Mawda, meurtre d’Etat : prononcé du jugement à Mons

12.02 2021 / 12h
Palais de Justice - Rue de Nimy 28, 7000 Mons

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Une séquence impor­tante dans l’affaire Maw­da va se clô­tu­rer ce ven­dre­di 12 février 2021, avec le pro­non­cé du juge­ment qui devrait éta­blir les dif­fé­rentes res­pon­sa­bi­li­tés dans l’assassinat de la petite Mawda.

Au cours des dif­fé­rentes jour­nées d’audiences, nous avons assis­té à un pro­cès écla­té entre Liège (volet « tra­fic des êtres humains ») et Mons (volet « inci­dent de tir »), ce qui a per­mis de diluer les res­pon­sa­bi­li­tés. On a volon­tai­re­ment reti­ré la pre­mière par­tie du livre (cf. Michel Bouf­fioux), à savoir cette opé­ra­tion de fila­ture trans­fron­ta­lière menée par les par­quets de Gand et de Dun­kerque qui a été bru­ta­le­ment per­cu­tée par l’opération de chasse aux migrants (Medu­sa) menée par la police des auto­routes de Namur puis de Mons au cours de laquelle un poli­cier a tiré et tué Maw­da. Depuis les pre­miers jours de l’instruction, le par­quet de Mons puis la juge d’instruction n’ont incul­pé que des acteurs subal­ternes sans jamais pour­suivre les dif­fé­rentes coa­li­tions de fonc­tion­naires, fausses ver­sions de faits, entraves à la jus­tice, ten­ta­tives d’influence de témoins, etc. Les prin­ci­paux res­pon­sables de cette affaire n’ont tout sim­ple­ment pas été pour­sui­vis ; de faux-cou­pables (boucs émis­saires tout trou­vés) ont été incul­pés et empri­son­nés à tort en tant que co-auteurs.

Les avo­cats des kurdes ira­kiens pour­sui­vis comme pré­su­més « pas­seurs » ont clai­re­ment mon­tré qu’il n’existait pas de charges suf­fi­santes per­met­tant de les incul­per, ni en tant que « tra­fi­quants d’êtres humains », ni en tant qu’auteurs du meurtre de Maw­da. Il a aus­si été éta­bli que la charge de « meurtre par dol éven­tuel » rete­nue par les par­ties civiles contre le poli­cier suf­fit à incul­per le poli­cier qui a tué Maw­da ; et ce, même si un pro­cès en assises aurait per­mis l’audition du co-équi­pier du poli­cier qui aurait per­mis d’instruire d’avantage le carac­tère volon­taire de la mise à feu.

Nous serons pré­sents ven­dre­di 12 février pro­chain pour suivre avec atten­tion les moti­va­tions du juge­ment et ses consé­quences pré­vi­sibles sur la poli­tique de traque aux migrants et de cri­mi­na­li­sa­tion des pas­sages. Ce sera aus­si l’occasion d’insister sur les res­pon­sa­bi­li­tés poli­tiques (absentes durant le pro­cès) des dif­fé­rents ministres de l’intérieur et gou­ver­ne­ments qui ont mis en place, conduit et ren­for­cé ces opé­ra­tions de chasse aux migrants, comme celles des ins­ti­ga­teurs des opé­ra­tions de déman­tè­le­ment de « filières » menées par les par­quets de Gand et de Dun­kerque (et dans les­quels trop de migrants trouvent la mort), tout comme la res­pon­sa­bi­li­té des actions du par­quet de Mons dans cette affaire. Tant le minis­tère public que les avo­cats des par­ties civiles, du poli­cier et des kurdes ira­kiens n’ont ces­sé tout au long des audiences, tant à Mons qu’à Liège, de poin­ter ces dif­fé­rentes res­pon­sa­bi­li­tés comme ayant à la fois cau­sé ce drame et ayant été ren­dues absentes dans le pro­cès. Désor­mais, la mise en place d’une com­mis­sion d’enquête par­le­men­taire en vue d’instruire ces dif­fé­rentes res­pon­sa­bi­li­tés est deve­nue une nécessité.

Nous appe­lons les citoyen-ne‑s inter­pel­lé-e‑s par les consé­quences cri­mi­nelles des poli­tiques de chasse aux migrants menées par nos gou­ver­ne­ments à nous rejoindre, ven­dre­di 12 février, devant les marches du palais de Jus­tice de Mons (rue de Nimy), dans les res­pects des mesures sani­taires en vigueur.

- Groupe Mon­tois de Sou­tien aux Sans-Papiers
 — Comi­té Maw­da — Jus­tice et Vérité