alors une caté­go­rie com­mode pour ran­ger et tenir à l’é­cart les indi­vi­dus que le pou­voir ne peut gou­ver­ner, les inadap­tés qui se moquent des rôles ou les refusent. D’où le rôle de la psy­chia­trie, de faire accep­ter aux gens une socié­té qui les rend malades.

Quelques années plus tard (le livre sort en 1961), le monde de la sur­vie n’é­tant plus per­çu comme une fata­li­té par tout le monde, il se trou­va des gens pour entre­prendre une révo­lu­tion de la vie quo­ti­dienne. D’ailleurs Revo­lu­tio­na­ry Road nous inté­resse moins pour ce que l’au­teur y exprime de cri­tiques inabou­ties, et davan­tage pour ce que son oeuvre laisse poindre et qui lui échappe.

Fic­tion de Sam Mendes (2008, 1h 59min).