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Lors du procès qui s’ouvre lundi 23 novembre devant la sixième chambre correctionnelle du tribunal du Hainaut, division de Mons, pour déterminer les responsabilités dans l’assassinat de la petite Mawda, les instigateurs des opérations Medusa de traques aux migrants ne figureront pas sur le banc des accusés. Seul le policier qui a tiré, ainsi que les présumés « chauffeurs » et « passeurs » seront jugés. Tout au long de l’instruction, à travers les différentes versions formulées par la police et appuyées par le parquet de Mons, jusqu’à la décision de la chambre du conseil de ne pas renvoyer ce meurtre vers la cour d’assises, s’est mis en place un processus de blanchiment et de déresponsabilisation du crime policier à travers une charge portée sur les migrants considérés comme « passeur » et « conducteur » et décrits comme une nouvelle classe dangereuse. Ce renversement des responsabilités nous invite à une réflexion plus profonde sur la façon dont la construction des illégalismes et des politiques de criminalisation de la migration produisent un ennemi – le « passeur » – qu’elles ont pourtant comme objectif déclaré de poursuivre.
-> Instruire Medusa pour démanteler les opérations de chasse aux migrants !
Mawda a été tuée entre Grande-Synthe et Douvres, sur le E42, à la hauteur de Nimmy (près de Mons). Cette première vidéoconférence aura comme enjeu une description fine et multisituée des opérations traque aux migrants menées par la police sur les autoroutes franco-belges. En effet, à travers l’affaire Mawda, on commence à comprendre comment l’enjeu de la « gestion des flux migratoires » par la police des autoroutes est d’exercer une pression sur la frontière franco-belge en prenant les migrants en chasse sur les autoroutes dès leur entrée sur le territoire belge et de les effrayer pour qu’ils prennent la mer à partir de la côte française. L’objectif obscure mais pourtant bien réel de ces opérations semble être de terroriser les migrants afin de les dissuader de passer par la Belgique. L’augmentation des passages par la mer du Nord à bord de radeaux, de petites embarcations de fortune, de pneumatiques au large de Dunkerque ces 5 dernières années constitue une des conséquences les plus dramatiques de cette politique à peine cachée de refoulement.
- Pour ce faire, nous entendrons, dans un premier temps, Frances Timberlake du Refugee Women’s Center (Grande-Synthe, Dunkerque) qui le premier a lancé l’alerte sur le meurtre de la petite Mawda en contactant le Guardian (article publié le 18/05/18 à 10H). A partir de sa pratique activiste d’aide aux migrants et de l’expérience des violences policières belges vécues et racontées par les migrants, Frances Timberlake va décrire l’expérience qu’elle a du cadre Medusa depuis Grande-Synthe, apportant des éléments de contexte fondamentaux pour saisir cette chasse aux migrants qui s’opèrent sur les autoroutes franco-belges.
- Ensuite, Michel Bouffioux, journaliste à Paris Match qui a réalisé une grande enquête d’investigation sur l’affaire Mawda, reviendra sur les éléments de son enquête les plus récents pour faire le lien entre le procès à Mons autour du meurtre de Mawda et celui de Liège qui concerne le volet « trafic des êtres humains ».
- Fabienne Brion, criminologue à l’UCL, nous aidera à inscrira les opérations Medusa dans les logiques de prohibition de la migration, de criminalisation et de construction d’un marché clandestin du passage.
- Enfin Didier Fassin, à partir d’une contre-enquête qu’il a réalisé autour du meurtre de Angelo Garand (« Mort d’un voyageur », 2020), abattu par des gendarmes du GIGN, reviendra sur le cas de la criminalisation dont font l’objet les Rroms en France, en insistant également sur la question de l’impunité, de la construction des mensonges et des politiques racistes de poursuite.
Soyez les bienvenus, vos questions seront adressées aux intervenants dans une deuxième partie de la conférence.
Organisateurs : Présence et Action Culturelles, Groupe Montois de Soutien aux Sans-Papiers, Refugee Women’s Center, Comité Mawda – Vérité et Justice, JOC Mons – Borinage, Local Autogéré du Borinage, Gauche Anticapitaliste, Théâtre des Rues, Le Village du Monde.
Source : Facebook