La Conquista de l’Amérique : salle des tortures de la modernité

15.01 2017 /
14h Rue de la Clef 26, 1000 Bruxelles

La Conquis­ta de l’A­mé­rique : salle des tor­tures de la modernité

dimanche 15 jan­vier à 14:00

Rue de la Clef 26, 1000 Bruxelles

« Il est impor­tant de sou­li­gner la dis­tinc­tion entre colo­nia­lisme et colo­nia­li­té. Le colo­nia­lisme est un phé­no­mène his­to­rique qui a lieu jusqu’au XVIe siècle. Le terme décrit le cas d’un peuple ou d’une nation qui conquiert un autre espace territorial.

Par colo­nia­li­té, en revanche, nous enten­dons un sché­ma de domi­na­tion qui est né en 1492, après la « décou­verte », mais qui a vrai­ment été impo­sé avec la conquête de l’Amérique latine. Ce sché­ma de domi­na­tion est maté­riel, éco­no­mique, mais aus­si sym­bo­lique. Le pou­voir his­pa­no-lusi­tain n’a pas seule­ment impo­sé la langue mais éga­le­ment sa vision du monde, chré­tienne, dua­liste, avec laquelle sont nés les mythes de la moder­ni­té. Selon ces mythes, les peuples indi­gènes étaient des peuples sans âmes, bar­bares, qui devaient être « sau­vés » par un pou­voir euro­péen pour deve­nir humains.

Ce sché­ma de colo­nia­li­té n’a mal­heu­reu­se­ment pas été détruit avec les indé­pen­dances du XIXe siècle. Après les pro­ces­sus d’autonomisation poli­tique, c’est un noyau créole qui s’est empa­ré de l’appareil d’État en lais­sant tou­jours de côté les popu­la­tions indi­gènes et noires. Les indi­gènes n’étaient jamais per­çus comme citoyens, et c’est res­té comme une sorte d’atavisme dans l’imaginaire. C’est pour ça que l’on conti­nue de par­ler de colo­nia­li­té comme d’un phé­no­mène qui va de pair avec la moder­ni­té et le capitalisme. »

Luís MARTÍNEZ ANDRADE (°1981, Pue­bla) est Mexi­cain. Doc­teur en socio­lo­gie de l’E­cole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. En 2009, il a reçu le pre­mier prix du concours inter­na­tio­nal de l’es­sai ” Pen­ser à contre-cou­rant ” orga­ni­sé par l’Ins­ti­tut Cubain du Livre et le Minis­tère de la Culture de Cuba. Ses recherches portent sur la rela­tion entre l’é­co­lo­gie et la reli­gion, la pen­sée lati­no-amé­ri­caine, la Théo­rie cri­tique et les mou­ve­ments sociaux.

Luis Mar­ti­nez Andrade nous par­le­ra de com­ment la civi­li­sa­tion euro­péenne s’est posi­tion­née comme réfé­rence, et le recadre dans un ana­lyse sur dif­fé­rents points : capi­ta­lisme, colo­nia­lisme, et religion.

Luis Mar­ti­nez Andrade retrace la consti­tu­tion de la matrice colo­niale dans laquelle l’Amérique Latine est insé­rée depuis la conquête euro­péenne, puis pro­pose de pen­ser son dépas­se­ment par les luttes sociales appuyées par la théo­lo­gie de la libération.


A pro­pos du Géno­cide Mémo­rial Day.

Cet évé­ne­ment a débu­té en Jan­vier 2010 avec la conver­gence de deux idées.

La pre­mière néces­si­té était de contrer l’idée que cer­tains géno­cides sont plus exclu­sive que d’autres et donc digne d’une plus grande attention.
La deuxième néces­si­té est que ce ne serait pas seule­ment un sou­ve­nir théo­rique, mais com­men­cer à iden­ti­fier les pra­tiques géno­ci­daires actuelles en vue de les arrêter.

La phi­lo­so­phie de ce pro­jet rejette l’idée qu’il y a une hié­rar­chie des vic­times en fonc­tion de leur ori­gine. Nous vou­lons tenir les gens res­pon­sables dans le cadre de GMD en met­tant en évi­dence les per­sonnes et les struc­tures de pou­voir qui ont com­mis des géno­cides ou des actes de géno­cide et nous vou­lons rap­pe­ler les vic­times de ces géno­cides et actes de géno­cide qui ont per­du leur vie.

L’initiative est bri­tan­nique, mais il se déroule au même moment à Amster­dam, Londres, Paris et cette année à Bruxelles.

Cette jour­née est appe­lée à se péren­ni­ser pour que reste vive la mémoire des crimes et géno­cides colo­niaux, de la traite négrière et de l’esclavage et pour que ces crimes occul­tés et per­pé­trés par les « nations civi­li­sées » soient plei­ne­ment recon­nus et assu­més par l’ensemble des peuples européens.
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Orga­ni­sé par Bruxelles Panthères->https://www.facebook.com/events/357886344574135/]