Manifestation en solidarité avec les prisonniers politiques Mapuches en grève de la faim

10.01 2013 /
17h rue Des Aduatiques 106 à 1040 Bruxelles, Belgique. Métro Montgomery

Mani­fes­ta­tion en soli­da­ri­té avec les pri­son­niers poli­tiques Mapuches en grève de la faim

jeu­di 10 jan­vier 2013

17h rue Des Adua­tiques 106 à 1040 Bruxelles, Bel­gique. Métro Montgomery

Lors de la mani­fes­ta­tion sera remise à l’am­bas­sa­deur ; la décla­ra­tion sui­vante qui pro­pose une solu­tion poli­tique à la grève de la faim qui a débu­té le 14 Novembre 2012.

Orga­nise : Comabe, avec le sou­tien du Colec­ti­vo Rodri­guis­ta, Arlac, Cen­tro Cultu­ral Chile, Colec­ti­vo Zudaka.

APPEL À UNE INITIATIVE HUMANITAIRE POUR CONTRIBUER À LA FIN DE LA GRÈVE DE LA FAIM D’HECTOR LLAITUL ET DE RAMÓN LLANQUILEO

La grève de la faim est un ultime recours pour celui qui voit le dia­logue rai­son­nable ren­du impossible.

C’est la situa­tion dans laquelle se trouvent actuel­le­ment les diri­geants de la Coor­di­na­do­ra Arau­co Mal­le­co (CAM), Héc­tor Llai­tul et Ramón Llan­qui­leo qui, depuis le 14 novembre 2012, se sont enga­gés à obte­nir le réexa­men de leur situa­tion juri­dique à la suite d’une sen­tence pour ten­ta­tive d’homicide.

La révi­sion de cette déci­sion par la Cour Suprême a abou­ti à la recon­nais­sance de divers fac­teurs, entraî­nant la réduc­tion des peines, mais nous pen­sons que cela ne touche pas à l’essence même de la demande que les gré­vistes ont adres­sée à l’Etat chi­lien et à la socié­té chi­lienne, au prix de leur san­té, voire de leur vie.

Cette reven­di­ca­tion est fon­dée sur la néces­si­té urgente que le Chi­li recon­naisse un fait plei­ne­ment docu­men­té et que Jorge Pin­to Rodri­guez, récent Prix Natio­nal d’Histoire, a très clai­re­ment expri­mé dans une inter­view don­née à El Mer­cu­rio, le 2 sep­tembre 2012, où il affir­mait en se réfé­rant à la CAM : « Je consi­dère que leurs reven­di­ca­tions sont légi­times car elles s’inspirent de cette longue his­toire d’abus, de vio­lences et d’expropriations de terres qui ont tel­le­ment appau­vri les Mapuche ».

Le « pro­blème Mapuche » n’est donc pas un thème sim­ple­ment poli­cier ou juri­dique, c’est un thème poli­tique qui implique de recon­naître que les Mapuche sont enga­gés dans une cause fon­dée sur l’occupation abu­sive par le Chi­li de leur ter­ri­toire, au sud du Bio-Bio, occu­pa­tion que le Chi­li n’est pas, jusqu’à main­te­nant, dis­po­sé à recon­naître ou à réparer.

Ceci implique que ni Llai­tul ni Llan­qui­leo puissent être trai­tés comme des délin­quants et encore moins comme des ter­ro­ristes ; les main­te­nir dans cette condi­tion rend chaque jour plus dif­fi­cile de mener à bien le dia­logue en attente entre la Nation chi­lienne et le peuple Mapuche. C’est pour­quoi nous pro­po­sons au pays un che­min de paix et de jus­tice avec les recom­man­da­tions suivantes :

1.- La liber­té immé­diate et incon­di­tion­nelle d’Héctor Llai­tul et de Ramón Llan­qui­leo afin de mettre fin à leur grève de la faim.

2.- La créa­tion d’une ins­tance de dia­logue entre l’Etat chi­lien et les repré­sen­tants légi­times du peuple Mapuche.

