Film-débat : Le Vent de la Révolte

05.03 2018 /
20h La Poissonnerie. Rue du Progres 214, 1030 Bruxelles

Film/débat ::: Le Vent de la Révolte
Lun­di 5 mars à 20:00 — 23:00
La Poissonnerie
Rue du Progres 214, 1030 Bruxelles

Thème : La résis­tance face aux ravages d’un parc éolien au Mexique.
En pré­sence du réa­li­sa­teur Alès­si Dell’Umbria

Dans l’Isthme de Tehuan­te­pec, l’ar­ri­vée de com­pa­gnies mul­ti­na­tio­nales qui veulent faire de la région le plus vaste parc éolien de tout le conti­nent (5000 aéro­gé­né­ra­teurs) sus­cite la résis­tance des com­mu­nau­tés indi­gènes, dépos­sé­dées de leurs ter­ri­toires. A par­tir de cette mobi­li­sa­tion, le film par­court la cos­mo­vi­sion de ces com­mu­nau­tés, leur rap­port à la terre et au temps, irré­duc­tible aux caté­go­ries occi­den­tales et abou­tit à une remise en cause des notions de déve­lop­pe­ment et de progrès.

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Écrit et réa­li­sé par Alès­si Dell’Um­bria (2015)
Durée du film : 1h54
Par­te­naires : Télébocal
Avec le sou­tien : de la Région PACA ; du CNC ; de la Pro­ci­rep / Angoa

Sélec­tions fes­ti­vals (2015) :
Ren­contres Cine­La­ti­no, (Tou­louse)
Fes­ti­val de ciné­ma, (Douar­ne­nez)
Fes­ti­val d’A­mé­rique latine, Biarritz
Fes­ti­val Ame­ri­ca Molo Man, (Saint Laurent du Maroni)
Fes­ti­val A Nous de Voir, (Oul­lins)
Aux écrans du réel, (Le Mans)
Lati­no­docs, (Tou­louse)
Écrans rebelles (Bar­règes)
Fes­ti­val Inter­na­tio­nal du Film des Droits de l’Homme (Paris)
FICBAQ Baran­quilla (Colom­bia)
Voces contra el Silen­cio (Mexi­co DF)


MOT DU REALISATEUR

Mon inté­rêt pour le monde indi­gène du Mexique m’a pous­sé vers l’Isthme de Tehuan­te­pec durant l’hi­ver 2010. Une région où les Zapo­tèques et les Ikots ont déve­lop­pé des formes de vie qui ont sur­vé­cu à cinq siècles de colo­ni­sa­tion. Une région char­nière entre Amé­rique du Nord et Amé­rique cen­trale, entre Golfe du Mexique et Océan Paci­fique, objet de convoi­tises mul­tiples de la part des investisseurs.

On éprouve dans l’Isthme la sen­sa­tion de vivre sur d’autres rythmes que ceux de la métro­pole occi­den­tale, et selon des valeurs com­mu­nau­taires fortes. Pour­tant, la logique de la socié­té indus­trielle est en train d’y péné­trer avec vio­lence, bri­sant les soli­da­ri­tés et les liens au territoire.

J’as­sis­tais à la révolte gran­dis­sante des indi­gènes face au méga­pro­jet éolien, qui finit par prendre une dimen­sion régio­nale. A par­tir de mai 2012 j’ai fil­mé divers moments de cette lutte avec le sou­tien d’une équipe sur place.

Ce que je veux don­ner à voir, c’est ce choc des mondes. Com­ment l’in­tru­sion bru­tale d’en­tre­prises hors sol bou­le­verse un uni­vers obéis­sant à une autre logique, et risque de faire bas­cu­ler ces mondes indi­gènes dans la misère sociale, entraî­nant une déshu­ma­ni­sa­tion qui pointe déjà son nez dans cer­tains endroits sous diverses formes symp­to­ma­tiques (vio­lence, alcoo­lisme, drogues, pros­ti­tu­tion, pol­lu­tion, consu­mé­risme). Ce qui amène fata­le­ment à inter­ro­ger la ques­tion des éner­gies dites alter­na­tives selon une pers­pec­tive plus large.

Le film a pour objec­tif d’être dif­fu­sé le plus lar­ge­ment pos­sible, dans les fes­ti­vals, les salles de ciné­ma et les réseaux associatifs…

SYNOPSIS :

Ça se passe au Sud du Mexique, dans l’Isthme de Tehuan­te­pec. Une vaste plaine par­se­mée d’im­menses lagunes, occu­pée par des popu­la­tions indi­gènes, que des mul­ti­na­tio­nales de l’éo­lien sont en train d’in­ves­tir. Près de 800 éoliennes y sont déjà en acti­vi­té, à terme le pro­jet est d’en implan­ter 5000, trans­for­mant l’Isthme en parc mono-indus­triel, le plus grand site éolien de tout le conti­nent américain.

Les com­mu­nau­tés indi­gènes se retrouvent devant le fait accom­pli, dépos­sé­dées de leurs ter­ri­toires et confron­tées à des nui­sances éco­lo­giques inat­ten­dues, tenues à l’é­cart de déci­sions qui vont pour­tant entraî­ner des consé­quences irré­ver­sibles sur leur mode de vie : aucune consul­ta­tion publique, aucune étude sur les consé­quences, tout se joue en secret entre des élus notoi­re­ment cor­rom­pus et les com­pa­gnies mul­ti­na­tio­nales. Des vigiles en uni­forme inter­disent désor­mais l’ac­cès à des terres aupa­ra­vant com­munes, des pis­to­le­ros menacent les oppo­sants, des cam­pagnes de calom­nie média­tique et de répres­sion poli­cière se mul­ti­plient à leur encontre : L’éner­gie propre s’im­pose par des pro­cé­dés plu­tôt sales…

Le gou­ver­ne­ment mexi­cain n’en a cure, qui récu­père dans cette affaire des bons car­bone. Quand à l’élec­tri­ci­té pro­duite par ces champs éoliens, elle n’est nul­le­ment des­ti­née à la consom­ma­tion locale mais à d’autres mul­ti­na­tio­nales, agroa­li­men­taires comme Coca-Cola, Hei­ne­ken, ou de grande dis­tri­bu­tion comme Wal-Mart, Soria­na… Pour comble, les mul­ti­na­tio­nales qui s’ap­pro­prient peu à peu l’Isthme sont espa­gnoles, ce qui réveille de dou­lou­reux sou­ve­nirs dans cette antique terre de rebéllion…

Com­ment les indi­gènes résistent à ce qu’ils res­sentent comme une autre inva­sion colo­niale, et au nom de quelle vision du monde irré­duc­tible aux cri­tères de ren­ta­bi­li­té occi­den­tale, voi­là ce que ce que raconte “Le Vent de la Révolte”.