Dans le cadre du cycle “Luttes décoloniales” organisé par le Steki
Les luttes décoloniales contemporaines s’organisent pour combattre divers aspects de la colonialité, c’est-à-dire de l’entreprise coloniale telle quelle perdure aujourd’hui à travers, entre autres, l’occultation de l’histoire coloniale, le racisme structurel et les violences qui en découlent (policières, administratives, judiciaires, symboliques, culturelles…), l’impérialisme et l’occupation de la Palestine.
Les situations, les préoccupations, les stratégies diffèrent beaucoup d’une région du monde à l’autre, et d’un combat à l’autre. Pour autant les pensées des situations produites par celles et ceux qui les vivent, s’inspirent mutuellement et construisent des filiations et références communes. Si ce n’est par les premiers concernés, ces ressources sont peu explorées en Europe, alors qu’elles sont un lieu privilégié de remise en question de la Modernité, donc d’une certaine tradition philosophique européenne, matrice à bien des égards du désastre actuel.
Les mouvements décoloniaux ont gagné en force ces vingt dernières années. Leurs grilles d’analyses et leurs champs lexicaux se répandent au-delà des groupes militants et se font entendre des universités aux plateaux télé. Ainsi, le signifiant « décolonial » est devenu un concept à la mode, repris de façon parfois inconsidérée, notamment par des institutions culturelles qui ont tendance à en détourner la charge politique.
Entendre des récits de luttes concrètes très diverses, resituées dans leur contexte historique, nous permettra peut-être de saisir un peu mieux ce que recouvre le terme et quels en sont les enjeux. C’est pourquoi nous avons invité des militants et chercheurs à venir nous en parler.
Cette rencontre s’inscrit dans une démarche, au sein du Steki, de réflexion et de confrontation avec des questions qui insistent, qu’elles se posent à nous au travers d’actions ou de rencontres, organisées par de nombreux collectifs bruxellois :
Comment ce mouvement fait bouger les lignes, inquiète, dérange, force à repenser, se conjugue à d’autres combats pour y trouver tantôt des complicités et des alliances, tantôt de farouches adversaires. Comment il gagne en force et en autonomie, et échappe ici comme en France à la tutelle historique de l’anti-racisme blanc.