3.- La défi­ni­tion d’un agen­da com­mun qui puisse débou­cher sur un accord qui tienne compte de l’autodétermination et des formes de repré­sen­ta­tion et d’autonomie gou­ver­ne­men­tale du peuple Mapuche.

4.- La récu­pé­ra­tion par les com­mu­nau­tés des ter­ri­toires Mapuche qui, dans leur grande majo­ri­té, se trouvent entre les mains des entre­prises fores­tières, et la recon­nais­sance du Trai­té de Tapi­hue de 1825, en vigueur mais non res­pec­té par l’Etat chi­lien, en appli­quant le prin­cipe de

“pac­ta sunt ser­van­da”, ce qui veut dire que les trai­tés doivent être res­pec­tés, comme l’a fait le Chi­li pour tout conflit international.

5.- La pro­mul­ga­tion urgente d’une loi d’amnistie géné­rale des pri­son­niers, pour ce conflit ter­ri­to­rial et, dans l’immédiat, la mise en place d’un pro­cès équi­table dans les affaires judi­ciaires, la fin de l’actuelle pri­son pré­ven­tive pro­lon­gée et illé­gale et l’accès réel à la défense et à la jus­tice pour tous les membres des peuples ori­gi­naires déte­nus et incul­pés pour la défense de leurs terres.

6.- Le plein res­pect de la Conven­tion 169 de l’OIT, signée et rati­fiée par le Chi­li, afin que les peuples ori­gi­naires soient effec­ti­ve­ment consul­tés sur les poli­tiques, pro­grammes sociaux et d’investissement les concernant.

7.- La pro­tec­tion de l’intégrité phy­sique et psy­chique de l’enfance mapuche et l’application de tous les enga­ge­ments pris par l’Etat chi­lien, devant la scène inter­na­tio­nale, en matière des Droits de l’Homme.

Il nous semble que toute ten­ta­tive de dia­logue d’un orga­nisme de l’Etat ou d’une ins­tance gou­ver­ne­men­tale, si bien inten­tion­née soit-elle, n’aboutira pas si elle ne tient pas compte de ces points et ne prend pas en charge la demande prin­ci­pale du mou­ve­ment et la répa­ra­tion du pré­ju­dice cau­sé par la cri­mi­na­li­sa­tion de ces revendications.

Tôt ou tard le pays et le gou­ver­ne­ment en place devront avoir le cou­rage de mar­cher dans cette direction.

San­tia­go, 27 décembre 2012, à 44 jours du début de la grève de la faim

Signa­taires du pré­sent appel :

► Jorge Pin­to Rodrí­guez, Prix natio­nal d’Histoire, 2012.

► Luis Álva­rez Figue­roa, Pas­teur Pré­sident de l’Eglise évan­gé­lique luthé­rienne au Chili.

► José Balmes Parrón, Prix natio­nal d’Art, 1998.

► Juan Pablo Cár­de­nas Squel­la, Prix natio­nal de Jour­na­lisme, 2005.

► Raúl De la Puente Peña, Pro­fes­seur d’Etat, Pré­sident Nacio­nal de l’ANEF.

► Vivia­na Díaz Caro, Prix natio­nal des Droits de l’Homme.

► Andrés Fiel­baum, Pré­sident de la Fédé­ra­tion des Etu­diants de l’Université
du Chi­li, FECH.

► Ser­gio Grez Toso, His­to­rien et Pro­fes­seur de l’Université du Chili.

► Juan Guzmán Tapia, Juriste, ancien Pro­cu­reur de la République.

► Enrique Paris Man­cil­la, Pré­sident de l’Ordre des Méde­cins du Chili.

► Arman­do Uribe Arce, Diplo­mate, Prix natio­nal de Lit­té­ra­ture, 2004.

► Die­go Vela Grau, Diri­geant de la Fédé­ra­tion des Etu­diants de l’Université Catho­lique, FEUC.

► Pas­to­rale Mapuche.

► Com­mis­sion Ethique Contre la Torture.