Benoit Lamy, 1973, BE, 35mm, fr , 92′
Pendant le confinement, on en a pleuré, de l’hécatombe dans les maisons de retraites, de cette interdiction d’aller porter secours, réconfort, assistance à ceux qui nous ont construit, de ce scandale absolu, là-bas, de ne pas pouvoir aller enterrer ses morts. Du même coup, on s’est repassé en boucle le premier long métrage de Benoit Lamy, “Home Sweet Home”. A l’heure où l’on peut enfin rouvrir, on le met à l’écran pour en prendre plein la tronche ! Car, à la manière d’un Tarantino, “Home Sweet Home” vient mettre en scène toute la vengeance qu’on aura ressassée. C’est que le film raconte comment des vieux placés dans un home bruxellois, vivant un quotidien quasi militaire, traités avec condescendance, humiliés comme des enfants désobéissants, décident de se révolter et de tout faire péter… Et un grand feu de joie sera au rendez-vous. Car s’il faut en arriver là pour retrouver un peu de dignité et de liberté, et bien, qu’à cela ne tienne ! Cadrant au plus près ses acteurs, Benoît Lamy fait ressortir avec justesse et un sens redoutable de l’observation solitude, désir, indignation et tendresse au sein d’un microcosme régi comme tant d’autres par des rapports de pouvoir et d’argent. Le parler cru, très “belge”, la distribution épatante et la photographie, chaleureuse et frontale, renforcent l’impression de prise sur le vif. “Home Sweet Home”, brûlant d’actualité, n’a pas pris une ride grâce à son audace, son impertinence, sa drôlerie et sa cruauté bien méritée !
En avant-programme : présentation du journal “Amour & Sagesse” (qui explore les joies et les promesses du grand âge) en paroles mais aussi en chansons avec Christian Desmet alias Chef Coyote, accompagné par Antoine Loyer.
Après le film : rencontre avec le Gang des vieux en colère, mouvement qui se bat pour que les générations futures puissent vieillir dans la dignité en ayant un accès décent à la santé et un montant de pension de retraite minimum garanti. Quatre gangsters seront présents : Paul Lhoir, Mirko Popovitch, Michel Baudour (par ailleurs chef opérateur sur “Home Sweet Home”) et Pascal Delaunois (figurant dans le film).