Electro Chaâbi est un documentaire qui suit les artisans d’un nouveau son issu des quartiers les plus populaires du Caire, mélange sulfureux de fête et de contestation sociale qui enflamme la jeunesse égyptienne et a précédé et amplifié le Printemps arabe.
Travaillant sur les connections entre musique et politique et les formes d’art émergeant au Moyen Orient, notamment pour compte de l’émission Tracks (ARTE), la journaliste franco-tunisienne Hind Meddeb découvre au cours de ses pérégrinations ce mouvement artistique au début 2011. Né dans les bidonvilles de la mégapole du Caire, il remixe le chaâbi classique avec les beats électro, le flow du rap, le scratch de vieux synthés égyptiens et le reggaeton jamaïcain. Caméra au poing, Hind Meddeb en devient une observatrice privilégiée, rencontrant ses figures de proue, capturant sa créativité et son bouillonnement jubilatoire.
Imaginée au départ pour faire danser les foules, cette musique devient le porte-voix de toute une génération et personnifie sa révolte. Quarante ans après la naissance du rap aux Etats-Unis, les stars de l’électro chaâbi renouent avec les origines du hip hop : ils fabriquent une musique politique et contestataire qui s’insurge contre les discriminations et les injustices. Ils improvisent des dancefloors à même la poussière des ruelles, se débrouillent pour bricoler des soundsystems et transforment les mariages en clubs à ciel ouvert. Ils téléchargent leurs beats électro et se font connaître grâce à des vidéos filmées par téléphones portables et balancées sur YouTube.
Leurs textes dénoncent les dérives du régime, sont porteurs de revendications, mais parlent aussi de fête et d’exultation. L’électro chaâbi brise les tabous, appellent à la tolérance, montrent les espoirs d’une jeunesse qui veut vivre en toute liberté. Les autorités sont réticentes, mais dépassées. Un risque pour l’avenir du mouvement ? A moins qu’il ne succombe à une autre menace, celle de la mode et de la commercialisation…
Une projection en présence de la réalisatrice Hind Meddeb
Reporter, journaliste (ARTE, France Info et France Ô) et chroniqueuse dans la matinale de France Musique, Hind Meddeb n’a jamais arrêté de voyager entre la France et le Maghreb, à l’aise de part et d’autre de la Méditerranée. Son premier film de Casa au paradis retrace le destin des 14 kamikazes marocains qui se sont faits sauter à Casablanca en mai 2003.
11 mars 2015 à 20h
Centre culturel Jacques Franck — chaussée de Waterloo 95 — 1060 Bruxelles
infos : 02/538 15 12
www.lezarts-urbains.be