L’âge d’or du Cinéma Soviétique.

18.10 2014 /
11h>13h30 Cinéma NOVA 3, rue d'Arenberg - 1000 Bruxelles

Nous sommes heu­reux de vous annon­cer la reprise des séances de for­ma­tion au lan­gage ciné­ma­to­gra­phique pro­po­sées par Thier­ry Odeyn.

Il vous pro­po­se­ra cette sai­son 5 séances autour du mon­tage : L’âge d’or du Ciné­ma Soviétique.

La pre­mière séance se tien­dra le
Same­di 18 Octobre 2014 à 11h00 (jus­qu’à 13h30)
au Ciné­ma NOVA
3, rue d’Arenberg
1000 Bruxelles

La pro­chaine séance aura lieu le 06 décembre.

Intro­duc­tion par Thier­ry Odeyn de la séance du 18 octobre.

« Telle que nous la conce­vons, l’œuvre d’art est avant tout un trac­teur qui laboure à fond le psy­chisme du spec­ta­teur, dans une orien­ta­tion de classe donnée. Les pro­duc­tions des KINOKS ne possèdent pas une sem­blable propriété ni une sem­blable orien­ta­tion, et je pense que cela est la conséquence de cette belle trou­vaille — pas trop en har­mo­nie avec l’époque ou nous vivons — de leurs auteurs : nier l’art au lieu d’en com­prendre, sinon l’essence matérialiste, du moins ce qui en est la vali­dité, tou­jours matérialiste, sur le plan utilitaire »
(S.M.EISENTEIN)

En 1924, le Conseil des Com­mis­saires du Peuple concrétise le pro­jet d’unification de l’industrie cinématographique en fon­dant le SOVKINO. Il donne à cet orga­nisme d’Etat les moyens matériels et finan­ciers nécessaires pour coor­don­ner et pla­ni­fier la pro­duc­tion. En à peine deux ans, cette mesure va faire du cinéma soviétique nais­sant un des plus nova­teurs de la scène inter­na­tio­nale. Les pre­miers films pro­duits sont tournés par des cinéastes qui n’ont pas trente ans.

Lorsque KOULECHOV réalise « Les aven­tures extra­or­di­naires de Mis­ter West au pays des Bol­che­viks », il a 25 ans. Ver­tov en a 28 quand il monte « Kino­glaz » et EINSENSTEIN, 26 lorsque sort « La Grève » qui crée un événement énorme dans la cinématographie soviétique.

« Nous avons porté sur l’écran l’action de brasse col­lec­tive en contraste avec l’individualisme et le « tri­angle » du cinéma bour­geois. Rom­pant avec la concep­tion indi­vi­dua­liste du héros, nos films de cette époque sont tombés dans une déviation en insis­tant sur la masse prise comme héros. Aucun écran n’avait encore réfléchi l’image d’une action col­lec­tive. Enfin la concep­tion de la « col­lec­ti­vité » était visualisée »
(S.M. EISENSTEIN 1934)

«…Les écrans de l’Union soviétique n’ont jamais vu de films plus impor­tants, ni par sa signi­fi­ca­tion idéologique, ni par ses qualités for­melles… » (Kino-Gazetz, mars 1925)

VERTOV évoque des « emprunts » « Les groupes oppor­tu­nistes calquent nos procédés et les transfèrent dans le drame artis­tique (…) Désormais, il suf­fit qu’un film dit « artis­tique » — film joué, film d’acteurs — emprunte un seul procédé extérieur du CINE-ŒIL pour qu’il fasse aus­si du bruit – La Grève — dans ce domaine du cinéma » (VERTOV)

EISENSTEIN contre attaque avec viru­lence dans la revue La Lef. « La Grève ne développe pas les méthodes de la KINOPRAVDA et ce n’est pas une ten­ta­tive de greffe de cer­taines méthodes de construc­tion de la KINOPRAVDA dans le cinéma d’art (…) On peut trou­ver, dans la forme extérieure, une cer­taine res­sem­blance dans sa par­tie la plus essen­tielle par contre – dans la méthode for­melle de construc­tion – La Grève s’avère être l’exact opposé du Kino­glaz. Dire avant tout que la Grève ne prétend pas sor­tir de l’art et que là est sa force (…) A tra­vers le mon­tage, opéré sans cal­cu­ler les effets, de frag­ments de vie authen­tique, VERTOV a tissé la trame d’un tableau poin­tilliste. (…) Ver­tov prend du monde qui l’entoure ce qui l’impressionne, lui, et non ce par quoi, en impres­sion­nant le spec­ta­teur, il laboure à fond son psy­chisme (…) Au contraire, La Grève arrache des frag­ments du milieu ambiant, selon un cal­cul conscient et volon­taire préconçu pour conquérir le spec­ta­teur après avoir déchaîné sur lui ces argu­ments en une confron­ta­tion appropriée, en l’associant de manière appropriée au motif idéal final(…) La finale de La Grève pro­pose un mon­tage libre d’attractions arbi­trai­re­ment choi­sies, indépendantes de l’action pro­pre­ment dite, le tout concou­rant à établir un effet thématique final. (…) Le Kino­glaz n’est pas seule­ment le sym­bole d’une vision, mais aus­si d’une contem­pla­tion. Mais nous ne devons pas contem­pler, mais agir. Il ne nous faut pas un CINE- ŒIL mais un CINE-POING. Le cinéma soviétique doit fendre des crânes »

Seront projetés des extraits de « Le Jour­nal de Glou­mov » 1923 S.M. EISENSTEIN – « La Grève » 1924 S.M. EISENSTEIN — « Nanook of the North » 1922 R. FLAHERTY – « Kino Glaz 1924 D. VERTOV.