La première audience publique qui devra traiter du meurtre d’Etat de la petite Mawda aura lieu le jeudi 6 aout au tribunal de Mons. C’est un moment important dans la lutte pour la vérité et la justice. Nous nous devons d’être présents nombreux. Les luttes contre les violences et les meurtres policiers ici en Belgique, comme ailleurs en occident, dans le sillage de Black Lives Matter ont révélé le rôle de la justice dans la construction de l’impunité policière. Chaque meurtre policier est ainsi converti en « homicide par légitime défense » et les victimes se trouvent systématiquement accusées de « rébellion » tandis que la police déclare toujours son usage de la violence comme proportionnée.
Encore le 19 juillet dernier, Akram, un jeune algérien résidant en Belgique est décédé après une interpellation policière, suite à un placage ventral, un policier s’agenouillant sur lui pendant une dizaine de minutes. Des pièces à conviction ont disparue et des témoins ont été intimidés alors que le corps d’Akram présentait des marques de coups.
L’usage du plaquage ventral peut mener au décès de la personne immobilisée par asphyxie si la position est prolongée ou si d’autres facteurs de risques sont conjugués. Cette technique policière est dangereuse et interdite dans certains pays, cette technique se trouve également au cœur des enquêtes sur la mort d’Adama Traoré et de celle d’un livreur parisien, Cédric Chouviat.
Ces histoires en rappellent bien d’autres. La manifestation contre la négrophobie et les violences policières qui a réuni plus de 15.000 personnes le 7 juin dernier à Bruxelles a marqué un point de rupture sur ces questions. Le policier qui a armé, visé, tiré et tué la petite Mawda a commis un acte volontaire. Certes son intention n’était pas de tuer mais en tirant sur une cible en mouvement, il savait qu’il prenait un grand risque, c’est précisément la définition du « meurtre par dol éventuel ».
Cependant, la main qui arma et pressa sur la détente n’a pas acheté la balle. Cette balle a été fondue dans le creuset des opérations Médusa, dans les politiques européennes de traques des migrants, cette mort a été décidée par les différents gouvernement belges et européens qui ont construit le cadre de Dublin, qui ont organisé la guerre aux migrants via Frontex aux frontières extérieurs de l’Europe – on a encore en mémoire les gardes côtés grecs tirant sur des migrants syriens, afghans et iraniens au nom de notre sécurité d’Européen – et à l’intérieur, dans les Alpes, aux frontières, sur les routes, les voie ferrées, dans les ports, etc.
Nous refusons que la qualification d’« homicide involontaire » serve à délivrer un permis de tuer des migrants, nous refusons de considérer que le meurtre d’un enfant de moins de deux ans par la police belge soit réduit à un « défaut de prévoyance », nous refusons que le présumé conducteur se retrouve inculpé de co-auteur pour blanchir le policier qui a tué Mawda, nous refusons que ce policier soit jugé comme le seul et unique responsable. Depuis la mort de la petite Mawda, Pieter De Crem a encore renforcé les opérations Médusa et indique aujourd’hui clairement qu’il couvre les violences policières au plus haut niveau de l’Etat.
Le contrôle d’identité comme les opérations de traque aux migrants constituent bien le péché originel du racisme structurel de la police. Plus que jamais il nous faut user de notre droit citoyen d’assister aux audiences publiques pour faire entendre une colère profonde face à l’impunité, il nous faut occuper la justice pour défaire ce nouage criminel qui y blanchi les meurtres policiers. Soyons nombreux à répondre à l’appel du Comité Mawda – Vérité et Justice ainsi que du groupe Montois de soutien aux sans-papiers et retrouvons-nous le jeudi 6 aout devant le tribunal de Mons.