lundi 23 novembre à 20:00
BOZAR
Rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles
Par Christian Bernard (Strasbourg, 1950). Il a enseigné les Lettres et la philosophie en Alsace (1971 – 1981), travaillé à Lyon pour le Ministère de la Culture (1982 – 1985), dirigé la Villa Arson à Nice (1986 – 1993) et conçu le Mamco (Musée d’art moderne et contemporain de Genève) qu’il dirige depuis 1994.
Nous vivons l’âge des musées : rien n’échappe désormais à la muséification. Mais peut-être le musée est-il déjà une forme usée. Paupérisation, marchandisation, privatisation progressive, perte d’influence au sein du monde de l’art au bénéfice des nouveaux acteurs du marché, architectures dispendieuses, inappropriées et qui tendent à ne valoir que pour elles-mêmes, révolution numérique qui accélère le devenir-image du réel, rupture anthropologique en cours dans le nouveau monde numérique, autant de facteurs qui affaiblissent le musée. S’y ajoutent la globalisation, la multipolarisation du monde et, pour les musées d’art contemporain, la multiplication exponentielle des artistes et des lieux de production et de monstration de l’art.Dans ce contexte de crise généralisée, le Mamco (Musée d’art moderne et contemporain de Genève), fait le pari, à l’ère de l’art exposé, de pratiquer le musée comme une fabrique de situations expositionnelles, un processus de production d’une ontophanie de l’œuvre dans l’unique apparaître de ses expériences concrètes, continûment renouvelée. En pensant la collection comme l’ensemble des items disponibles pour l’exposition et des anamnèses qui nourrissent l’imaginaire de ses visiteurs récurrents, le Mamco développe une économie institutionnelle et artistique visant à nouer un lien incarné, profane et démocratique avec ceux-ci — et la cité.