Mawda, meurtre d’Etat : première audience publique (tribunal de Mons)

06.08 2020 / 09h30 - 14h
Tribunal de Mons - Rue De Nimy 28 - 7000 Mons

La pre­mière audience publique qui devra trai­ter du meurtre d’Etat de la petite Maw­da aura lieu le jeu­di 6 aout au tri­bu­nal de Mons. C’est un moment impor­tant dans la lutte pour la véri­té et la jus­tice. Nous nous devons d’être pré­sents nom­breux. Les luttes contre les vio­lences et les meurtres poli­ciers ici en Bel­gique, comme ailleurs en occi­dent, dans le sillage de Black Lives Mat­ter ont révé­lé le rôle de la jus­tice dans la construc­tion de l’impunité poli­cière. Chaque meurtre poli­cier est ain­si conver­ti en « homi­cide par légi­time défense » et les vic­times se trouvent sys­té­ma­ti­que­ment accu­sées de « rébel­lion » tan­dis que la police déclare tou­jours son usage de la vio­lence comme proportionnée. 

Encore le 19 juillet der­nier, Akram, un jeune algé­rien rési­dant en Bel­gique est décé­dé après une inter­pel­la­tion poli­cière, suite à un pla­cage ven­tral, un poli­cier s’agenouillant sur lui pen­dant une dizaine de minutes. Des pièces à convic­tion ont dis­pa­rue et des témoins ont été inti­mi­dés alors que le corps d’Akram pré­sen­tait des marques de coups. 

L’usage du pla­quage ven­tral peut mener au décès de la per­sonne immo­bi­li­sée par asphyxie si la posi­tion est pro­lon­gée ou si d’autres fac­teurs de risques sont conju­gués. Cette tech­nique poli­cière est dan­ge­reuse et inter­dite dans cer­tains pays, cette tech­nique se trouve éga­le­ment au cœur des enquêtes sur la mort d’A­da­ma Trao­ré et de celle d’un livreur pari­sien, Cédric Chouviat. 

Ces his­toires en rap­pellent bien d’autres. La mani­fes­ta­tion contre la négro­pho­bie et les vio­lences poli­cières qui a réuni plus de 15.000 per­sonnes le 7 juin der­nier à Bruxelles a mar­qué un point de rup­ture sur ces ques­tions. Le poli­cier qui a armé, visé, tiré et tué la petite Maw­da a com­mis un acte volon­taire. Certes son inten­tion n’était pas de tuer mais en tirant sur une cible en mou­ve­ment, il savait qu’il pre­nait un grand risque, c’est pré­ci­sé­ment la défi­ni­tion du « meurtre par dol éventuel ». 

Cepen­dant, la main qui arma et pres­sa sur la détente n’a pas ache­té la balle. Cette balle a été fon­due dans le creu­set des opé­ra­tions Médu­sa, dans les poli­tiques euro­péennes de traques des migrants, cette mort a été déci­dée par les dif­fé­rents gou­ver­ne­ment belges et euro­péens qui ont construit le cadre de Dublin, qui ont orga­ni­sé la guerre aux migrants via Fron­tex aux fron­tières exté­rieurs de l’Europe – on a encore en mémoire les gardes côtés grecs tirant sur des migrants syriens, afghans et ira­niens au nom de notre sécu­ri­té d’Européen – et à l’intérieur, dans les Alpes, aux fron­tières, sur les routes, les voie fer­rées, dans les ports, etc. 

Nous refu­sons que la qua­li­fi­ca­tion d’« homi­cide invo­lon­taire » serve à déli­vrer un per­mis de tuer des migrants, nous refu­sons de consi­dé­rer que le meurtre d’un enfant de moins de deux ans par la police belge soit réduit à un « défaut de pré­voyance », nous refu­sons que le pré­su­mé conduc­teur se retrouve incul­pé de co-auteur pour blan­chir le poli­cier qui a tué Maw­da, nous refu­sons que ce poli­cier soit jugé comme le seul et unique res­pon­sable. Depuis la mort de la petite Maw­da, Pie­ter De Crem a encore ren­for­cé les opé­ra­tions Médu­sa et indique aujourd’hui clai­re­ment qu’il couvre les vio­lences poli­cières au plus haut niveau de l’Etat.

Le contrôle d’identité comme les opé­ra­tions de traque aux migrants consti­tuent bien le péché ori­gi­nel du racisme struc­tu­rel de la police. Plus que jamais il nous faut user de notre droit citoyen d’assister aux audiences publiques pour faire entendre une colère pro­fonde face à l’impunité, il nous faut occu­per la jus­tice pour défaire ce nouage cri­mi­nel qui y blan­chi les meurtres poli­ciers. Soyons nom­breux à répondre à l’appel du Comi­té Maw­da – Véri­té et Jus­tice ain­si que du groupe Mon­tois de sou­tien aux sans-papiers et retrou­vons-nous le jeu­di 6 aout devant le tri­bu­nal de Mons.

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