Cette séance sera principalement consacrée à l’analyse d’œuvres de VERTOV réalisées entre 1919 et 1925
La prochaine séance aura lieu le samedi 31 Mai 2014 à 11h00 au même endroit.
LE MONTAGE L’âge d’or du cinéma soviétique — séance 2
La production de films nouveaux doit commencer par les actualités
« Dans les premières années, pendant la guerre civile, nous nous sommes trouvés dans des conditions de travail extrêmement pénibles. Nous filmions sur de la mauvaise pellicule quasiment sans appareillage ni laboratoire (…) Mais si toutes nos forces avaient été mobilisées à fond pour filmer cette guerre, on n’aurait peut‑être pas aujourd’hui des films aussi ignares et aussi semblables les uns aux autres comme nous en avons maintenant. » (Dziga VERTOV)
« Etre opérateur aux armées a une influence énorme sur toute ma vie. Je considère que pour être un bon réalisateur, il faut d’abord passer par la réalisation de documentaires, ensuite il faut bien connaître la vie et le documentaire donne cette expérience (…) (De retour du front) lorsque la pellicule manquait, je prenais de vieux films et je les remontais de différentes façons, je reliais de manières les plus variées séquences et scènes séparées. Nous avions des discussions, VERTOV et moi. Il filmait alors ses documentaires avec son montage. VERTOV n’admettait pas le travail des acteurs, leur jeu. Il n’admettait que la prise de vue et le montage comme expression de la vie réelle. Mais nous, nous considérions le côté artistique et en tenions compte. C’était la mode à l’époque, quoi qu’on fasse il fallait en tirer une théorie. Nous étions encore des gamins (…) »
« Qu’est-ce qui est important pour un artiste ? C’est de dire ce qu’il veut, d’exprimer sa pensée. Au cinéma le meilleur moyen c’est le montage. Le montage est important en tant qu’expression de la réalité. Chaque artiste choisit la forme qui lui convient, c’est le meilleur moyen d’exprimer son attitude vis à vis de la réalité. En suivant sa conception de la vie, l’artiste montera d’une façon ou d’une autre. » (Lev KOULECHOV, entretien 1962)
« J’ai appris l’art d’écrire non pas avec une plume mais avec une caméra. L’absence d’un alphabet cinématographique était gênante. J’ai essayé de créer cet alphabet. Je me suis spécialisé dans la ciné-écriture des faits. Je me suis efforcé de devenir un ciné- écrivain des actualités. J’ai appris ce métier devant une table de montage. Et dans un train blindé devant Lougansk (…) Et dans le train du camarade Kalinine. Et dans l’armée
des partisans du camarade Kojevnikov. Je l’ai appris en faisant les « kinonédélia ». En montant « La Bataille de Tsaristyne »… Et je n’ai pas eu tort d’adopter une telle conduite. Elle découle de cette directive du camarade Lénine : La production de films nouveaux, pénétrés des idées du communisme qui reflètent la réalité soviétique, doit commencer par celle des actualités »
(Dziga VERTOV)
Cette réflexion de Lénine affirme le principe de la liaison de l’art avec la réalité, principe qui fut un facteur essentiel du développement du cinéma soviétique. En s’efforçant de participer plus activement à la vie publique, les artistes, les cinéastes cherchent de nouveaux moyens d’expression.
Dans son laboratoire, KOULECHOV procède à des expériences sur le montage de fiction tandis que VERTOV, des primitifs « Kinonédélia » à « l’Homme à la caméra », échafaude les grands principes de montage de l’école du CINE-OEIL.
« Personne n’était là pour nous instruire. La méthode de narration obtenue par le montage changeait à chaque fois. De même que la manière d’aborder le tournage. Nous avancions sur un terrain vierge. Inventant et expérimentant, nous écrivions en ciné-images, tantôt des éditoriaux, tantôt des feuilletons, tantôt des ciné-reportages, tantôt des ciné-poésies.»
(Dziga VERTOV)
Dès 1917, le nouveau pouvoir soutient les jeunes réalisateurs dans la radicalité de leurs démarches, et cela malgré les difficultés économiques. Les retombées de la guerre civile et la terrible famine de 1920 placent Lénine dans l’obligation de réinstaurer le marché libre, la NEP. VERTOV se trouve ainsi en état de concurrence avec les productions étrangères bas de gamme qui envahissent les écrans soviétiques. Il doit travailler à la commande. De plus, l’époque se veut beaucoup moins ouverte aux expérimentations de l’avant-garde. C’est ainsi qu’en 1924, le tournage de « kino-glaz » est interrompu.
« Alors que nous avions filmé une partie du matériau, nous fûmes contraint d’arrêter le travail (…) Il y eu quelques projections, quelques avis se sont exprimés. Puis le film a disparu de la circulation et n’a pas été mis en distributions.» (Dziga VERTOV)
« A l’école de peinture de Moscou, on enseigne aux élèves les rudiments de la culture politique, mais hélas personne n’a songé à donner des cours de culture artistique élémentaires pour les membres du Conseil des Commissaires du Peuple, pourtant ma foi, c’est encore plus nécessaire. Ayant suivi ces cours d ‘éducation politique, l’artiste continue de peindre des tableaux et ne rédige pas de décrets »
(Ilja EHRENBURG)
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